Batman le culte : jim starlin plonge le dark knight dans l'horreur

Par Universcomics @Josemaniette
Batman, encore et toujours, même sur les plages en plein cagnard. En cette mi-août, sortie chez Urban Comics de Batman Le Culte, qui est une excellente occasion pour lire une aventure du justicier de Gotham, écrite par la légende Jim Starlin. Tout commence par ce qui ressemble à un rêve, ou un cauchemar. Le jeune Bruce s'enfonce dans les tréfonds du manoir familial et il est confronté au Joker, bardé d'une ceinture explosive fictive. En fait, Batman délire. Il est, dans la réalité, captif sous terre d'une sorte de secte démente et criminelle, dont le grand manitou c'est autre que le diacre Blackfire, héritier d'une longue tradition mystique qui remonte aux prophéties indiennes. Torturé, drogué, blessé, notre héros est loin d'être dans toute sa splendeur, et même si son esprit est de marbre et ne se laisse pas manipuler par le premier venu, tout homme possède cependant des limites. Batman en est arrivé là alors qu'il menait une enquête classique dans les égoûts, sur la piste de dangereux individus qu'il poursuivait. Une seconde fatale d'inattention, et le Dark Knight passe de prédateur au statut de proie. Blackfire cherche à en faire son instrument, à le convertir, en lui exposant sa technique radicale pour éradiquer les criminels de Gotham. Au passage, dans ses derniers instants de lucidité, nous avons un explication limpide de comment fonctionnent les gourous, de comment se mettent en place les stratégies qui font que prospèrent les sectes. La torture est éprouvante, épuisante, et Robin ne sait où est passé son mentor, cela fait une semaine qu'il attend son retour, et il se confie même au commissaire Gordon. Une semaine à résister, à lutter pour garder sa santé mentale, alors que les sans abris disparaissent un peu partout, et qu'il se passe des choses pas très catholiques (jeu de mot idiot...) sous terre. 
Ce récit d'horreur très tourmenté nous ramène en 1988, et Starlin met en scène une situation particulièrement intrigante : un Batman brisé psychologiquement, victime d'un lavage de cerveau, embrigadé par un gourou criminel qui parvient à terrasser la volonté de son adversaire, pourtant réputé dans son inflexible self control. Par moments on acquiert même la conviction que jamais le héros ne pourra se défaire de l'emprise, redevenir ce qu'il est, avec ses valeurs, tant cette histoire est rude. Les hallucinations et le travail de sape sur la volonté sont à la base de ce qui va suivre : Batman armé d'une mitraillette, qui va tirer sur ce qu'on croit être Doubleface (puis le commissaire Gordon, avant que la vérité n'apparaisse), éliminant ainsi physiquement un opposant, ce qui va contre toutes ses valeurs depuis des décennies. Certes la scène est présentée d'une telle manière que... mais peu importe, l'important est que la vision de Blackfire, la réponse qu'il offre en apparence pour lutter contre le crime, n'est que le reflet ultra violent et expéditif de ce que le Dark Knight fait chaque soir, ce qu'il ferait d'ailleurs s'il écoutait un instant ses sombres instincts. Vous allez aussi retrouver Robin, alias Jason Todd dans la vraie vie. Il apparaît en définitive dans peu d'aventures marquantes de la série, avant de se faire démonter à coups de barre de fer par le Joker, aussi cette histoire en quatre volets est-elle d'autant plus édifiante pour ceux qui aiment ce turbulent side-kick. Rarement vous aurez vu Batman poussé aussi loin dans la déchéance et la défaite (comme il le dira lui même à Robin, il est littéralement en enfer), et il lui faudra du temps pour se remettre, même une fois débarrassé de l'influence de Blackfire. Bien sur, Bernie Whrigtson au dessin, c'est aussi un plaisir et une raison de plonger dans ce cauchemar. Mettre en scène l'angoisse, la peur, la folie qui guette, la monstruosité de l'âme humaine, tout cela fait partie des choses qu'il maîtrise le mieux, et cela se voit avec ce "Culte" où il excelle et se sent dans son petit jardin. A noter qu'avant Urban, Le Culte fut proposé en 1989 par comics USA sous la forme de quatre albums cartonnés, intitulés "Enfer blanc". A ne pas manquer en cet été bouillant. 



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