L’aviateur (T2)

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « L’Aviateur, tome 2 »

Scénario de Jean-Charles Kraehn, dessin de Chrys Millien,

Public conseillé : adultes / adolescents,

Style : Aventure,
Paru aux éditions Dargaud, le 10 février 2017, 13.99 euros,
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L’Histoire

1920, le jeune Josef est revenu désargenté avec son frère Mose et sa mère, de sa terre d’Afrique, où il a connu ses premiers émois et son premier envol en avion. Plus décidé que jamais à devenir aviateur, il s’est fait embauché par les entreprises “Caudron frères”, à Issy-les-moulineaux. Mais la société prospère en temps de guerre, est contrainte à fabriquer des charrettes…
En sortant de l’usine, il découvre que Mose a de nouvelles fréquentations, un “Apache” des faubourg.
A force de trainer au bords des pistes, Josef, lui, s’est lié avec Oscar, un mécano, qui répare l’aéroplane d’un compte, qui doit passer son brevet de pilotage… Pour Josef, c’est un rêve inaccessible qui demande beaucoup de moyens…

Ce que j’en pense

Pour ceux et celles qui ont raté le premier épisode, Jean-Charles Kraehn, l’auteur de la très belle série maritime “Tramp”, nous raconte la jeunesse mouvementée d’un de ses personnages secondaires, l’aviateur Josef, surnommé “Tanguy-la-Vie-Dure”.
Après un premier épisode africain et initiatique (en désirs de tous genres), ce second volume change totalement de registre. La famille désargentée a mis le cap sur la banlieue parisienne (Issy-les-Moulineau) et les deux frères se sont immédiatement mis au travail dans l’usine Caudron. Pour Josef, le rêve de devenir aviateur s’éloigne de plus en plus… à moins qu’il ne s’en donne les moyens…

De nouveau sur un mode initiatique, Jean-Charles Kraehn construit un récit en opposition. Entre Josef, le sérieux petit gars, et Mose, le frère tenté par des moyens radicaux et rapides, qui prendra les bonnes décisions ?

Toujours aussi documenté, le récit de pure fiction se nourrit de références historiques et techniques, qui donnent la part belle à l’aviation vers 1920. Beaux zingues volants, mécaniques et personnages, les références sont nombreuses et ancrent le récit dans la réalité. Pour autant, Jean-Charles ne se perd pas dans un technicité trop lourde. C’est avant tout les trajectoires aventureuses des deux frères qu’il explore avec attention et sensibilité.

A côté des hommes, il y a le fond. C’est un “Paris Belle époque” pleine de voyous, que Kraehn construit avec beaucoup d’attention. “Apaches des faubourg”, voleurs, proxénètes, vendeurs de drogues, les deux frères évoluent dans un milieu dangereux, qui m’a fait penser aux “Brigades du tigre”.

Au dessin, c’est Chrys Millien (dessinateur de “Poker Face”, de “Dumarest, l’Aventurier des étoiles”...), qui reprend en solo ce second épisode, après avoir participé au premier. Il nous offre un dessin classique et réaliste. Avec des visages à peine caricaturaux (surtout les gueules des méchants), il fait évoluer son petit monde dans un décors précis et détaillé. Les plans cinématographiques s’enchaînent avec rigueur et lisibilité.
Même si je ne retrouve pas l’élégance quasi-poétique de Jusseaume (dessinateur de la série “Tramp”), le travail graphique de Chrys est d’une qualité certaine et séduira les amateurs de dessin classique.