Sweet tooth, des BD de Jeff Lemire

Par Krolfranca

Sweet tooth

Scénario et dessins de Jeff Lemire

Couleurs de José Villarrubia

Edité par Urban Comics

Collection Vertigo

De décembre 2015 à décembre 2016

Quelle série ! Repérée sur le blog de Mo (Bar à BD), je l’ai achetée, les yeux fermés. Et j’aurais eu tort de ne pas le faire. Trois gros volumes avalés en deux jours.

Série post-apocalyptique. La maladie a ravagé la Terre et les enfants nés après le début de cette pandémie sont des hybrides. La race humaine disparaît peu à peu pour laisser la place à des êtres mi-humains, mi-animaux. Inévitablement, les hommes (par qui tout est arrivé) dévoilent ce qu’ils ont de plus terrible en eux, leur cruauté n’a d’égale que leur bêtise (même si leur peur de disparaître explique leur comportement). On suit deux personnages principaux : Jepperd, un homme mystérieux qui n’hésite pas à tuer, et Gus le jeune hybride, innocent, dont le père vient de mourir. Au fur et à mesure d’autres personnages les rejoignent, les aident ou au contraire les combattent. Des personnages secondaires souvent aussi attachants que les principaux et qui prennent de plus en plus de densité au fil des épisodes.

Dès le premier gros volume, on est ferré. Cette histoire de gamin mi-humain, mi-animal, est tout à fait fascinante. On veut savoir ce qui est à l’origine de l’épidémie, mais surtout on veut savoir qui est qui. Cet homme est-il mauvais ? Ou derrière sa carapace de gros dur, y a-t-il un être au cœur tendre ? Cet autre homme a l’air sympathique mais que cache-t-il réellement ?

Le lecteur est sacrément malmené dans ce premier ouvrage, on pense que tel personnage est plutôt amical et on se rend compte quelques épisodes plus tard qu’il n’en est rien et inversement, celui qui parait faire partie des bons gros méchants ne l’est pas tant que ça. L’auteur nous retourne comme des crêpes. Et on aime ça !

Le dessin est extraordinaire, les visages des personnages sont particulièrement réussis et expressifs. Et les scènes les plus violentes, avec le sang qui gicle, les os qui se rompent, les balles qui transpercent, sont criantes de réalisme. Âmes sensibles s’abstenir !

Le dessin est différent dans les flash-back. Les couleurs plus pâles. Les visages moins marqués. Comme dans les souvenirs.

Série qui aborde des thèmes aussi divers que l’amitié qui lie deux êtres aussi différents soient-ils, l’influence qu’ils exercent l’un sur l’autre, et puis bien sûr, le mal que l’homme peut faire à la nature, et donc à lui-même, les scientifiques qui se prennent pour des dieux et qui expérimentent sans penser aux éventuelles conséquences…

Et cerise sur le gâteau : ces gros volumes contiennent aussi une interview  de Jeff Lemire, des dessins, des croquis, des ébauches. C’est un véritable joyau.