La seconde partie se veut plus légère puisqu’elle aborde justement cette difficulté, pudiquement nommée latence, de la Bande dessinée à aborder ce thème de la Shoah. il nous faut rappeler que la souris de Spigelman n’est publiée, en deux volumes, qu’en 1986 et 1991. Et même si la transfiguration animalière dans « La Bête est morte ! » est plus que claire avec des Allemands en loups, des Français devenus des lapins, des Belges des lionceaux, sic, des Anglais des dogues, des Américains des bisons et des Russes des ours sans même parler des kangourous australiens ; finalement, il faudra attendre 1952 pour voir évoquer clairement la Shoah dans la BD franco-belge de manière claire. Le plus étonnant, qui est d’ailleurs repris dans cette seconde partie : « Pourquoi les super-héros n’ont-ils pas libéré Auschwitz ? » entraînera le visiteur vers des réflexions uchroniques et des découvertes étonnantes pour les moins initiés à l’univers des super-héros.
Enfin, la transmission de cette mémoire, de ce devoir de mémoire, clôture une exposition ambitieuse et complète, qui s’ouvre vers d’autres visions génocidaires en bande dessinée à voir jusqu’au 31 Octobre au premier étage et en entrée libre de cet endroit étonnant où le Mémorial de la Shoah s’empare avec brio du sujet, s’interroge sur les tenants et les aboutissants de cet art populaire dans toute sa diversité, des comics à la bande dessinée franco-belge, des romans graphiques aux mangas en passant par la presse satyrique.
Une exposition capsule – prévue pour être mobile – qui plus est, qui mérite bien de sortir de ses murs pour éveiller les consciences car « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre » / que ce soit de Churchill ou de Marx.
Nous vous invitons à regarder l’interview filmée et la visite guidée de Didier Pasamonik, co-commissaire de l’exposition Shoah et Bande dessinée au Mémorial de la Shoah, par nos confrères de Cases d’Histoire.
Lien vers le Musée Mémorial de La Shoah.
Jean-Claude Attali