(Montreuil 2015) Histoires du chien qui avait une ombre d’enfant, de Hervé Walbecq (2015)

Par Lupiot

Ce livre fait partie de la sélection " Pépites " du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse 2015, qui se tiendra à Montreuil du 3 au 7 décembre prochain. J'aimerais pouvoir lire toutes les (54) pépites pour me faire mon avis (et vous le donner) mais c'est bien sûr impossible.

Je vais en revanche faire de mon mieux pour vous en critiquer quelques-unes, de ces pépites, notamment parmi les sélections 9-12 ans et 13 ans et + qui m'intéressent particulièrement.

Je vous colle une astérisque à ceux qui me font sérieusement de l'œil et mets, en gras, les titres dont j'ai déjà fait l'acquisition :p

    Pépite du ROMAN 9-12 ans, création francophone :
  1. Capitaine Triplefesse - À l'abordage !, Fred Paronuzzi, chez Thierry Magnier
  2. *De cape et de mots, Flore Vesco, chez Didier Jeunesse
  3. *Histoires du chien qui avait une ombre d'enfant, Hervé Walbecq, chez L'École des loisirs (critique dans ce billet, donc !)
  4. *Mentine - Privée de réseau !, Jo Witek, Margaux Motin, chez Flammarion
  5. Little Piaf - L'Incroyable Arnaque, Daniel Picouly, Frédéric Pillot, chez Albin Michel Jeunesse
    Pépite du ROMAN ADO EUROPÉEN 13 ans et plus :
  1. *Dysfonctionnelle, d'Axl Cendres, chez Sarbacane
  2. Aussi loin que possible, Éric Pessan, chez L'École des loisirs
  3. *De la part du diable, Aina Basso, trad.Pascale Mender (Néo-norvégien), chez Thierry Magnier
  4. Ghost City, Michel Honaker, chez Rageot
  5. *Plus de morts que de vivants, Guillaume Guéraud, chez Le Rouergue
  6. , David Hofmeyr, trad. Alice Marchand (anglais), chez Gallimard Jeunesse
    (...que je vous ai déjà chroniqué, donc ! ...et dont la nomination m'a étonnée. Car, oui, c'est un roman vraiment cool, avec un univers et des personnages couillus, mais qui ne m'a pas semblé porté par une voix, un style, remarquable. Il lui manque, honnêtement, la qualité littéraire d'un Axl Cendres ou d'un Livre de Perle (le gagnant de la pépite du roman ado européen de l'an dernier) pour figurer dans cette liste*, à mon avis !)

Si je m'en sens l'envie et l'inspiration, je viendrai peut-être vous chroniquer 2 albums sur le mode habituel, comme ici ou ici.

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Mais revenons aux Histoires du chien qui avait une ombre d'enfant, d'Hervé Walbecq

Voilà un recueil (et donc pas un roman, oh les menteurs !) qui mérite bien son nom de pépite. C'est même une bonne grosse poignée de pépites d'or que l'on découvre entre ses mains en ressortant de ce livre à l'univers farfelu. Cette lecture m'a donné envie de mettre le nez fissa dans les 3 autres recueils par la même plume.

C'est l'histoire d'un nez caractériel qui vous dit quand vous avez une sale tête et exige un cache-nez pour ne pas être reconnu en votre compagnie. Un nez qui éternue avec enthousiasme pour saluer ses jolies amies. Un nez qui voudrait partir en vacances sans vous - sacrément gonflé, vous aurez l'air de quoi sans pif pendant une semaine ?
Ce n'est que la première histoire courte du recueil (histoires à mi-chemin entre la nouvelle (la première, par exemple) et le conte (la dernière), et toutes sont une sorte de variation sur le même thème du " corps élastique ", magique ou contrariant. Un corps qui n'en fait qu'à sa tête.

Histoires du chien qui avait une ombre d'enfant, de Hervé Walbecq, 2015, chez l'École des Loisirs, 141 pages

À la croisée du Journal d'un corps de Pennac (côté adulte) et des Contes de la rue Broca, de Gripari, les Histoires de Hervé Walbecq sont pleines de poésie, d'humour et d'intelligence. Elles nous font voyager au-dedans et au-dehors, et regarder avec une affection nouvelle nos narines plutôt accommodantes et notre ombre docile. Le genre d'univers terriblement prompt au partage avec un jeune lecteur, qui retrouvera ses lubies et fantaisies dans cet imaginaire. À lire ce recueil, j'avais à nouveau 7 ans sur les genoux de mon papa.

Pas facile de raconter aussi facilement de belles histoires pour enfants. C'est avec un art consommé que l'auteur nous fait (enfin, me fait, au moins) la démonstration épurée du talent que cela demande. Millième confirmation de l'année que le rayon jeunesse est un véritable jardin des merveilles dans lequel je suis on ne peut plus heureuse de me promener.

Bref, n'hésitez pas à lire l'une ou l'autres des Histoires du chien qui avait une ombre d'enfant et à découvrir les autres Histoires ... de cet auteur enchanteur.

Bonne lecture,

* Je comparais Stone Rider avec des romans qui n'ont, effectivement, rien à voir, mais il ne faut pas s'imaginer que les dystopies bien écrites (qui apportent donc quelque chose en plus de l'univers et des personnages) n'existent pas. Sans trop y réfléchir, je peux déjà vous citer Saba, ange de la mort de Moira Young (trilogie), ou La zone du dehors d'Alain Damasio (one-shot).
Je reviendrai avec un théma dystopies, un de ces quatre, et plus particulièrement dystopies françaises. (Parce qu'à fureter dans les rayons, on croirait presque qu'il n'y a que les anglophones pour rêver en noir d'un futur totalitaire. Alors que non, pas du tout, nous, les français défaitistes, sommes champions en la matière.)