Metropolis (T4/4)

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Metropolis, tome 4 »

Scénario de Serge Lehman, dessin de Stephane de Caneva, couleurs de Dimitris Martinos,

Public conseillé : adultes / Grands adolescents (à partir de 16 ans),

Style : Thriller, uchronie,
Paru aux éditions Delcourt, collection Machination, le 18 janvier 2017, 15.95 euros,
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L’Histoire

L’inspecteur Gabriel Faune rend visite à Grete, la femme qu’il a reconnue sur la photo de la soirée d’inauguration de “l’Automate Mental 45”. Cette révélation débloque ses souvenirs d’enfance et lui font comprendre d’où venaient ses images mentales !
Au Mobilier Municipal, Gabriel découvre que l’automate est entreposé dans sa chambre, dans une caisse… Le docteur Freud, qui le rejoint, lui apprend que l’inspecteur Lohman est redevenu “M” ! Exalté, mais lucide, Gabriel se précipite au domicile de Loulou, craignant le pire…

Ce que j’en pense

Décidément, la série “Metropolis” tient toutes ses promesses. Est-ce un monde uchronique particulièrement original et complexe ? Une enquête policière glauque ? Une histoire d’amour ? Un récit d’espionnage et de complots ? Une introspection ? Une réflexion philosophique sur la notion d’humanité et son opposé la mort/les robots ? …Un peu de tout ça en même temps !

Multipliant les axes et les chemins de traverses, Serge Lehman (au scénario) et Stephane de Caneva (au dessin) nous offrent une série inclassable qui se joue des codes du comics et aborde des thèmes d’anticipation très franco-belge.
Récupérant à l’envie les icônes historiques et artistiques de notre début du 20e (Hitler, Loulou, Freud, M, Uxley, Metropolis, Duchamps…), Serge Lehman nous embarque dans une enquête autour d’un attentat et de trois corps découverts dans une crypte enterrée. En parallèle du lieu du crime, c’est une aventure intérieure, un combat avec leurs démons intérieurs que les inspecteurs vont devoir mener !

Dans ce dernier épisode l’enquête touche à sa fin, mais ne semble pas satisfaire Gabriel. Les corps ont été identifiés et le commanditaire de l’attentat découvert. Pourtant, Gabriel considère qu’il reste de grandes zones d’ombres. Quel rôle joue réellement ce peintre nommé Hitler ? Qui est “Wollf” ? qui a appelé le tireur pendant l’attentat ? Toutes les pièces du puzzle ne s’emboîtent pas parfaitement, sans que cela ne dérange ses supérieurs…
Plutôt que de calmer le jeu, la résolution ne fait que rendre ses protagonistes plus nerveux. L’inspecteur Lohman perd les pédales, se prenant pour “M” et Gabriel, lui-même, semble rattrapé par son passé…

Avec cet ultime épisode, Serge Lehman et Stéphane de Caneva nous perdent une dernière fois dans leur récit de “réalité alternée”. Avec Gabriel, moi aussi, j’ai sombré dans un univers mental sombre et multiple, où souvenirs, réalité et fantasmes ne font qu’un. Ou commence l’hallucination ? Où finit l’interprétation psychiatrique ? Le monde entier semble fantastique, onirique…

Au dessin, Stéphane de Caneva exploite son style comics avec bonheur. Un découpage efficace et un encrage présent rendent l’ambiance oppressante. Le format comics compact, les couleurs sobres et sombres, tout participe à nous perdre dans ce récit alternatif et sombre.
Enfin, petite cerise sur le gâteau, Stéphane s’amuse à interpréter ce glissement de la réalité par un jeu graphique osé… A vous de découvrir cela à la fin de l’album, que je recommande chaudement !