Publié par L'attelage le 17 février 2016
Genre: Fantasy
Pages: 340
Format: Livre papier
Lu par : Ciena
Trois bannis jetés dans une quête impossible, où vengeance et salut s'entremêlent. Les yeux blancs, l'âme noire. Un nécromancien, dont la folie n'a d'égal que la puissance. Vole, vole, vole et virevolte ; ma mémoire tangue comme une barque sur les flots !
Je suis persuadée qu’écrire un roman est plus dur que tout autre écrit. Après tout, le but n’est pas seulement d’écrire une histoire mais de captiver le lecteur. Selon le genre choisi les règles pour le faire sont différentes, certes, mais le but est le même : faire en sorte que le lecteur tourne la première page et continue à tourner jusqu’au dernier.
Lorsqu’il s’agit d’un roman qui se passe dans notre monde, je pense honnêtement que c’est plus facile que lorsqu’il faut en créer un de toute pièces comme pour la science-fiction ou la fantasy car dans ce dernier cas il faut que lecteur ne soit ni perdu ni trop non plus en terrain connu (sinon adieu l’imaginaire).
Une des grandes erreurs que commettent, à mon avis, les nouveaux écrivains de fantasy est de tout tabler sur la création du monde en oubliant les bases du roman : c’est à dire les personnages et l’intrigue. Une autre erreur est d’avoir de la fantasy une idée limitée à celles véhiculée par “dungeon et dragons” c’est à dire “combats, combats et encore combats” et d’oublier le reste.
Si on prend le cas de Tolkien, par exemple, qui reste à ce jour la référence incontestée de la fantasy : ce n’est pas tant l’histoire d’un anneau maudit qu’il faut détruire qui a fait le succès de son livre mais bien à la fois toute la création du monde fantastique de la terre du milieu avec sa généalogie, ses coutumes, des rites et ses chants et les liens sentimentaux entre les personnages qui font qu’on s’attache à eux, au delà même de leur quête.
“Les traqueurs” est une histoire intéressante de vengeance, écrite très originalement puisque “à la deuxième personne du singulier” (je ne peux pas vous dire pourquoi sans révéler l’intrigue) mais voilà, il semble que l’auteur se soit tellement plongé dans la quête elle-même qu’il en a oublié de “s’arrêter pour contempler le paysage” et nous le faire découvrir plus en avant. L’histoire est une succession de combats dont l’un des héros est toujours quasiment blessé à mort et puis ils avancent, se re-battent, se re-blessent jusqu’à la fin qui est sans surprise ou presque.
On ne sort pas avec l’impression d’avoir vraiment voyagé dans un monde fantastique et surtout on n’arrive pas à avoir assez d’empathie pour les personnages au point qu’on n’est pas plus que cela intéressés par leur quête et qu’on n’a pas plus envie de les revoir non plus. Bref on ne se sent pas concernés.
Une autre chose qui m’a gênée, est que l’auteur sait manier l’humour. Dans ce cas pourquoi diable ne pas en avoir profité pour en ajouter dans l’histoire afin de nous attacher aux personnages ? Entre le vieux grognon, le silencieux et le sadique il y avait pourtant lieu à quelques échanges épiques.
Dans un autre ordre d’idée, par contre, je ne sais pas qui a fait le livre mais pour un indépendant c’est vraiment un beau livre tant par le dessin que la qualité du livre lui-même. On a envie de le collectionner et donc on a bien envie que l’auteur, qui en est à ses débuts, nous confectionne quelques ouvrages intéressants. Il a de l’idée et de l’écriture. Reste à peut-être, canaliser son trac et son envie de nous en mettre “plein les mirettes” dans les batailles pour nous faire vraiment voyager.
Je mets donc une étoile pour l’écriture et une étoile pour la présentation du livre. je rajoute une étoile parce que je pense qu’il mérite tout de même d’être lu : la fantasy est loin d’être facile à écrire et pour un premier livre, l’auteur s’en sort honorablement.