Une année particulière

Par Marie-Claude Rioux
Dès qu'il est question de librairie dans un roman, je succombe. Plus souvent qu'autrement, je suis déçue et reste sur ma faim. Je m'obstine pourtant. Que dire de cette Année particulière?

Tante Charlotte, propriétaire de la librairie Ringelnatz & Co., disparaît sans laisser de trace. Sa nièce Valérie se retrouve avec la librairie sur les bras, une petite libraire d'à peine cinquante mètres carrés au bord de la failliteÇa ne correspond pas tout à fait au plan de vie tracé par cette jeune étudiante qui vient tout juste de terminer une licence d'économie et de gestion d'entreprise. Que va-t-elle bien pouvoir faire d'une librairie? Mais voilà que, plutôt que de liquider la vieille librairie, elle va mettre tous ses efforts pour la maintenir à flots et renflouer les coffresAu final, elle passe plus de temps à lire, assise dans un vieux fauteuil, sirotant une tasse de thé. Cette non lectrice se met à lire tout ce qui lui tombe sous la main: Calvino, Kafka, Flaubert, Pessoa, Rilke… Et devinez quoi? Petit à petit, elle prend goût à sa nouvelle vie, habitée par le pouvoir de la littérature. Surpris?Valérie fera la rencontre de quelques clients des plus attachants: Noé, un vieux comédien viennois, avec qui la tante entretient une mystérieuse relation; Timmi, un jeune grand lecteur; un ouvrier venu d'Orient, amoureux de poésie; et enfin, LE mystérieux inconnu (bien évidemment charmant) qui souhaite mettre la main sur Une année particulière, ce singulier livre «défectueux».Cette année passée à jouer les libraires se ponctuera d'une façon très… particulière, amenant Valérie à entamer un nouveau chapitre de son existence.

Tous les ingrédients d'un feel good book sont ici réunis: des personnages colorés, de la légèreté et des bons sentiments, un brin de fantaisie et d'humour, sans oublier une petite romance à l'horizon. Ceux qui aiment la recette seront ravis.À part ça…? Ben pas grand chose à se mettre sous la dent. Et surtout rien pour faire vibrer mes neurones et faire palpiter mon petit cœur. Je vais passer pour la casseuse de party rabat-joie, mais voilà une histoire creuse, sans surprise et beaucoup trop lisse. L'intrigue tissée autour du roman Une année particulière m'a semblé tirée par les cheveux et n'apporte pas grand chose à l'histoire. Et je retrouve encore cette manie de trop souvent décrire une librairie comme un lieu sombre, où les lustres et l'acajou brillent, avec le petit animal pas trop loin (habituellement un chat, ici un rat). Lu mille fois, ça.Si vous cherchez des phrases à imprimer sur un marque-page ou à recopier dans un petit carnet, il y en a bien quelques-unes!Découvrir un livre, cela signifie s'affranchir du quotidien, arracher sa propre vie à l'ici et maintenant et la replanter ailleurs le temps de la lecture.La librairie elle-même était une œuvre: une anthologie d’œuvres qui constituaient son âme.Mais à ce compte, je préfère encore:La vraie lecture commence quand on ne lit plus seulement pour se distraire et se fuir, mais pour se trouver. Jean GuéhennoIl y a des livres que l'on déguste, d'autres que l'on dévore, et quelques-uns, rares, que l'on mâche, et que l'on digère, entièrement. Cornelia Funk.Une année particulière, Thomas Montasser, 176 pages, Presses de la cité, 2016.À part les romans ci-dessous, avez-vous d'autres titres à me suggérerdans lesquels une librairie est à l'honneur - pas trop légers s'il vous plaît?