Les jolis choix des jurées du prix Femina

Par Lucie Cauwe @LucieCauwe

Bon, ben, j'espère que la rédaction du "Nouvel Obs" ne va pas rappeler d'urgence Christophe Boltanski au beau milieu de ses interviews comme elle l'a déjà fait parce qu'il est le lauréat 2015 du prix Femina du meilleur roman français,  qui lui a été attribué ce mercredi 4 novembre pour son premier et magnifique roman, "La cache" (Stock, 340 pages). Le grand reporter français a été choisi par le jury féminin dès le second tour, par sept voix. Il a été préféré à l'écrivain libanais Charif Majdalani, déjà lauréat du prix Giono.
Le jury du prix Femina (Solange Fasquelle, Claire Gallois, Anne-Marie Garat, Paula Jacques, Christine Jordis, Camille Laurens, Mona Ozouf, Danièle Sallenave, Josyane Savigneau, Chantal Thomas et les deux "nouvelles" Virginie Despentes et Evelyne Bloch-Dano) a choisi de primer cette œuvre "émouvante" et salue sa "construction très originale, sur un sujet qui ne l'est pas". 

Christophe Boltanski.

"La cache" est un très beau roman en forme de jeu de Cluedo où on explore successivement les pièces de la maison familiale parisienne pour retracer l'itinéraire de cette famille juive qui vécut repliée sur elle-même après le traumatisme de la Seconde guerre mondiale. "C'est extraordinaire", a déclaré l'auteur à l'annonce de son prix. "C'est vertigineux. Je suis extrêmement ému. Je pense aux miens, car mon livre parle de ma famille, je pense aussi à ma grand-mère qui était romancière. J'ai voulu raconter l'histoire d'un enfermement, celui d'une famille qui vit soudée dans un appartement, cimentée par la peur et qui tente de recréer un monde de liberté et de joie."
Des croquis des lieux permettent de bien se situer entre les différentes pièces des différents étages et accompagnent l'exploration qui est autant géographique que familiale sur plusieurs générations. Christophe Boltanski signe ici un impeccable premier roman, lui qui avait déjà publié plusieurs livres d'enquête.
Le prix Femina du meilleur roman étranger a été décerné à Kerry Hudson, pour "La couleur de l'eau" (traduit de l'anglais (Ecosse) par Florence Lévy-Paolini, Philippe Rey, 350 pages), son deuxième roman. L'Ecossaise a obtenu six voix contre cinq attribuées à Martin Amis. Remarquée pour son premier roman, "Tony Hogan m'a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman" (même éditeur, 2014), Kerry Hudson imagine ici l'histoire d'amour tumultueuse entre Dave, un vigile dans un luxueux magasin londonien, et Alena, une jeune voleuse venue de Russie qu'il a choisi de ne pas dénoncer. Le jury du prix Femina a fait part de son admiration pour "cette histoire très émouvante qui se penche sur le destin de deux exclus".


Enfin, le prix Femina du meilleur essai est revenu à Emmanuelle Loyer pour sa biographie monumentale de l'anthropologue français plus que centenaire Claude "Lévi-Strauss" (1908-2009) (Flammarion, 944 pages) qui a obtenu sept voix.

Les trois lauréats 2015.


Les sélections et prix
Jean Giono (remis), ici, ici et ici 
Grand Prix du roman de l'Académie française (remis), ici,  iciet ici
Décembre (remis), iciici  et ici
Goncourt (remis) et Goncourt des lycéens, ici,iciici et ici
Renaudot (remis), ici,  ici, ici et ici
Femina, iciici et ici 
Médicis, ici,  ici et ici
Grand Prix de littérature américaine, ici et ici
Wepler, ici
Flore, ici et ici
Interallié,ici et ici