♦ ♦ des poches dans la poche ♦ ♦ août 2016

Par Marie-Claude Rioux
Si les parutions d'intérêt du mois de juillet se comptaient sur les doigts d'une main, août fait place à l'abondance. J'ai fait le tour, notant au passage les romans qui m'avaient marquée et ceux qui me font envie. C'est parti!
RENDEZ-VOUS À CRAWFISH CREEK – NICKOLAS BUTLER – POINTS SEUIL
J'ai découvert Nickolas Butler avec son Retour à Little Wing, un gros coup de coeur - qui en avait laissé plusieurs dans le fossé! Sa grande sensibilité, son humanité m'avaient conquise. Avec les dix nouvelles de Rendez-vous à Crawfish Creek, le charme a de nouveau opéré. J'aime sa façon de dépeindre des personnages communs, de nous les faire côtoyer le temps de quelques pages, puis de les relâcher à leur destin. Il en reste l'impression de les avoir compris, juste en quelques mots, juste en une seule scène de leur vie. Et c'est très fort. 
LE PAYS DES TÉNÈBRES – STEWART O’NAN – POINTS SEUIL
Il y a belle lurette que je fréquente l'univers de Stewart O'Nan. Je l'ai découvert avec Emily, puis j'ai lu ses romans précédents, dont Nos plus beaux souvenirs et Chanson pour l'absente. Sans oublier ce Pays des ténèbres. J'aime l'univers de O'Nan, qui n'est pas sans me rappeler celui de Joyce Maynard ou d'Anne Tyler. Des univers dans lesquels le quotidien le plus terre à terre est mis en scène et transcendé. Toe, Danielle et Marco feront les fantômes, Kyle, le mort-vivant avec un petit pois dans la tête. En cette nuit d'Halloween, ils rappelleront à Tim, le survivant, et à Brooks, le policier qui les poursuivait, ce qui s'est passé il y a un an. Quand la voiture s'est encastrée dans l'arbre. Quand la culpabilité a commencé son chemin sinueux dans l'esprit des survivants, distillant lentement son poison…
NOTRE FAMILLE – AKHIL SHARMA – 10/18Je m'étais laissée tenter par le deuxième roman d'Akhil Sharma, lors de sa parution en grand format. Cette histoire d'exil et de déracinement, cette chronique d'une déchéance familiale et de la résilience d'un jeune garçon devenu homme, m'avait emballée.Ajay n'a pas dix ans lorsque sa famille quitte l'Inde pour s'installer aux États-Unis. Lui et son grand frère Birju découvrent émerveillés ce pays plein de promesses. Mais un drame va bouleverser toute la famille. Alors que Birju ne sera plus jamais le même, le père s'enfonce dans l’alcool, la mère dans le bigotisme et Ajay se réfugie dans la littérature. Dans l'ombre de son frère aîné, ce dernier reste seul à porter les espoirs de ses parents. Adolescent rêveur, il va devoir lutter pour trouver sa voie – sans jamais oublier les siens.
DANSER LES OMBRES – LAURENT GAUDÉ – BABEL
Danser les ombres est le premier roman de Laurent Gaudé que j'ai lu. Si j'ai aimé la construction du récit (avant, pendant et après le tremblement de terre qui a dévasté Haïti en janvier 2010), la vision un peu trop poétique du séisme et le style de Gaudé m'ont laissée de marbre.En ce matin de janvier la jeune Lucine arrive de Jacmel pour régler une affaire familiale à Port-au- Prince. Mais, très vite après sa descente du bus dans cette ville où elle a connu les heures glorieuses et sombres des manifestations cinq ans plus tôt, elle sait qu'elle est revenue pour ne plus partir, pour construire ici la vie qui l'attendait. Hébergée chez Fessou, dans une ancienne maison close, elle fait la connaissance du maître de maison, le Vieux Tess, et de ses amis et partenaires hebdomadaires de longues parties de dominos: Le Facteur Sénèque, Pabava, Jasmin Lajoie, Boutra et le docteur Saul, fils d'une domestique et du maître de la maison Kénol, qui soigne les gens mais n'a pas terminé ses études de médecine. Dans la cour sous les arbres, dans la douceur de l'amitié et du temps tranquille, quelque chose frémit qui pourrait être le bonheur, qui donne du courage, l'envie d'aimer et d'accomplir son existence. Mais le lendemain la Terre tremble, la ville s'écroule, le sol s'éventre. Que peut-il rester d'espoir et de projets aux rescapés?BATTUES – ANTONIN VARENNE – POINTS SEUIL
Le grand format de Battues, publié aux sublimes éditions La Manufacture de livres, se trouve dans ma PAL. Il me tarde de découvrir Antonin Varenne depuis un bout. Depuis le temps que j'entends du bien de ses écrits...Il a fallu que Rémi, garde-chasse défiguré et solitaire, jette son dévolu sur Michèle, trop belle pour lui. Mais surtout, Michèle est la fille de la famille Messenet, ces éleveurs qui se disputent les terres de la région avec une autre grande famille, les Courbier. Très vite, Rémi se retrouve piégé au beau milieu de cette guerre, dans laquelle personne ne donne bien cher de sa peau…
SIX JOURS – RYAN GATTIS – LIVRE DE POCHERepéré lors de sa sortie en grand format, j'attendais sa parution en poche. Je suis curieuse d'en apprendre davantage sur les émeutes de Los Angeles de 1992. J'ai lu les premières pages sur le site de Télérama. Après quoi, les billets d'Eva et de Jérôme ont enfoncé le clou. Il me le faut!Six jours est un roman choral magistral, une sorte de The Wire (Sur Écoute) transposé sur la côte Ouest, un texte provocant à la croisée de Short Cuts et Boyz N the Hood Un récit épique fascinant, une histoire de violence, de vengeance et de loyautés.Pendant six jours, l'acquittement des policiers coupables d'avoir passé à tabac Rodney King met Los Angeles à feu et à sang. Pendant six jours, Los Angeles a montré au monde ce qui se passe quand les lois n'ont plus cours. Le premier jour des émeutes, en plein territoire revendiqué par un gang, le massacre d'un innocent déclenche une succession d'événements qui vont traverser la ville.Dans les rues de Lynwood, un autre quartier, qui attire toutes les forces de police et les caméras de télévision, les tensions s'exacerbent. Des membres de gangs profitent de la désertion des représentants de l'ordre pour vandaliser et régler leurs comptes. Au cœur de ce théâtre de guerre urbaine se croisent sapeurs-pompiers, infirmières, ambulanciers; leur vie est bouleversée par ces journées de confusion.CAMILLE, MON ENVOLÉE – SOPHIE DAULL – LIVRE DE POCHE
À qui la faute si ce récit me fait de l'oeil? Eva et Electra!Camille, 16 ans, a été emportée en quatre jours par une fièvre foudroyante. Dans les semaines qui ont suivi la mort de sa fille, Sophie Daull a commencé à écrire. Écrire pour ne pas oublier Camille, son regard «franc, droit, lumineux», les moments de complicité; l'après, le vide, l'organisation des adieux, les ados qu'il faut consoler, les autres dont les gestes apaisent. Écrire pour rester debout, vivre quelques heures chaque jour en compagnie de l'enfant disparue, endiguer le raz de marée des pensées menaçantes. Loin de l'épanchement d'une mère endeuillée, Camille, mon envolée est le récit d'une résistance à l'insupportable, où l'agencement des mots tient lieu de programme de survie.
Lectures consommées? Tentés par le(s)quel(s)?