Yallah Bye [Joseph Safieddine & Kyung Eun Park]

Par Charlotte @ulostcontrol_
Hello,
Yallah bye est né de l'association d'un scénariste franco-libanais et d'un dessinateur coréen. Cette bande-dessinée nous raconte l'histoire d'une famille coincée à Tyr pendant le conflit israélo-libanais de 2006.

Comme tous les ans, Mustapha El Chalawi emmène toute sa famille -sa femme et ses trois enfants- passer les vacances d'été à Tyr, une ville au Sud du Liban, près de la frontière israélienne, où il est né. L'année 2006 ne fera pas exception à la règle, mais cette fois ils ne seront que quatre à partir : l'aîné Guillaume les rejoindra un peu plus tard, après avoir passé un casting. Lorsque Mustapha, Anne et leurs deux enfants Denis et Mélodie arrivent à Tyr, les bombes ne tardent pas à tomber au sud de la ville. Alors que le père de famille ne s'inquiète pas de ces offensives israéliennes, « d'ici quelques jours, ça sera fini, crois-moi », « ça va se tasser, j'en suis sûr », Anna angoisse et veut à tout prix être évacuée. Resté en France, Guillaume va quant à lui suivre les événements à travers les médias, essayant tant bien que mal de communiquer avec sa famille.
Comme dans L'Arabe du futur, la figure du père est primordiale ici. Né au Liban, Mustapha y a aussi passé toute son enfance et la majeure partie de son adolescence. On découvre notamment à travers quelques planches semées ici et là sa jeunesse, son patriotisme, sa soif d'engagement politique et militaire et les conditions dans lesquelles il a quitté le Liban à la fin de son adolescence. Patriote optimiste, il refuse de céder à la peur et à la menace et ne veut pas quitter le pays avant la fin de ses vacances. Personnage très riche et complexe, tiraillé entre son devoir protéger sa famille et celui de protéger son pays, Mustapha est très intéressant à suivre, parfois agaçant mais très émouvant.
Point intéressant à savoir, il s'agit d'une histoire vraie : le scénariste Joseph Safieddine a été dans le même cas que Guillaume. Sa sœur, son frère et ses parents étaient retenus au Liban pendant que lui communiquait de manière très irrégulière avec eux et suivait en parallèle les informations à la télévision. Quelques planches nous donnent d'ailleurs une idée de la façon dont cet événement a été traité par les médias : le sujet est vite évincé au profit de l'affaire du coup de boule de Zidane... Même s'il n'est pas au cœur du conflit, le personnage de Guillaume est très bien décrit, ses sentiments sont peints avec un réalisme saisissant et ses réactions spontanées et entières font de lui un personnage bouleversant -j'ai eu plus d'une fois les larmes aux yeux avec lui. Finalement, le panel d'émotions est très large puisque chaque personnage, qu'ils soient principaux ou secondaires, voit et vit l'événement à sa façon.
Pour finir, les dessins sont quant à eux très réalistes. Les expressions des personnages sont parfois si réelles qu'elles en sont déstabilisantes. Les couleurs et les décors sont très parlants, la teinte bleutée qui domine les scènes françaises avec Guillaume est assez oppressante et très sombre. Les dessins donnent tout son rythme à cette bande-dessinée et en font une histoire très dense. Ayez le cœur bien accroché avant de commencer cette histoire.

Une très bonne bande-dessinée qui, en plus de mieux nous faire connaître la guerre au Liban, nous émeut grâce à ses personnages attachants et son scénario impeccablement ficelé et frappant de réalisme. Une histoire intelligente et subtile à mettre entre toutes les mains. N'hésitez pas à aller lire la chronique de Yaneck. Avez-vous lu cette bande-dessinée ? Pensez-vous qu'elle pourrait vous plaire ?



Comme tous les étés, Mustapha emmène sa famille dans son pays d'origine, le Liban. Retrouvailles amicales et soleil au programme. Mais nous sommes en 2006, à Tyr, dans le Sud du pays, et les bombes lâchées par Israël, au nom de la lutte contre le Hezbollah, ont tôt fait de transformer ces vacances en cauchemar... 24 ans plus tôt, dans une situation similaire, Mustapha s'était exilé en France. Que fera-t-il, cette fois-ci, entre impuissance et culpabilité... ?