A travers la Sibérie orientale, qui vient de paraître, est un recueil de trois nouvelles : La Soupe de poisson (1891), A travers la Sibérie orientale (1891) et Est-il bien ou mal de vivre en ce monde ? Mise en garde à l’intention des futurs lecteurs : Ne vous précipitez pas sur ce recueil – comme je l’ai fait – attiré par le nom de l’écrivain et le titre du bouquin ! Jetez-y d’abord un œil en librairie, car personnellement je considère qu’il ne tient pas les promesses espérées.
La première nouvelle, sous-titrée « esquisse » est le dernier texte littéraire écrit par Gontcharov et n’a pas été publié de son vivant. Il s’agit d’une pochade assez quelconque à mon sens, où des bourgeois et leurs femmes, accompagnés du bedeau Erema, partent pique-niquer. La saveur du texte réside dans sa grivoiserie suggérée, « La femme de l’intendant, elle aussi dans un état d’excitation, sortit de la cabane d’Erema, emprunta des chemins détournés tout en arrangeant sa chevelure et la robe qu’elle portait… » Ca faisait peut-être son petit effet à l’époque mais aujourd’hui c’est un peu court.
Le texte principal, lui, est bien loin de ce que j’en attendais – d’où mon avertissement initial. J’attendais un récit de voyage riche en évènements, il n’en est rien. Dernier texte publié du vivant de l’auteur, il s’agit en fait d’un complément à son réel récit de voyage, La Frégate Pallas, publié en 1856. Ici, nous n’avons que quelques pages relatant un séjour de deux mois à « Yakoust, tout près du pôle Nord ». L’intérêt est aussi mince que l’épaisseur du récit, quelques considérations sur la politique locale, « La Sibérie n’a pas connu le joug du servage, mais a goûté à celui des fonctionnaires, encore pis, sans doute. » On boit de la vodka en veux-tu, en voilà, mais Gontcharov en conclut lui-même, « Ces souvenirs de Yakoust, ne sont pas grand-chose dira le lecteur. » Je ne saurais mieux dire.
Quant au dernier texte, sous-titré Etude philosophico-esthétique, il m’a semblé assez sibyllin même si l’éditeur y voit un Gontcharov féministe. Pourquoi pas ?
Pour conclure, je suppose que cet ouvrage s’adresse plus particulièrement aux inconditionnels de l’auteur désirant posséder tous ses écrits. Par contre, si vous ne connaissez pas Gontcharov, précipitez-vous sur son Oblomov, là vous jouerez gagnant.