Le présent livre, publié initialement en 2011, est un essai sur la littérature, composé de neuf textes parus précédemment pour certains, dans différentes revues. Neuf angles différents pour nous parler des livres mais surtout de leurs auteurs, pour entrer dans la peau de l'écrivain, ce qui le motive. Roger Grenier s'appuie sur mille et une références littéraires, titres d'ouvrages, citations, écrivains, cet étalage de culture impressionne tout en restant très accessible à tous.
Il sera donc question ici : du rôle des faits divers dans l'inspiration des écrivains, de l'amour (" Donc, à quelques exceptions près, la grande affaire du roman, c'est l'amour. "), de ce genre littéraire qu'on appelle " la nouvelle " (" elle prend son essor, dans un pays et à une époque donnés, lorsqu'il existe une presse et des revues capables de faire vivre les auteurs. "), des œuvres posthumes, inachevées ou abandonnées, ou encore du besoin d'écrire, des motivations diverses des écrivains dont l'une effraie un peu, " Mais on écrit le plus souvent parce que l'on est trop seul "...
Deux textes m'ont particulièrement frappé, " S'en aller ", qui aborde le problème du suicide et du droit de se contredire, toujours avec citations ou écrivains en références ; et " Vie privée ", où Grenier s'interroge, " Est-ce que connaitre la vie privée d'un auteur est important pour comprendre son œuvre ? " tout en abordant aussi la technique d'écriture avec l'emploi du " Je ", ou bien le rôle de la mémoire...
Tout cela m'a passionné et si (seule petite critique) le premier texte m'a paru légèrement complexe à lire, ne vous laissez pas impressionner, cet essai extrêmement intéressant - pour ceux qui aiment entrer dans la cuisine des écrivains - tout autant que cultivé, est d'un abord très aisé. Le genre de petit bouquin indispensable pour tous les amoureux des livres, des lectures et fatalement des écrivains. Un livre dans lequel on souligne beaucoup de passages pour mieux y revenir plus tard, comme ce " ... le paradoxe fondamental du roman demeure. Il est une fiction, un récit mensonger qui nous permet de rechercher et de découvrir la vérité des hommes et du monde. "
" La durée de la vie humaine, qui ne cesse d'augmenter, est plus longue que celle de l'amour. Plus longue que celle de l'amitié, des goûts littéraires, musicaux, artistiques. J'ai éprouvé de grandes passions pour des auteurs qui aujourd'hui ne m'intéressent guère. Ou bien mes préoccupations ont changé et ne sont plus celles qu'ils exprimaient. Ou bien j'ai fait le tour de ces écrivains et je n'ai plus de plaisir à les fréquenter. Ou bien trop de gens se sont mis à les aimer et cela a gâté l'amitié un peu exclusive que j'avais pour eux (ce qui n'est pas un beau sentiment). Ou bien encore ma frivolité m'a ôté le courage de retourner les lire, et je ne les vénère plus que de loin. Sans parler des dieux de notre enfance. L'âge mûr nous fait découvrir que nous avions adoré des idoles creuses. "