Les 100 – Tome 1

Par Loulou Coco

   

   Les 100 – Tome 1, de Kass Morgan

L’espace a toujours sonné comme un doux rêve inaccessible aux oreilles des Hommes. Pour les héros de la saga que je vais vous présenter aujourd’hui, cela sonne plutôt comme une prison.

Laissez-moi vous présenter cette saga. Le premier tome est sorti en février 2014 chez nous et en 2013 dans son pays d’origine. Depuis, j’avais toujours lorgné dessus en librairie et lorsque je me suis mise à y travailler la tentation a été très forte, d’autant plus que mes collègues le conseillaient avec enthousiasme. Alors j’ai fini par craquer … et ce fut un plaisir.

Tout le problème de travailler dans une librairie quand on aime lire …


Le pitch de départ est pourtant banal. Dans un futur apocalyptique, la Terre a été délaissée par les derniers humains au profit de l’espace. De par les nombreuses guerres nucléaires qui y avaient éclatées, la planète devint un lieu hostile, où même l’air était toxique. Mais voilà qu’un siècle plus tard, le gouvernement se met en tête d’aller recoloniser ses anciennes terres et envoie en éclaireurs 100 jeunes prisonniers, tous condamnés à mort, leur offrant là une ultime chance de rédemption.

Comment ça « mauvais film » ?!

Je ne vais pas vous dire si la rédemption est acquise, parce que, de un, je ne veux pas vous spoiler, et de deux, je n’en sais rien ^^. En fait, quoi que le roman fasse 363 pages, l’action n’est pas menée sur les chapeaux de roue. On prend le temps de poser le décor, de présenter les personnages et on termine, comme il est maintenant d’usage dans une saga, par un cliffhanger (c’est-à-dire un événement qui vous laisse stupéfait et qui appelle à une suite). Je ne dis pas pour autant que l’action est exclue du roman, c’est faux. On a le droit à des scènes de course poursuite, de prise d’otage, d’enlèvement et d’exploration périlleuse, le tout canalisé par une écriture à la fois simple et directe. On se perd rarement en description poétique et on laisse plus de place aux sentiments.

Quand tu réalises que tu vas devoir aller acheter les autres livres pour connaître la suite

Ces sentiments d’ailleurs sont le nerf de guerre de ce premier tome. Pour moi qui ai développé une petite allergie aux romances niaises, c’était un peu trop. Mais je comprends parfaitement l’attrait que cela peut avoir pour tous les autres lecteurs. Chaque personnage, à une exception près, voit son passé amoureux fouillé. De nouvelles amourettes se mettent également en place sur Terre. Cependant, à la décharge du livre, je dois dire que l’amour n’est pas toujours synonyme de bonheur, et cela évite donc que le livre se transforme en véritable « harlequin » pour adolescents.

Si le livre ne se distingue pas en terme de scénario (des jeunes qui doivent se battre pour survivre dans un millieu hostile), il a tout de même le mérite d’être original sur la forme. Chaque chapitre amène le point de vue d’un personnage différent. Dans ce premier tome, on en suit quatre : Wells, Clarke, Bellamy, Glass. Deux filles et deux garçons qui devront apprendre à se faire confiance. Seul le cas de Glass est différent, puisque c’est le seul point de vue qui nous permet de suivre ce qui se passe dans l’espace. Avec cette diversité de narrations, on gagne en profondeur de personnage. On apprend à connaître chacun plus intimement et on se surprend très vite à vouloir sauter un chapitre pour retrouver son personnage préféré.
Outre cela, chaque chapitre (ou presque) nous offre également un flashback qui permet de mieux comprendre comment le personnage en question en est arrivé là où il est aujourd’hui. C’est une très bonne manière d’étoffer les personnages, de leur donner de la profondeur. Si les premiers flashbacks ne nous montrent pas grand chose, ceux des derniers chapitres sont bourrés de révélations chocs (je pense notamment à celui de Wells pour ceux qui auraient déjà lu le livre) et peuvent changer notre vision des personnages.  

Tu n’as pas osé faire ça quand même ? Ah bah si.

Ce qui m’a plu également dans cette histoire, c’est le côté science-fiction spatiale, qui est quand même sous-développé dans le monde éditorial jeunesse actuel. On voit donc ici la vie dans une navette spatiale, les contraintes que cela impose et les spectacles qu’une vie dans l’espace peuvent offrir.

Bon, il faut quand même que je vous parle d’un gros point négatif sur ce premier tome, et cela ne peut pas être imputé à l’auteur. La traduction française regorge de coquilles (fautes dans le langage éditorial), coquilles qui ne sont pas forcément des fautes de grammaire ou d’orthographe. Une seule relecture sérieuse aurait pu par exemple éviter l’erreur de prénom qui s’est glissée à la page 140. Et ne parlons même pas de la construction de cette phrase page 21 : « une fois que le jeune homme a eu découvert que » qui revient plusieurs fois et qui est très, très, moche à lire. Toutes ces coquilles gênent la lecture par leur fréquence. Bon, vu que je ne suis pas la seule à avoir soulevé ce point, j’espère grandement que l’éditeur va corriger tout cela si réédition il y a.

Parce qu’un bon livre avec ce genre de coquilles, c’est comme un bon jeu vidéo avec ce genre de bug

Les 100 débute donc une saga prometteuse qui tient en haleine grâce à un style concis et des personnages fouillés. J’attends de voir ce que cela va donner par la suite. Je reviendrai bien sûr vers vous dès que j’aurai pu me faire une idée.

Sachez également que face au succès du livre aux Etats-Unis, une chaine américaine (la CW) a décidé d’adapter la saga en série. Aujourd’hui, la saison 2 vient de se terminer. Je n’ai pas encore eu le temps de la regarder et après la lecture du premier tome, je pense attendre d’avoir fini la saga complète avant de me lancer. Il paraît que seule la trame principale et les noms des personnages ont été conservés … je vous en dirai plus lorsque j’aurai jeté un coup d’œil.

La série a plutôt l’air prometteuse

Le Recap':

Points positifs :

  • Un thème très peu utilisé dans la littérature jeunesse qui tient toutes ses promesses
  • Des personnages fouillés et humains
  • Plusieurs personnages principaux qui permettent de s’identifier plus facilement
  • Une forme narrative avec flashback originale

Points négatifs :

  • Trop d’histoires d’amour (mais bon, ça peut très bien aller dans les points positifs pour certaines personnes)
  • Des coquilles qui gênent la lecture

Bonne lecture les cocos !


Auteur : Kass Morgan
Editeur : Robert Laffont
Date de parution : janvier 2014
Public cible : A partir de 15 ans