Critique de comics : Lazarus tome 1 et 2

Par Poisonfanny @PoisonFanny

Honte sur moi, je n’ai pas fait de critique du premier tome de Lazarus au moment de sa sortie ! Je profite de la sortie du deuxième tome pour vous parler de la nouvelle série du (dynamic) duo de Greg Rucka et Michael Lark. Dans un futur apocalyptique, découvrez la fascinante Forever, gardienne redoutable de sa richissime famille qui dirige une partie des Etats-Unis, ou ce qu’il en reste…

Lazarus tome 1 : Pour la famille

Résumé : Dans un futur proche et dystopique, les gouvernements ne sont plus que des concepts archaïques : le monde n’est plus divisé par zones géographiques mais par frontières financières. La richesse est synonyme de pouvoir, mais elle n’est l’apanage que d’une poignée de familles qui la conservent jalousement. Le reste de l’humanité peut bien aller au Diable… Dans chaque famille, une personne est élue pour subir un entrainement intensif, et obtenir le meilleur de ce que l’argent et la technologie peuvent offrir. Cette personne est à la fois la main qui frappe et le bouclier qui protège ; le représentant et le gardien de son clan, son… Lazarus ! Dans la famille Carlyle, le Lazarus est une femme, sexy et redoutable, baptisée Forever. Laissée pour morte dans un combat sans merci, Forever ne devra son salut qu’à ses insoupçonnables ressources. Mais est-elle prête à affronter la vérité ?

La série Lazarus paraît en France chez Glénat Comics, qui se relance en beauté ces derniers mois, avec des merveilles comme Pretty Deadly, The Infinite Loop, Furious, et paraît-il Sex Criminals également. Ce dernier est le prochain sur ma liste de lecture ! Vous l’aurez compris, je suis de très près les publications de cet éditeur. Lazarus provient du catalogue de l’éditeur Image Comics, qui est de plus en plus populaire ces dernières années. En résumé, c’est là où vont les stars des comics pour développer leurs projets personnels tranquillement, car il n’y a pas ou peu d’interférence des éditeurs et ils peuvent garder tous les droits sur leurs créations, à l’inverse des méthodes des poids lourds du marché : Marvel et DC Comics. C’est ce qui s’est passé pour ce titre ! En effet, Greg Rucka est loin d’être un inconnu : vous le connaissez peut-être pour Queen & County, son passage sur Batman, son one-shot sur Wonder Woman (Wonder Woman : The Hiketeia), Infinite Crisis, Batwoman ou encore 52. Il avait déjà fait équipe avec le dessinateur Michael Lark pour l’excellente série Gotham Central, ce duo fait à nouveau des merveilles pour Lazarus.

On débarque de manière assez brutale dans le monde de Lazarus, puisque dès les premières cases, l’héroïne est brutalement assassinée. Mais Forever Carlyle est une Lazarus : sa famille l’a choisie pour la défendre, elle a donc bénéficié d’une amélioration technologique mais aussi de manipulations génétiques afin de la rendre quasiment invincible. Elle se relève donc peu de temps après, et massacre silencieusement tous les hommes qui l’ont torturée. Bienvenue dans le monde joyeux de Lazarus… La famille Carlyle dirige une partie des Etats-Unis, et Forever est le chef de la milice familiale. On découvre avec un peu d’horreur ce monde divisé entre familles régnantes, serfs (employés choisis par la famille qui bénéficient d’une vie décente) et déchets. Cette dernière catégorie contient la majorité de la population, qui tente désespérément de survivre dans un monde pauvre et ultra violent. Les circonstances qui ont mené à ce monde sont peu détaillées, on vit l’action uniquement à travers les yeux de Forever, et on s’aperçoit bien vite qu’elle ignore beaucoup de choses. Et pour cause : sa famille lui efface la mémoire quand ça l’arrange… Son oncle la suit de près au niveau médical, et c’est lui qui efface ses scrupules de son cerveau lorsqu’elle regrette de devoir tuer des innocents. La famille Carlyle feint de l’aimer pour garantir sa fidélité, mais la plupart la considèrent en fait comme un animal.

Forever est un personnage assez fascinant, un mystère même pour elle-même, si forte et pourtant si fragile à la fois, à la merci des intrigues de cette famille dont tous les membre poursuivent leurs ambitions (souvent au détriment des autres d’ailleurs). L’introduction est magnifique mais j’avoue que lorsqu’on suit les machinations de la famille par la suite, on est un peu déçus. On aimerait plutôt en savoir plus sur Forever, la voir se retourner contre sa famille… Mais ça reste captivant de voir Dallas dans un décor digne de Walking Dead ! Mon seul reproche serait que la suite semble un peu prévisible, notamment toute sa rencontre avec le Lazarus d’une autre famille, mais aussi le secret entourant Forever… Mais Greg Rucka est coutumier des retournements de situation, peut-être que la suite me donnera tord !

Que dire sur les dessins de Michael Lark ? Ils sont magnifiques, tout à fait adaptés à cet univers sombre. L’encrage appuyé souligne la dureté des traits des personnages, les émotions contrastées de l’héroïne. Je suis moins enthousiaste sur les paysages, qui me semblent plus simples, mais c’est aussi l’univers qui veut ça.

Lazarus tome 2 : Ascension

Résumé : Dans cet épisode : Forever démasque une rébellion prenant source dans les rues de Los Angeles. Dans le même temps, les Barret, une famille de Déchets tombée en disgrâce, part pour un voyage de 500 miles pour Denver. Leur but : se faire repérer par les Carlyle et entrer à leur service…

Ce tome est assez différent du premier. On s’attend à voir la suite de l’histoire de Forever, particulièrement après les révélations du dernier chapitre du tome 1… Pourtant, Rucka nous prend à revers et s’occupe plutôt de combler les lacunes du premier tome : il s’éloigne du personnage de Forever et étoffe le monde qu’il a créé, ce qui est une excellente chose ! Forever n’est jamais loin malgré tout, elle est présente particulièrement dans des flashbacks où on la voit enfant, élevée en solitaire avec son entraîneuse, passant son temps à s’entrainer pour espérer que son père vienne la voir… Ces passages sont assez poignants, on comprend mieux l’apparence parfois fragile de cet être pourtant surpuissant.

L’univers en dehors de la famille dirigeante se découvre peu à peu : on suit des personnages secondaires, les « déchets » dans leur quotidien. Le contraste entre la technologie de pointe que possède la famille et les cabanes en bois et les chevaux dont disposent les « déchets » les moins pauvres pour se déplacer est assez saisissant. Cette différence énorme est même soulignée par un aller retour entre une famille de « déchets » dont l’habitation a été détruite par les intempéries, et le quotidien de la soeur de Forever, qui nage tranquillement dans sa piscine.

Nombre de ces « déchets » désespèrent et lorsqu’une « montée » est annoncée, c’est la cohue. La montée, c’est le moment où des sélections extrêmement poussées (examen médical, psychologique, évaluation des capacités intellectuelles, des aptitudes…) ont lieu pour devenir serf de la famille Carlyle. La corruption y est légion et ce sont les détails qui contribuent à souligner la cruauté de ce monde : tant de gens qui recherchent la servitude car l’alternative est pire, tous trackés par des puces sous-cutanées… Tout montre un fonctionnement totalitaire de cette société. C’est vraiment avec ces détails qu’on apprécie l’ampleur de l’univers que Greg Rucka a créé.

En parallèle, Forever, en retrait, enquête sur une groupe de rebelles terroristes qui projette de faire exploser une bombe. Avec cette structure, on a l’impression d’une pause pendant la réflexion de Forever quant aux révélations de l’autre Lazarus qu’elle avait rencontré… Le calme avant la tempête ! C’est sûr, le prochain tome sera celui de la rebellion ! Et j’ai hâte de vous en parler !

Lazarus est sorti chez Glénat Comics : le tome 1 en avril, le tome 2 en août et le troisième est annoncé pour Août 2015.

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