Chronique « Hadrian’s Wall, tome 1 – Meurtre en apesanteur »
Scénario de Kyle Higgins, dessin de Alec Siegel, couleurs de Rod Reis
Public conseillé : Adultes / Adolescents,
Style : Thriller-Policier / Science-fiction,
Paru aux éditions Glénat Comics, le 19 octobre 2016, 16.95 euros,
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Cette critique est publiée dans le cadre d’un partenariat entre la Yozone et notre site Un Amour de BD. Elle a été réalisée par Fabrice Leduc.
L’histoire
2085, il pleut des cordes sur Seattle.
Depuis quelques temps, la tension monte entre la Terre et la colonie Theta. C’est dans ce climat de Guerre Froide que le détective Simon Moore est envoyé à bord de l’Hadrian’s Wall, un vaisseau chargé d’explorer l’espace pour y répertorier les ressources exploitables. Un homme y est mort, Edward Madigan, lors d’une sortie extra-véhiculaire, sans doute à cause d’une faille d’étanchéité dans sa combinaison spatiale. Marshall l’a embauché pour le compte de la société Antarès, espérant qu’il fasse une enquête de routine permettant de classer le dossier afin que l’Hadrian’s Wall reprenne sa mission. Mais s’il accuse un sérieux passif avec le décédé, qu’il n’est pas ravi de retrouver son ex-femme à bord et qu’il est complètement accro à ses médocs, Simon Moore est un excellent détective.
Il va vite comprendre qu’il fait face à un meurtre et qu’il a huit dossiers devant lui dont un est celui d’un assassin. Pourquoi, comment ? L’enquête devient vite un enfer quand on lui vole ses médicaments, face à l’animosité d’Anabelle, son ex et, surtout, quand son lourd passif avec Madigan est révélé à tous… mais là surprises !!!
Ce que j’en pense
Co-scénarisée par Kyle Higgins et Alec Siegel, auteurs de la série à succès C.O.W.L., « Hadrian’s Wall » joue du thriller psychologique, s’installant avec force dans une enquête tordue qui implique des personnages qui ont de lourds passifs qui viennent polluer leurs relations. Dans une ambiance à la Blade Runner, les pions avancent avec prudence sur un échiquier miné par avance. Qui a tué ? Qui intrigue ? Qui manipule ? L’enquête dans un huis-clos étouffant est passionnante, zigzage entre les révélations présentes et passées.
Le dessin de Rod Reis exprime cet oppressant terrain d’action qu’est le vaisseau, espace fermé et restreint dans l’immensité de l’espace. Il insiste sur les personnages, les cadrages serrés sur les visages. Nous sommes souvent dans des scènes d’interrogatoires, écouter, dévisager, lire le langage corporel. Tout cela, il le réalise à la perfection, nous plongeant avec ses couleurs sombres, glauques, dans les ambiances d’un vaisseau à l’espace réduit, on pourrait s’imaginer dans les lumières blafardes d’un sous-marin.
Le dessin numérique m’a paru froid, sec, au premier abord, puis il prend toute sa dimension dès qu’on entre dans l’ombre des personnages, des coursives de l’Hadrian’s Wall, de l’intensité mise dans l’expression des visages avec cette mise en couleur comme outil de la narration. Superbe travail.
Et nos trois auteurs alors virent à 180°, et nous larguent au bout d’une longue enquête vers une porte ouverte sur l’espace intersidéral et une surprise qui nécessite que vite, oui très vite, le second tome arrive. “Hadrian’s Wall” est un très bon thriller qui a décidé d’entrer en collision avec la science-fiction. Une excellente idée dont on découvrira la suite avec la fin de cette enquête dans le tome 2 annoncé en 2017. Mais quelque chose me dit que ce titre reviendra pour d’autres scènes de crimes…
Critique réalisée par Fabrice Leduc pour le site d’Imaginaire la Yozone.