Chronique : Annihilation, Tome 1 - Jeff Vandermeer (Au Diable Vauvert)

Par Frédéric Fontès 4decouv @Fredo_Fontes

Je suis partagé en ce qui concerne ce roman de Jeff Vandermeer, Annihilation, premier tome de la Trilogie du Rempart Sud, publié il y a quelques mois par les éditions Au Diable Vauvert.
Autant c'est bourré de bonnes idées mais le style de l'auteur ne fait vraiment pas honneur à son histoire.
C'est typiquement le genre de lecture qui va vous faire réfléchir entre deux chapitres mais dont le style va parfois vous plonger dans un brouillard complet.
C'est un concept très intéressant qui aurait certainement mérité d'être mieux développé par l'auteur (j'ai lu le roman en parallèle du visionnage des premiers épisodes de la série Westworld à la tv : les robots perdent le soir venu, la mémoire de ce qu'ils ont vécu dans le parc, un peu comme si leurs concepteurs les avaient placé sous hypnose pour les faire agir selon un scénar établit et ensuite leur faire oublier des choses pour rester concentré sur leurs rôles respectifs).
L'autre problème, c'est que l'auteur peine à mettre en valeur le décor de son livre. Son univers fourmille de bonnes idées mais Jeff Vandermeer est à la peine quand il s'agit de plonger son lecteur dans cette fameuse Zone X.
Étant donné que l'histoire nous est racontée par une personne qui rapporte et collecte les faits qu'elle a vécue, c'est à se demander si l'auteur n'a pas pousser trop loin le fait de vouloir donner la parole à un personnage dont l’éloquence littéraire n'est pas le point fort.
Et quand je vous dis qu'il donne à réfléchir, j'ai un exemple en tête : dans Annihilation, on découvre que les membres de l'expédition ont été conditionné par l'hypnose afin qu'ils restent concentrés sur leur missions principal.
Malgré tout, et c'est paradoxal, je le reconnais, j'en conseille vivement la lecture. Il y a un truc à part dans cette histoire, une chose vivante et angoissante qui erre dans les recoins, et qui n'est pas sans rappeler les histoires cauchemardesques de Lovecraft.
À noter que le livre va faire l'objet d'une adaptation au cinéma et que visuellement, ça peut donner un spectacle fabuleux. À condition que les scénaristes ne soient pas parfois aussi cryptiques et digressifs que Jeff Vandermeer.
Merci Au Diable Vauvert pour ce superbe objet, avec le joli vernis sélectif de la couv, et félicitations au traducteur Gilles Goullet qui a du bien batailler pour tenter de rendre un semblant de clarté à ce texte pas très glamour au premier abord.
Vivement la suite, je reste curieux de voir où l'auteur veut nous emmener...
Frédéric Fontès, www.4decouv.com