La Cloche de détresse, de Sylvia Plath

Par Deslivresetlesmots @delivrezlesmots

Ce roman (et potentiellement la chronique) évoquent des sujets qui peuvent être des déclencheurs, tels que la dépression, la vie en hôpital psychiatrique et le suicide.

L’histoire

Esther Greenwood, dix-neuf ans, est à New York avec d’autres lauréates d’un concours de poésie organisé par un magazine de mode. De réceptions en soirées passées pour tuer le temps, ce sont quelques jours d’une existence agitée et futile que vit la narratrice. En même temps, elle se souvient de son enfance, de son adolescence d’étudiante américaine, des amours qu’elle a connues. Tout bascule lorsque Esther quitte New York. Tentatives de suicide, traitements de choc, guérison, rechutes, et, pour finir, l’espoir. Esther est à la fois « patiente » dans l’univers hospitalier et observatrice au regard aigu de ce monde, qui a pour toile de fond l’Amérique des années 50.

Mon humble avis

Ce roman a été tout d’abord publié sous un pseudonyme Victoria Lucas, en 1963, quelques semaines avant le suicide de Sylvia Plath. Il sera alors réédité sous sa véritable identité. Il est évident, à la lecture du livre, que cette fiction ne sort pas de nulle part mais qu’elle est bien ancrée dans la vie, l’expérience de l’auteure et cela donne une dimension d’autant plus réelle et émouvante au roman.

Esther, le personnage principal du livre, arrive à New York pour atteindre son rêve et vivre de ses écrits, espérant que ces derniers soient reconnus. Mais elle est rapidement confrontée à la réalité, dans laquelle il est compliqué pour une femme de se faire une place digne de ce nom, d’autant plus dans le domaine chargé en compétition qu’est la mode. Alors que ses « amies » – ou plutôt, les personnages avec qui elle partage l’hôtel – profitent des soirées et réceptions, Esther devient las de ces sorties et s’enfonce dans une dépression léthargique où plus rien n’a de sens.

« After Doreen left, I wondered why I couldn’t go the whole day doing what I should any more. This made me sad and tired. Then I wondered why I couldn’t go the whole day doing what I shouldn’t, the way Doreen did, and this made me even sadder and more tired. » p. 27-28

Mais surtout, tout bascule quand elle se trouve incapable d’écrire, jusqu’à se persuader qu’elle ne peut plus lire non plus. Esther est une jeune femme qui vit pour les mots, qu’elle les écrive ou qu’elle les lise, et on sent un basculement à partir de ce moment là. C’est quelque chose qui la hantera d’ailleurs quand plus tard, elle se retrouve dans une institution psychiatrique.

« I thought it was a lovely story, especially the part about the fig-tree in winter under the snow and then the fig-tree in spring with all the green fruit. I felt sorry when I came to the last page. I wanted to crawl in between those black lines of print the way you crawl through a fence, and go to sleep under that beautiful big green fig-tree. » p. 52

Évidemment, les traitements des maladies mentales des années 1950 ressemblaient plus à de la torture qu’à une quelconque aide. Esther subira donc une première séance d’électro-chocs, menée de toute évidence par un « médecin » qui prend plaisir à faire souffrir ses patients. Heureusement, la médecin qui s’occupera d’elle par la suite, à l’hôpital psychiatrique, semble se soucier un peu plus du bien être de ses patients, et elle proposera à Esther une nouvelle séance, qui est beaucoup plus « douce » (pour des électro-chocs, s’entend).

Ce qui reste frappant, tout au long du roman, est la solitude du personnage. Elle croise pourtant beaucoup de personnes, que ce soit à l’hôtel à New York tout d’abord, puis avec sa famille et enfin à l’hôpital. Mais finalement, rien ne semble être permanent, aucune relation n’a l’air assez solide pour que Esther puisse s’appuyer sur quelqu’un d’autre, surtout pas la relation qu’elle entretient avec sa mère…

Je suis contente d’avoir enfin découvert la plume de cette auteure, j’ai bien apprécié le roman et je lirai avec plaisir sa poésie quand j’en aurai l’occasion.

Note : 4/5

The Bell Jar de Sylvia Plath chez Faber & Faber, 2013 (publication originale : 1963), 234 pages.


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