Aristote et Dante découvrent les mystères de l'Univers est partout sur la blogosphère, plus souvent qu'autrement élevé au statut de coup de cœur. Je vais faire ma casseuse de party: j'ai lu le roman en deux jours, j'ai tourné la dernière page agacée et déçue. Je me prépare à recevoir des tomates, là!Ai-je besoin de résumer l'histoire? Je vais être réductrice en disant qu'il s'agit d'une histoire d'amitié, puis d'amour entre deux garçons que tout oppose. Un roman qui aborde l'homosexualité, c'est toujours bienvenu. On n'en parlera jamais assez, jamais trop.La thématique d'Aristote et Dante… est intéressante, nécessaire. Les personnages des deux ados ne sont pas unidimensionnels, ça, ça m'a plu. Ils ont des forces et des faiblesses, des qualités et des défauts. J'ai particulièrement aimé Dante. Sa personnalité, sa spontanéité (courir nu sous la pluie avec Ari), sa façon de s'affirmer (marcher pieds nus) et la relation qu'il entretient avec ses parents. Et un personnage qui lit Steinbeck et Tolstoï, qui le fait découvrir à son ami, ça me parle! Ari aussi est intéressant, touchant. J'ai aimé son côté sauvage, solitaire, torturé, faux badboy au grand cœur.L'ado mal dans sa peau, qui se questionne constamment. L'amitié. L'amour. Les secrets familiaux. Les relations parents-ados. L'homophobie. La solitude, l'acceptation de soi, le besoin d'indépendance. Le choc post-traumatique. L'adaptation des hispanos-américains. Il y a là matière à donner un excellent roman.Alors, il est où le problème? Qu'est-ce que je lui reproche, à ce roman?Son manque de profondeur et son côté expéditif. Ouch! Une tomate par la tête… Benjamin Alire Sáenz effleure du bout des doigts des sujets riches, profonds. Au final, trop de sujets pour peu de contenu. C'est survolé à la va-vite, trop peu approfondi. Le grand frère en prison? Le choc post-traumatique du père? Les détails sont expédiés en quatrième vitesse à la toute fin.Les dialogues sonnent souvent faux, particulièrement ceux entre Ari et ses parents. Quand un parent parle à son ado, il est rare qu'il ajoute son prénom à la fin de chaque phrase (j'exagère à peine). Ouch! Une tomate de plus…Enfin, tout est prévisible comme un coucher de soleil, dans cette histoire. On voit venir ce qui va se passer, on est assuré que ça va bien se terminer. Ayoye! Encore une tomate… Bon, y'a pas de mal, me direz-vous. Et vous aurez raison. Tout n'est qu’une question de point de vue. N'est-ce pas? Pour nuancer mon propos et être de meilleure foi, disons que c'est un livre doudou, qui fait du bien. Comme La liste de mes envies, tiens. Ayoye! Encore une tomate…Les romans initiatiques américains pour ados ont la cote. Eleanor & Park de Rainbow Rowell, Lemonde de Charlie de Stephen Chbosky ou les romans de John Green (La face cachée de Margo, Nos étoiles contraires, Qui es-tu Alaska?, etc). Sitôt publiés, sitôt lus, sitôt adaptés pour le cinéma. Je parie qu'Aristote et Dante… n'y échappera pas. Ça sent la recette du succès à des kilomètres. Et c'est tant mieux! Pour la seule et bonne raison qu'on ne parlera jamais assez d'amour entre même sexe.Gabriel et Quai des proses ont beaucoup aimé. Et moi, j'ai aimé lire leur billet, au point que si ce n'était déjà fait, je me serais précipitée pour le lire, ce roman!Je vais aller prendre un douche. Je sens la tomate!Aristote et Dante découvrent les secrets de l'Univers, Benjamin Alire Sáenz, PKJ, 361 pages, 2015.★★★★★