Ces romans que nous n'avons pas aimés... En parler ou pas?

Par Marie-Claude Rioux
Je ne vous apprendrai rien en disant que parmi tous les bouquins qui se publient, il n'y en a pas que des bons. Lorsque je suis déçue par un livre, je me demande: j'en parle ou non? Pourtant, l'envie d'écrire un billet «coup de dent» se manifeste avec la même ardeur que celle de partager un coup de cœur.Tous les goûts sont dans la nature. On lit tels blogues plutôt que d'autres, souvent parce que les choix de son créateur rejoignent les nôtres et nous amènent aussi, parfois, à sortir de notre zone de confort. Lorsque je lis des avis mi-figue mi-raisin sur un bouquin, ça risque de me faire passer mon chemin, comme ça risque de piquer ma curiosité et de me donner l'envie de m'y mettre, histoire de me faire mon propre avis. Découvrir ce qu'un lecteur aime ET n'aime pas permet d'avoir un portrait d'ensemble dudit lecteur.J'aime entendre des voix dissonantes au milieu d'un concert d'éloges. J'aime lire des billets qui détonnent, vont à contre-courant, lorsqu'ils sont argumentés et qu'ils vont au-delà de «Je n'ai pas aimé et je ne recommande ce livre à personne.»Il faut être prudent et peser ses mots lorsqu'on a ronflé sur un roman. Je me souviens avoir écrit un billet sur un premier roman québécois, le qualifiant notamment d'exercice de style. Ataboy! On m'a reproché de «formuler des affirmations à l'emporte-pièce qui passent sous silence toutes les nuances, ainsi que toute la saveur de l'oeuvre.» Apparemment, mon intelligence et ma sensibilité ont de grosses failles, car je n'ai pas perçu toute la grandeur et la profondeur de ce roman. Bon… Au final, je ne l'ai pas aimé, ce roman, et j'ai expliqué pourquoi. Je ne détiens pas la vérité, loin de là. Un roman qui ne me plait pas plaira à d'autres – heureusement. Il n'y a pas de mauvais romans en soi. L'avis, subjectif, vient de celui qui le lit. La beauté est dans les yeux de celui qui regarde», Oscar Wilde)Je m'en vais où comme ça? Pas trop loin, rassurez-vous.Si tous les goûts sont dans la nature, tous les avis peuvent l'être aussi, non? Faut-il mettre des gants blancs imperméables pour dire qu'on n'a pas aimé un livre? Est-il préférable de se taire? Je ne crois pas.Blogueurs/ blogueuses, est-il de bon ton, ou non, de parler des romans que nous n'avons pas aimés? Appréciez-vous, comme moi, les chroniques mi-figue mi-raisin, les coups de dent et les coups de gueule?À lire: cet article passionnant de Jabob Silverman publié dans Slate il y a un bon petit bout, mais qui n'a pas pris une ride.