Liliane Wouters.
Le voilà donc maintenant en librairie ce volume rassemblant "Journal du scribe" (1990), "Le Billet de Pascal" (2000) et "Le Livre du soufi" (2009). Les livres republiés font entendre trois voix d'homme qui ont en commun l'écrit et qui sont la Liliane Wouters des livres.Les recueils de textes poétiques sont suivis d'une très intéressante conversation entre Liliane Wouters et Yves Namur, son éditeur et ami. Ensemble, ils abordent toutes les grandes questions de la vie avec justesse et franchise, l'amour, la foi, la poésie, la mort... Enfin, l'ouvrage s'achève sur une postface d'Yves Namur qui parcourt l'œuvre poétique de la grande dame."Trois visages de l'écrit" est donc un livre posthume. Le parcourir dans cette nouvelle condition renforce encore le pouvoir des textes qui y sont réunis. Ecrits de dix en dix ans, les trois livres qui le composent donnent à connaître et aimer une femme de lettres qui nous manque déjà. Liliane Wouters fut membre du Pen Club belge, a-t-il été rappelé hier, lors de la séance inaugurale de la résurrection de l'association. Personnellement, il me plaît de rappeler son souvenir et son œuvre en ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes.
Dans "Journal du Scribe"
Aujourd'hui j'ai vécu exactement
onze fois cinq ans, treize jours.
Sans compter les mille existences précédentes,sans compter les dix mille vies à venir
Onze fois cinq ans que je tente
de retrouver ce que j'étais,
d'accepter ce que je serai,
de devenir ce que je suis
Dans "Le Billet de Pascal"
J'étais poète et nul ne le savait,
même pas moi. Assise au bord des chaises,
rien qui disait le permanent malaise,
l'être en sommeil où la pâte levait.
Aucune trace sur le front, aucun indice.
Nul pour me dire: mon enfant, ma sœur,
pour mettre en garde: traitez-la avec douceur,
détournez d'elle ce calice.
Dans "Le Livre du soufi"
À l'heure de ma mort ouvre grand la fenêtre
Que je puisse partir
Sans rencontrer d'obstacle au moment où mon être
Tentera de sortir.
Et puis, regarde moi que je te dise adieu.
À l'instant où mon âme prendra son essor
Elle s'attardera si longtemps dans tes yeux.
Je ne sentirai pas qu'elle quitte mon corps.