Chronique « Starfuckers, tome 1 »
Scénario de Alcante & Gihef, dessin de Dylan Teague, couleurs de V. Daviet,
Public conseillé : Adultes
Style : Polar adulte
Paru aux éditions « Kennes », le 18 janvier 2017, 48 pages couleurs, 14.95 euros,
Share
L’Histoire
Pendant la nuit, la jeune et magnifique Maria Furiala traverse à la nage le Rio Grande avec un ami passeur. Après avoir escaladé le mur, Diego lui fait porter un manteau réfrigéré. Tandis qu’il se fait embarquer par la police des frontières, la “cape d’invisibilité” permet à Maria de disparaître dans la nuit…
Quelques mois plus tard, Maria rêve d’épouser Hugh Gates, l’acteur qu’Hollywood surnomme “Le fiancé de l’Amérique”, mais son quotidien est plus sordide.
Danseuse dans la boite de Striptease “Le Pink Rabbit”, elle se repose après trois Lap dances. Pas longtemps, car le manageur de la boite vient lui demander de faire une danse privée pour le gros Bill. L’homme, gras et défiguré, n’est pas si méchant. Maria se laisse aller aux confidences sur la cuisse du client…
Pas très loin de là, sur un plateau de tournage, Hugh est attendu. Avant la scène, l’acteur se “soulage”… Pour son petit week-end de célibataire, il demande à son homme à tout faire de lui dénicher de la chair fraîche. Mais attention, comme Hugh est fiancé avec une starlette, il faut rester discret… Wong se dirige donc vers le “Pink Rabbit” pour trouver une inconnue…
Un petit éditeur qui monte
Les éditions “Kennes” tirent leurs épingles du jeu avec des albums BD aux univers riches et visuels. Ils m’avaient ému avec le beau Road trip “The long and winding Road” et ont récolté les louanges des pros et du public avec les remarqués “Sorcières“ (Joris Chamblin au scénario) et “Ninn”. Dans un genre très différent, les revoici avec une nouveauté qui va surement réchauffer votre hivers !
Ce que j’en pense
Tout d’abord, ne vous y méprenez pas. La couverture très chaude montre une fille nue se baignant dans une coupe de champagne géante, clin d’oeil à la fameuse et magnifique effeuilleuse Dita von teese, mais “StarFuckers” N’EST PAS UN ALBUM EROTIQUE ! Oui, je sais, il y a peut-être une erreur de casting sur la couv’…
Cet album se rapproche plutôt des films et séries contemporains qui n’hésitent pas à montrer la sexualité frontale, crue, pour ne pas dire trash. J’ai immédiatement pensé à “Showgirl” de Paul Verhoven, auquel il emprunte le contexte et aux séries “Califronication”, “Nip Tuck” ou “Master of sex”. C’est sexy, bling-bling et assez ironique en même temps.
Ne partez pas, petits coquinous, ça ne veut pas dire que la couv’ est une fausse pub. Bien entendu, des corps de filles magnifiques et dénudés sont exposés, mais uniquement pour servir l’histoire et pas juste pour attirer le chaland. Pervers s’abstenir. Open mind, bienvenus !
Côté scénario, “Starfuckers” est un polar/Thriller dans le domaine du Star system et des filles faciles (danseuses nues et prostituées) qui gravitent autour. C’est très désenchanté et glauque, mais assez réaliste pour cette frange de la population nourrie à l’idéal Hollywoodien, mais incapable d’y prendre une part.
Dans cet univers trash, Maria Furia, très belle mexicaine aux formes parfaites se fait choisir par l’homme de l’ombre d’un célèbre acteur aussi célèbre que détraqué ! Le scénario ne brille pas par son originalité, mais avance tranquillement. Pas de surprise, ni de difficultés. Comme c’est un tome 1 (on espère que d’autres enquêtes suivront), Gihef et Alcante prennent leur temps pour exposer personnages et situations. Le conflit (mais quel pervers, ce Hugh !) est rapidement résolu, sans réel rebondissement. Bon, on va pardonner pour les qualités et originalités de l’album et attendre le T2 pour juger.
Au dessin, Dylan Teague nous offre un dessin classique et néanmoins expressif. La mise en page est parfaitement huilée et exploite bien les capacités d’une BD ado-adultes grand public. C’est varié, agréable à lire et à regarder. Les filles sont superbes et la plastique de ces dames feraient rougir un présentateur météo !
Petit bémol pour la couleur (de V. Davier). Certes, les volumes et modelés sont parfaitement maîtrisés, mais quelquefois un peu froid, malgré la “chaleur” des situations… sic.
Pour résumer, vous aimez l’humour sexy et décalé de “Californication” ? Les situations crues de “Master of sex” ne vous mettent pas mal à l’aise ? Ouvrez donc “StarFuckers”, la nouvelle série qui surfe sur le même genre de situations, chaudes et ironiques à la fois.