Le Roi sombre d’Oren Miller

Par Caroline @Lounapil
Publié aux éditions de L'Homme sans nom, 2015, 381 pages. " Maintenant, il faut souhaiter qu'il meure vite. "
Mais les souhaits, par pur esprit de contradiction, se réalisent rarement et Ed ne meurt pas. Condamné à l'isolement à vie dans la pire des prisons spatiales pour un crime qu'il n'a pas commis, le jeune homme agonise lentement et avec beaucoup d'application.
Alors que débute sa vingt et unième année d'incarcération, une chose tout à fait improbable et imprévue se produit : Ed s'évade du seul endroit dont on ne s'évade pas. Pour une seule raison. Pour une seule destinée. La vengeance.
Cependant, il est un fait incontestable qu'aucune entreprise de haine, ou d'amour, ne se déroule jamais comme on le désire. Une espèce de grain de sable vient toujours enrailler les machinations les plus complexes, surtout quand elle est semée par des créatures plus insolites les unes que les autres.

Attention coup de cœur assumé! J'ai réitéré avec un titre des éditions de L'Homme sans nom mais surtout d'Oren Miller dont j'avais déjà lu le superbement bien écrit J'agonise fort bien, merci!

Avec Le Roi Sombre, je persiste et signe en affirmant qu'Oren Miller possède une plume aiguisée et bien fournie. L'auteur nous propose, ni plus ni moins, une nouvelle version du Comte de Monte Cristo à la sauce Space Opera. En effet, dans ce roman, le lecteur suit les aventures de Ed. A la suite d'une erreur, Ed est accusé de terrorisme. Il est alors envoyé à IF, initiales d'une prison dont on ne revient jamais.

Ed y fait la connaissance d'une entité étrange qui va l'aider à s'évader. Ed devient alors Hisham et n'aura de cesse de vouloir se venger de ceux qui ont causé sa perte.

J'ai adoré cette version futuriste qui se déroule dans la galaxie. L'auteur a su habilement jouer avec les codes en plaçant son intrigue sur Ixion, station stellaire, régie par une caste d'aristocrates aux noms étrangement romains: Nérion, Messaline ou encore Claudia sont des personnages qui font bien sûr écho à leurs illustres prédécesseurs. Les pirates interstellaires sont aussi légions et c'est en s'alliant à l'un d'eux que Hisham-Ed réussira à accomplir sa vengeance.

Oren Miller ne se complaît pas dans la facilité. Certains passages sont assez obscurs lorsqu'il y explique notamment le fonctionnement juridique de la station Ixion mais cela apporte plus de profondeur au roman. Son style est addictif et comme dans son autre roman déjà lu et chroniqué sur le blog, l'auteur aime tailler ses dialogues au cordeau. Même si je les trouve moins aboutis, j'ai adoré les échanges entre le pirate Jatalan et Hisham, plein de verve et de vivacité.

J'ai bien sûr adoré le personnage principal d'Hisham qui renonce à tout pour assouvir sa vengeance. Cette soif de vengeance est le fil conducteur de l'intrigue et on suit avec délices la mise en place des pièges par Hisham. Sa personnalité est attachante et évolue au fil du roman. C'est un personnage meurtri, empli d'une vengeance sanglante, cependant au fil de sa quête, il va devoir faire des choix et se rendre compte que la vengeance n'est pas la seule solution.

Le personnage secondaire c'est aussi l'univers créé et décrit par l'auteur. Il nous plonge au cœur d'un monde dans lequel les hommes auraient créé des stations stellaires. C'est vraiment passionnant d'imaginer toutes ces machines, ces vaisseaux spatiaux et ces villes gigantesques dans lesquels vivent les humains. J'ai eu souvent en tête le film de Luc Besson Le Cinquième élément pour m'imaginer les êtres vivants et l'architecture de ces mondes plongés au cœur des galaxies.

Avec Le Roi sombre, Oren Miller revisite le Comte de Monte Cristo et c'est vraiment réussi. Ce one-shot sort des sentiers battus et donne envie de découvrir ou redécouvrir le classique d'Alexandre Dumas.