3 polars suédois au banc d'essai

Par Charlotte @ulostcontrol_
Hello !
On se retrouve aujourd'hui pour inaugurer une nouvelle série d'articles (encore) mais autour du polar cette fois. J'ai en effet eu envie de vous faire un petit tour du monde du polar en vous présentant dans plusieurs articles trois auteurs de même nationalité. On commence tout de suite avec les fameux polars suédois !
La Princesse des glaces, Camilla Läckberg

Erica Falck, trentenaire  installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise où elle écrit des biographies, découvre le cadavre aux poignets tailladés d'une amie d'enfance dans une baignoire d'eau gelée. Impliquée malgré elle dans l'enquête, Erica est vite convaincue qu'il ne s'agit pas d'un suicide. Sur ce point -et sur beaucoup d'autres-, l'inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint.
Stimulée par cette flamme naissante, Erica se lance à la conquête de la vérité et met au jour, dans la petite société provinciale qu'elle croyait bien connaître, des secrets détestables. Bientôt, on retrouve le corps d'un peintre clochard -encore une mise en scène de suicide...

Erica Falck, écrivain, subit elle aussi la « malédiction de la page blanche » puisqu'elle ne trouve plus l'inspiration pour la biographie qu'elle doit rendre à son éditeur d'ici quelques mois.  Lorsqu'elle retourne dans le village de ses parents et apprend que son amie d'enfance Alexandra Wijkner est décédée (visiblement assassinée), elle ne peut s'empêcher de mener l'enquête et de fouiller dans le passé de la défunte -sans mentionner le fait qu'elle voit cela comme une opportunité pour relancer son imagination littéraire. C'est ainsi qu'elle va croiser le chemin de Patrik Hedström, inspecteur dans la police de Fjällback...
Mes sentiments sur La Princesse des glaces sont assez mitigés. L'enquête sur la mort d'Alexandra Wijkner n'est pas transcendante -le rythme est plutôt lent et les révélations ne sont pas stupéfiantes- mais elle est crédible, sympathique à suivre et assez prenante. Ce qui m'a davantage ennuyé et qui déplaira sans doute à certain(e)s, c'est le côté très féminin du roman. L'histoire d'amour entre Erica et Patrick est très présente (heureusement d'ailleurs qu'elle se passe bien, j'aurais eu l'impression que c'était une romance déguisée en polar sinon !), la référence à Desperate Housewives dans certaines quatrièmes de couverture explicite bien les choses et identifie clairement le lectorat ciblé. Le quotidien de l'héroïne est quant à lui décrit de manière assez méticuleuse, on peut d'ailleurs le considérer comme un point fort de ce livre : les personnages sont attachants, humains et leurs personnalités riches et fouillées, ils s'imposent donc naturellement comme des personnages que l'on aimera suivre dans les prochains tomes. Pas de sang, d'horreur, de scènes insoutenables ni de torture psychologique ici : tout se passe de manière très douce, et assez tranquillement. Une enquête classique, lente mais crédible, où la douceur des personnages vient estomper la brutalité du meurtre.
« Erica pensa aux pages du livre qui s'accumulaient chez elle. Pour l'instant elle n'avait qu'un recueil d'impressions et de comptes rendus mêlés à ses pensées et réflexions personnelles. Elle ne savait même pas quelle forme elle allait donner au matériel, elle savait seulement que c'était une chose qu'elle devait absolument faire. Son instinct d'écrivain lui disait qu'elle tenait là une occasion d'écrire quelque chose de sincère, mais elle ne savait absolument pas où se situait la frontière entre ses besoins en tant qu'écrivain et son lien personnel avec Alex. La curiosité indispensable pour pouvoir rédiger quoi que ce soit la poussait aussi à chercher les réponses de l'énigme de la mort d'Alex sur un plan plus privé. Elle aurait pu choisir de laisser tomber Alex et son sort. Tourner le dos à cette triste tribu entourant Alex et se consacrer à elle-même et à ses affaires. Au lieu de quoi elle se retrouvait là dans une pièce remplie de gens qu'à vrai dire elle ne connaissait pas. » p.117-118
la cinquième femme, henning mankell

Septembre 1994, l'inspecteur Wallander rentre de vacances et espère un automne calme. Mais il lui faut bientôt éclaircir une série de meurtres à donner froid dans le dos aux policiers les plus endurcis. Un vieil ornithologue a été retrouvé empalé dans un fossé, un autre, passionné d'orchidées, ligoté à un arbre et étranglé, le dernier, chercheur à l'Université, noyé au fond d'un lac. Pourquoi tant de férocité à l'égard de citoyens apparemment paisibles ? Et pourquoi ces mises en scène sadiques ? Parce que - selon U devise de Wallander - les êtres sont rarement ce que l'on croit qu'ils sont. Et si le crime était la vengeance d'une autre victime contre ses bourreaux ? Dans ce cas, l'inspecteur Wallander n'a plus qu'à se hâter pour empêcher un nouveau meurtre tout aussi barbare.


L'inspecteur Wallander revient d'un voyage à Rome avec son père lorsqu'on lui signale la disparition inquiétante d'un homme. Parallèlement à cela, un fleuriste disparaît lui aussi suite à une étonnante infraction dans son magasin... Quelques semaines plus tard, ces deux hommes sont retrouvés assassinés de manière assez violence. Kurt Wallander va mobiliser toutes ses équipes, toutes ses forces et toute son énergie pour résoudre ces meurtres qui font trembler la petite ville d'Ystad.
J'ai pris ce roman d'Henning Mankell sur un coup de tête : aveuglément, j'ai fait confiance à la promesse éditoriale qui le vendait comme un « polar culte ». En effet, il faisait partie d'une sélection de neuf livres réédités en édition limitée à l'occasion des 35 ans du polar chez points et décrits comme « incontournables » ou « à lire absolument ». Je ne vais pas tourner autour du pot bien longtemps : La Cinquième femme est une sacrée déception ! Déjà, ce n'est pas que le rythme du roman est lent, c'est qu'il est carrément inexistant. L'intensité que l'on trouve dans les premiers chapitres retombe bien vite et l'enquête n'avance pas, les policier tâtonnent tellement qu'à la moitié du roman, on est toujours au point mort. Ensuite, les enquêteurs font souvent référence à l'enquête précédente (et donc au tome précédent de la série : Le Guerrier solitaire). A tel point que, mourant d’ennui, j'ai eu envie de fermer mon bouquin pour commencer celui d'avant ! Mais l'envie m'est définitivement passée lorsque l'auteur m'a bien gentiment spoilé la résolution de l'enquête antérieure (ça, c'est fait). De même, j'ai trouvé les épanchements sentimentaux du héros sur sa vie familiale et sentimentale assez agaçants au milieu d'une enquête qui fait du sur place.
Et surtout : cerise sur le gâteau, goutte d'eau qui fait déborder le vase : est-ce que c'est normal qu'on passe 200 pages (sur 600) sur la piste des mercenaires, qui s'annonçait assez originale et inédite, mais qui n'a mené à RIEN ? Qu'on ouvre le roman sur une super scène de meurtre en Algérie et qu'on n'en fasse rien ?A noter quand même : la personnalité de Wallander est bien creusée, et les descriptions de la situation sociale et du climat d'insécurité en Suède assez intéressantes et plutôt bien développées ! Finalement, le dénouement très décevant et conventionnel du mystère, l'ennui que j'ai ressenti pendant la lecture et toutes les promesses non tenues font quand même de ce roman un polar lent et fastidieux qui est loin de m'avoir convaincue.
« Il lui fallut plus de deux heures pour récapituler les meurtres de façon approfondie - en essayant de piloter deux navires à la fois. Il cherchait sans cesse le point de contact qui devait nécessairement exister. Il était plus de onze heures du soir lorsqu'il posa son stylo-bille. Il était parvenu à un état de réflexion où il ne pouvait plus progresser.
Mais il était sûr de son fait. Le point de contact existait. Simplement, ils ne l'avaient pas encore trouvé.
Et puis il revenait sans cesse à cette observation d'Ann-Britt Höglund. Il y avait quelque chose de démonstratif dans la manière de procéder. » p.250
incurables, lars kepler

Une jeune fille est assassinée ans la chambre d'isolement d'un centre de réhabilitation psychiatrique. Elle porte les traces de violents coups à la tête. Dans la grange voisine, on découvre le cadavre de l'infirmière de garde cette nui-là, tuée à coups de marteau. Dépêché sur les lieux, l'inspecteur Joona Linna s'aperçoit rapidement que l'une des pensionnaires, Vicky Bennet, manque à l'appel. Sous son lit on retrouve des draps ensanglantés, et sous l'oreiller un marteau maculé de sang. Peu après, on signale le vol d'une voiture à bord de laquelle se trouvait un enfant de quatre ans. Les descrptions confuses fournies par la mère d"semparée correspondent au signalement de Vicky... Mais qui est cette Vicky Bennet ? De quoi est-elle capable ? C'est le début d'une terrible course contre la montre, qui va mettre  mal les intuitions de Joona Linna. Avec Incurables, Lars Kepler continue de sonder le tréfonds du psychisme humain et signe une nouvelle foi un polar effréné aussi imprévisible que son héros.

La nuit est sur le point de tomber sur Birgittagarden. Toutes les pensionnaires de cet hôpital psychiatrique pour adolescentes sont dans leur chambre, sauf Miranda, qui est en cellule d'isolement après s'être bagarrée avec Tuula. Elisabet, l'infirmière de garde ce soir-là, s'apprête à prendre du Stilnox pour pouvoir dormir lorsqu'elle entend un bruit dans le couloir, qui semble provenir de la chambre d'isolement. Lorsqu'elle comprend qu'elle vient être le témoin d'un meurtre, Elisabet essaye de fuir mais il est trop tard. Le lendemain matin, les pensionnaires découvrent le corps de Miranda dans la chambre d'isolement ensanglantée. Lorsque l'inspecteur Joona Linna arrive sur place pour mener l'enquête, il constate la disparition de Vicky Bennet, qui devient rapidement la principale suspecte...
Je suis très contente de terminer cette sélection de polar suédois par ce livre, car je l'ai adoré ! Ce polar de Lars Kepler (pseudonyme sous lequel se cache un couple d'écrivains) est absolument génial. Objectivement, le mystère autour du meurtre n'est pas particulièrement original, mais l'atmosphère créée par l'écriture des auteurs est in-cro-yable. Un hôpital psychiatriques pour jeunes adolescentes, quelques pensionnaires vraiment étranges, des scènes sanglantes, des chapitres très courts et très rythmés, de l'action,... ajoutez à cela une médium qui voit des apparitions de Miranda, et vous ne pourrez plus dormir le soir ! Ca a en tout cas été mon cas. Alors que j'avais quasiment mis une semaine pour lire chacun des deux polars précédents, j'ai dévoré celui-ci en deux jours ! J'ai découvert en Joona Linna un héros de polar attachant, charismatique et qui a l'air d'avoir une histoire personnelle passionnante et aussi terrifiante à suivre que celles des meurtres qu'il doit résoudre. C'est donc un héros que j'ai très hâte de découvrir plus amplement en lisant les trois autres livres dans lequel il est mis en scène. En bref, Incurables est un excellent roman que je vous conseille si vous aimez vous faire peur et si vous raffolez de polars dynamiques et bien rythmés !
« La zone réservée aux filles est silencieuse. Une odeur acide flotte dans le couloir, elle lui rappelle quelque chose de métallique. Elisabet tente de discerner des mouvements dans l'obscurité mais tout semble calme. Elle est étrangement attirée vers la rangée de portes qui desservent les chambres et remarque que certaines d'entre elles sont entrebâillées.
Sur la droite, juste à côté des toilettes, dans le renfoncement de la chambre d'isolement où dort Miranda, une faible lueur s'échappe du trou de la serrure.
Elisabeth retient sa respiration. Une voix chuchote derrière une des portes mais s'interrompt dès quelle se remet à avancer.
- Taisez vous maintenant, ordonne-t-elle. » chapitre 3, p.17
Avez-vous lu certains des auteurs présentés ici, ou d'autres auteurs de polars suédois ? Qu'en pensez-vous ? Avez-vous un pays de prédilection pour les polars ?
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