Le revenant

Par Marie-Claude Rioux
C'est la première fois que ça m'arrive: j'ai décidé de lire Le revenant après avoir vu la bande-annonce du film qui sortira au début 2016, avec Leonardo DiCaprio dans le rôle titre. C'est rare, mais pour une fois, je sens que le film sera plus inspirant que le roman.Tandis qu'une première expédition a été attaquée par une tribu indienne, la Rocky Mountain Fur Company engage une poignée d'hommes dans une nouvelle tentative pour étendre son commerce vers l'Ouest en implantant un fort à Fort Union. Parmi l'équipée, le trappeur Hugh Glass. Quelques jours après le départ, alors qu'il chassait près de la rivière Missouri, ilest attaqué par un grizzli. Défiguré, la gorge et l'abdomen déchirés par les coups de griffes de l'animal, il est en piteuse état. Alors que le reste de l'équipe poursuit son chemin, Fitzgerald et Bridger se portent volontaires: ils veilleront Glass jusqu'à sa mort et l'enterreront. Les plans changent. Fitzgerald et Bridger disparaissent à leur tour dans les bois, abandonnant leur compagnon agonisant à son sort.Contre toute attente, Glass reprend connaissance. Il est seul en territoire indien, sans arme, sans nourriture. Incapable de se déplacer, souffrant le martyre, déshydraté, délirant, il s'accroche à la vie comme un damné, avec une obsession: traquer ceux qui l'ont abandonné. Commence alors le récit d'un homme prêt à tous les sacrifices pour se venger.Un roman rude et violent, qui se lit vite et bien, même si le style n'a rien de révolutionnaire. Michael Punke arrive à donner un souffle épique à son histoire, surtout lorsque Glass est seul, blessé et sans ressources, à la merci de la nature et des méchants Indiens.Le revenant est tiré d'une histoire vraie. Très bien! Mais j'ai peine à croire qu'un homme affaibli puisse disputer une carcasse de bison à une bande de loups affamés. Qu'un homme arrive à faire du feu, en plein vent, avec quelques brindilles humides et un peu d'amadou. Qu'un homme parvienne à se lier d'amitié avec des Sioux qui n'ont jamais vu d'hommes blancs. Qu'un homme rampe pendant plusieurs centaines de kilomètres, le ventre vide. J'ai fini par m'ennuyer ferme devant tant d'invraisemblances. Michael Punke s'est très bien documenté, ça se sent. Mais pour le côté fictif, je trouve qu'il y est allé un peu fort. Si le suspense demeure omniprésent, les redondances sont fréquentes: l'impression de traverser les mêmes paysages, d'entendre les mêmes sons, de sentir les mêmes odeurs. Tout ça pour dire que je courrai voir le film!
Le revenant, Michael Punke, Presses de la cité, 360 pages, 2014.