Néocolonialisme et langue des comboys… par Alain Gagnon

Par Chatquilouche @chatquilouche

Néocolonialisme américain — Après la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis se retrouvaient sans colonies africaines. Ils ont alors soutenu, de toute leur puissance de l’époque, les mouvements anticolonialistes — pressions morales à travers les médias et les conférences internationales qu’animent les milieux intellectuels, académiques. Leur intention réelle : remplacer les impérialismes européens par un néocolonialisme arrimé à des corporations multinationales, et ainsi accaparer une bonne partie des ressources pétrolières du Moyen-Orient et du continent le plus riche en ressources naturelles, l’Afrique. Leurs principaux alliés dans cette partie d’échecs gigantesque furent les « idiots de service », comme les appelait Lénine, les intellos d’Occident qui, au nom de l’éthique, exigeaient que leurs gouvernements nationaux se retirent des colonies africaines et autres.
Les Américains ont réussi partiellement — jusqu’à maintenant…

Une bête à sens… — On dit de l’humain qu’il est « une bête à faire du sens ». Parfois on insinue par là qu’il extrait arbitrairement de la cohérence d’un chaos qui n’en a aucune, qui est soumis aux lois du hasard et de la nécessité. De là un argument contre le Dessein Intelligent qui aurait créé et façonnerait notre univers.
Mais si l’humain était plutôt une « bête à chercher des sens », et à en trouver de réels parfois. Dans le monde et dans l’Être. Des sens de plus en plus épurés à mesure que ses outils intellectuels et techniques progressent. De plus en plus près de cette Vérité absolue que, jusqu’à maintenant, il n’a qu’effleurée.

Noël — Le christianisme m’a un peu appris : je préfère chanter en compagnie d’un adversaire à lui tirer dessus. Mais le christianisme ne m’a pas façonné au point de ne pas riposter si cette même personne m’agresse. J’en suis désolé.
De moi-même, j’entends…

Apprentissage de l’anglais — J’ai appris cette langue d’une bizarre, mais assez efficace façon. Quand j’avais 10 ou 12 ans, comme tous les jeunes, je raffolais des comics américains, surtout ceux qui racontaient les exploits de cowboys émérites. Je m’efforçais de déchiffrer les dialogues en slang inscrits dans les bulles de ces bandes dessinées. Lorsque mon dictionnaire ne suffisait pas à la tâche – ce qui était fréquent –, je demandais l’aide de Claude L, un garçon de mon âge qui était bilingue. Son père avait grandi dans les Prairies. — Gonna, Claude, ça veut dire quoi ? — Ah, c’est le futur. C’est comme ça que les cowboys parlent. — Puis ain’t ? — C’est le négatif de am, is ou are… C’est comme ça que le vrai monde parle.

Dans mes devoirs d’anglais, je mettais en pratique ces compétences transversales… Le bon frère mariste téléphona à mes parents. — Alain a des problèmes en anglais… — Il n’étudie pas ? — Non, non… Il utilise un anglais de rue ! Où a-t-il appris ça ?

Plus tard, en lisant Shakespeare et autres, je réalisai que les cowboys étaient loin d’avoir été les inventeurs de ces contractions et que le bon mariste n’aurait pas aimé la langue du dramaturge.

L’auteur : Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose ont ensuite paru chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale(2003), Jakob, fils de Jakob (2004), Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique(Triptyque, 2005), Les versets du pluriel(Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan,Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux(MBNE) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur. On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com).