Chronique « Groenland Vertigo »
Scénario et dessin de Tanquerelle, couleurs de Isabelle Merlet,
Public conseillé : adultes / adolescents,
Style : Aventure,
Paru aux éditions Casterman, le 18 janvier 2017, 104 pages couleurs, 19 euros,
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Cette critique est publiée dans le cadre d’un partenariat entre la Yozone et notre site Un Amour de BD. Elle a été réalisée par Fabrice Leduc.
Le principe »
Si vous connaissez les adaptations en bandes dessinées qu’ont réalisées Tanquerelle et Gwen de Bonneval à partir des fameux «Racontars arctiques» (10/18) de Jørn Riel, vous risquez fort d’apprécier ce “Groenland Vertigo”. Personnellement, je me suis régalé. Voilà un de mes premiers petits coups de cœur pour ce début 2017.
L’histoire est née d’une expédition au Groenland à laquelle a participé Hervé Tanquerelle avec des scientifiques et des artistes. Ce qui lui permet de partager l’intimité de Jørn Riel pendant trois semaines, dans les fjords du nord-est, exactement là où a vécu le scientifique dans les années 50. Revenu un peu frustré de ce périple à cause de la barrière de la langue, Tanquerelle ne pensait pas mettre en images son voyage. Mais ses amis Gwen de Bonneval et Brüno vont le décider, trois ans plus tard, lors d’une interview à Bastia, à en faire une fiction. Et c’est en travaillant son scénario que l’auteur se rendra compte qu’il était en train de transformer son voyage en un racontar arctique. Dont je vous redonne la définition par Jørn Riel : « Un racontar, c’est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge à moins que ce ne soit l’inverse. »
Alors naît Georges Benoît-Jean, dessinateur maladroit et angoissé, invité à rejoindre en bateau, le cœur du Parc national du nord-est du Groenland, avec des scientifiques, dont Jørn Freuchen, cet écrivain voyageur dont il adapte les écrits en BD. Un peu frileux et effrayé par le périple, Georges, en panne d’idées pour ses créations, voit là le moyen de nourrir son imaginaire et, qui sait, de devenir « le Paul-Émile Victor de la BD » ! A lui honneurs et réussite !Avec comme but final l’installation in situ d’une œuvre monumentale de l’artiste Ulrich Kloster, l’expédition s’engage sur la route du froid polaire, et de quelques mésaventures cocasses dont Georges sera bien souvent le héros malgré-lui.
Ce que j’en pense
“Groenland Vertigo” est aussi un hommage appuyé à Hergé et, notamment, à “L’Étoile mystérieuse”. Tanquerelle livre un album très réussi graphiquement, avec une galerie de personnages attachants aux forts caractères, des anecdotes parfois croustillantes et un avatar, sorte de candide citadin toujours à côté de la plaque qui le représente avec beaucoup de décalage et d’humour. Le trait se charge quelque peu de cette ligne claire chère au père de Tintin et certains gags font clairement penser au dynamisme des aventures du célèbre reporter.
Cette identité visuelle très marquée Tintin est une des très belles réussites de l’album, qui affiche dès le titre, la couverture, le dessin, les personnages, la mise en couleur, l’humour, cet attachement aux souvenirs d’enfance qu’à laissé l’œuvre d’Hergé sur Tanquerelle. Ensuite, c’est la rencontre avec l’univers des “Racontars arctiques”qui emporte l’adhésion et laisse tout au long de la lecture un sourire de circonstance plutôt que des rires aux éclats.
Ce “Groenland Vertigo” est délicieusement rafraîchissant en des territoires glacés que Tanquerelle réussit à nous faire visiter avec beaucoup de fantaisie.
Critique réalisée par Fabrice Leduc pour le site d’Imaginaire la Yozone.