Le roman mêle deux histoires en parallèle, l’une se déroule à Paris en 1994, l’autre en Iran. A Paris, une jeune immigrée iranienne à peine sortie d’une tentative de suicide, à la personnalité multiple et ne maîtrisant pas parfaitement le français, se lance dans une psychanalyse. En Iran, Donya, une jeune fille au caractère affirmé et ne supportant pas la dictature des mollahs va tenter de se révolter.
Comme indiqué sur la couverture du livre ainsi que dans la postface rédigée par l’auteure, il s’agit d’un roman. Pour autant, à le lire et en le comparant à la biographie de l’écrivain, nous avons la garantie que le contenu de cet ouvrage est basé sur des faits réels recueillis de première main.
Le bouquin traite de nombreux sujets. Prioritairement de la condition de la femme sous la dictature islamique, c'est-à-dire au niveau moins que zéro, une « chose » voilée sans aucuns droits si ce n’est celui d’obéir et subir. C’est atroce évidemment. Tous les moyens sont bons pour fuir cet enfer fait de viols, prostitution, brutalités physiques et psychologiques… Donya tentera un mariage « arrangé » avec un étranger avant de se raviser. Chahdortt Djavann aborde aussi le problème de la langue quand on est un immigré, a fortiori quand on veut se faire psychanalyser parce que l’on souffre de problèmes psychologiques liés à une enfance douloureuse !
Réquisitoire féroce contre l’islam déviant, situation de la femme en souffrance, que ce soit en Iran sous la coupe des religieux fanatiques, ou en France en tant qu’immigrée psychologiquement fragile. Des sujets graves et bien de notre temps.
Tout ceci devrait nous donner un excellent roman, fort, puissant, révoltant, poignant ou émouvant. Or, c’est là que mon intérêt pour ce livre s’étiole, si j’ai bien été écœuré par les pratiques du régime iranien, je n’ai jamais vraiment été ému par ses personnages, je me suis même ennuyé au milieu du bouquin durant ces séances de psychanalyses à répétition. De même, la violence intolérable induite m’a paru désamorcée par certains aspects un peu nunuches, le psy et sa rouquine ou bien les angles sentimentaux et cet épilogue fleur bleue.
Certainement un bon roman – c’est possible – mais qui ne m’était pas destiné. Déjà Big Daddy m’avait laissé un peu sur ma faim, ce roman confirme mes impressions, Chahdortt Djavann et moi, ça ne va pas le faire. Ce n’est pas grave, ni pour elle, ni pour moi.