Sous la vague - Anne Percin

Par Manu17

L’effet papillon, vous connaissez ? Alors qu’un tsunami vient de dévaster les côtes japonaises, à des milliers de kilomètres de là, dans le cognaçais, Bertrand Berger-Lafitte, héritier d’un empire bâti grâce au nectar des dieux est lui aussi sur le point d’être totalement submergé. Non par une déferlante de cognac mais, soyons clairs, par les emmerdements !
Le tsunami provoque une chute du cours du cognac, le conseil d’administration de sa société tente de l’évincer, aidé par son ex-femme qui y siège encore tout en ayant une liaison avec un associé aux dents longues et, pour couronner le tout, sa fille tombe enceinte d’un de ses ouvriers, syndicaliste de surcroît.
Heureusement, toujours dans l’ombre, Eddy veille. Eddy, son chauffeur. Eddy, le taiseux, le tatoué, le fumeur de cannabis mais Eddy, bien présent. C’est justement un jour qu’Eddy le conduit, qu’en traversant un sous-bois, la Mercedes heurte un faon. La goutte d’eau dans le cognac de Bertrand Berger-Lafitte… 
Sous la vague, dans le ton et le style, est assez différent des livres adultes d’Anne Percin que j’ai pu lire, à savoir Bonheur fantômeet Le premier été, et se rapproche de ceux de ses romans jeunesses. Une lecture tour à tour, grave et drôle, légère et profonde, mais avant tout une lecture jubilatoire à l’humour british souvent cocasse.
Des personnages loufoques qui réservent parfois de drôles de surprises. Faire d’un baron du cognac, un anti-héros décalé, dépressif, largué, lymphatique et le rendre malgré tout attachant, il fallait y penser. Sans oublierles animaux, personnages secondaires mais néanmoins essentiels au récit : faon, chien, chatons, corneille, lion et papillons peut-être, tels les héros d’une fable charentaise pour adultes 
Alors, ce petit ballon de cognac, je vous le sers après ou avant que vous ne plongiez Sous la vague ?

Kanagawa-oki nami-ura, littéralement Sous la vague au large de Kanagawa, Hokusai


Merci aux Éditions du Rouergue pour cet envoi et à Anne Percin pour la dédicace et nos quelques mots échangés.

"Il fallut expliquer à Boumédienne ce qu'était un carlin et, après s'être fait décrire l'animal, il assura qu'à son avis, un chien si moche ne devrait pas faire long feu en liberté. S'il n'avait pas été prévenu et qu'il venait à le rencontrer en pleine nuit, rôdant autour de son potager, il lui mettrait un bon coup de belle et on n'en parlerait plus."
"Le mariage, c'est bien connu, aiguise l'esprit mais émousse le corps."
"Le chaos est un état qui ne peut pas durer."
"La maison immense semblait ronfler, comme chaque nuit. Une étrange respiration qui émanait des murs, des meubles de famille, des tableaux, des coussins même."
"Si jeune et déjà syndiqué, songea Bertrand. La vie est un gâchis."
"À l'intérieur de lui, un magma bouillant, de la lave en fusion, rien de stable, rien de pérenne. À l'extérieur, des choses organisées de l'espace et du temps, la normalité, passage des saisons, agencement des objets, lignes droites des ceps de vigne, courbures douces des allées, lignes pures. Même les feuilles des arbres où jouaient le vent de juin suivaient une danse précise et mesurée."
"- De nos jours, les gens se marient vraiment n'importe où. Voyez-vous, Eddy, ce qui ne laisse pas de m'étonner, c'est même qu'ils persistent à se marier. Avec tous les tracas que ça cause ! Ça dépasse l'entendement."        
Les billets de Nadège, Noukette, Jérôme et de L'Usine Nouvelle !Mon billet sur Ma mère, le crabe et moi. 
Éditions du RouergueISBN 978 2 8126 1103 2200 pages201618,80€