Une page, un dessin accompagné d’une courte phrase, chacun illustrant à sa manière, l’anxiété paralysante de l’écrivain confronté à la page blanche, c'est-à-dire au manque d’inspiration. Sur la forme, nous dirons que le dessin est du genre basique, ce qui n’interdit pas qu’il soit expressif grâce à un petit détail qui fait toute la différence comme une goutte de sueur indiquant la peur panique, ou bien un mince bout de langue signifiant que le personnage s’applique à bien faire.
Soyons honnête, on ne rit pas toujours immédiatement devant un dessin de Kamagurka. L’auteur pratique le nonsense, un peu dans la lignée de Glen Baxter, cette forme d’humour au caractère absurde et paradoxal, devant lequel le lecteur ne peut que : soit détester, car il n’y comprend rien et ne voit pas ce qu’il y a de drôle là-dedans, soit se réjouir, avec ce petit plus qui fait la différence, d’abord parce qu’il trouve cela amusant et en plus parce qu’il se sent valorisé d’avoir pigé l’humour du dessinateur. Pour vous dire que dans ce recueil, certains dessins m’ont amusé immédiatement, d’autres après relecture et réflexion et que quelques uns m’échappent encore… Précisons aussi, qu’il en est quelques uns qui ne peuvent être compris que par le titre de l’album dans lequel ils sont inclus, isolés de ce contexte, ils resteraient bien mystérieux, je crois.
L’avantage avec ce genre d’album, c’est qu’il est nécessaire de le lire et le relire pour en tirer toute la substantifique moelle, une seule lecture ne pouvant en épuiser toutes les astuces.