La succession de Jean-Paul Dubois

Par Krolfranca

Titre : La succession

Auteur : Jean-Paul Dubois

Éditeur : L’olivier

Date de parution : septembre 2016

233 pages

« Il ne faut jamais se tromper de vie. Il n’y a pas de marche arrière. »

J’aime les romans de Jean-Paul Dubois pour son regard acerbe sur la société, pour son humour caustique, pour ses personnages toujours prénommés Paul et souvent mal dans leurs baskets, pour son amour pour les chiens.

Ici, Paul vivait heureux depuis quatre ans à Miami lorsqu’il apprend, par le consulat de France,  la mort de son père, le dernier membre de sa famille à mettre fin à ses jours. Quatre ans qu’il vivait dans l’insouciance, quatre ans qu’il gagnait sa vie en jouant à la cesta punta (la pelote basque). Et puis du jour au lendemain, c’est la plongée dans les souvenirs d’une famille atypique et marquée du sceau du suicide.

La succession est lourde, lourde de sens, lourde de conséquences, lourde pour des épaules fragiles.

Ce roman est terriblement pessimiste, et tellement déprimant que, lorsqu’on le referme, on a très envie d’aller se jeter du haut d’un viaduc.

Ce qui m’a manqué cette fois-ci, c’est l’ironie, la verve mordante. Dans ce dernier roman, Jean-Paul Dubois ne nous offre que la vision pessimiste de la vie sans la dérision (ou plutôt sans toute la dérision à laquelle il nous a habitué). C’est dommage. Je suis un peu déçue (même si j’ai avalé les pages du roman comme on boit un thé glacé par temps de forte chaleur). Car ça reste tout de même du Jean-Paul Dubois, c’est-à-dire, une belle écriture, des phrases qu’on relit plusieurs fois pour le plaisir  et quelques (trop rares) pointes d’humour cynique.

Une vie française et Le cas Sneijder restent mes deux romans préférés de l’auteur.

Un tout petit extrait (une mise en bouche) que j’aime (il faudrait le citer bien plus longuement, tellement il est bon) :

« Bien plus que l’annonce de la mort de mon père, cette image du compteur me rappelait qui j’étais, d’où je venais, par quelle gonades j’avais dû passer, cette bite, ce gland et cet interminable séjour dans l’utérus des Gallieni. Ces gens-là, incapables de vivre, de supporter leur propre poids sur cette terre, m’avaient fait, fabriqué, détraqué. »

Clara a émis aussi quelques bémols notamment sur les passages concernant la pelote basque (et je la rejoins aussi là-dessus).