Route 78 (récit complet)

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Route 78″

Scénario de Eric Cartier & Audrey Alwett, dessin de Eric Cartier

Adultes/Adolescents

Style : Récit de voyage
Paru chez « Delcourt », le 11 mars 2015,
176 pages couleurs, 19,90 euros

L’Histoire

New-York, 1978. A cette époque, un joint coûte un dollar, le prix d’un cheese’. Au lieu de se remplir le ventre, Eric et Pat dépensent leur argent en fumette…
Avant de plonger dans le tourbillon de la vie bien rangée, Eric a convaincu sa petite amie Pat, de le suivre pour un road-trip américain. Le point de mire : San-Francisco, le “paradis de la génération Beatnik” !
En arrivant à NY, les petits français claquent (trop rapidement) les quelques dollars en poche dans un cab’. Ils enchaînent sur leur premier plan galère. Le couple qui devait les héberger pour quelques jours est en pleine scène de ménage, et aucun d’eux ne semble s’intéresser à leur cas…
Les jours suivant, ils visitent la grosse pomme, en gagnant quelques dollars, grâce au talent de caricaturiste d’Eric.
Regonflé, ils s’apprêtent à repartir en jouant les auto-stoppeurs, à travers les 5.000 bornes de bitumes qui les séparent de leur destination…

 » On the road again… …On the wild side… Hit the road, Jack »

Ce que j’en pense


Une histoire simple ? Un road-trip à travers les Etats-Unis, avec des bouts de vie dedans, ça vous tente ? C’est la promesse de “Route 78”, le nouvel album d’Eric Cartier, entamé sous l’impulsion d’Audrey Alwett.
Mais attention, si le voyage se base sur les souvenirs d’Eric, en 78, il ne se la joue pas Baba-cool nostalgique !
Quatre ans de travail et une mise-à-nu intégrale, c’est le parti-pris qu’ a adopté Eric Cartier. Nourri aux anecdotes personnelles et bourré de références (films et musique Yankee), il nous fait partager sa vérité, son quotidien de l’époque, avec une franchise désarmante.
Succession de petits moments, mais surtout de rencontres improbables (Les Ex-Gi’ qui tirent à la courte-paille celui qui va tuer un mec ; le routier qui rejoue “Duel”…), c’est une galerie délirante et en même temps très crédible…

Coté personnel, Eric ne nous épargne rien. Les galères, la came, l’alcool et surtout, surtout l’amour indestructible qu’il porte à Pat, sa came à lui. C’est certainement en cela qu’il m’a touché. Toutes ces émotions, il les fait partager par le petit bout de la lorgnette, par un geste, un regard échangé, un moment qui passe.
Et puis, il y a l’Amérique. Le fantasme absolu de cette génération qui rêvait d’y aller, de voir plus grand, plus loin.. et la réalité aussi, avec ses inégalités, sa pauvreté, sa crudité… Eric Cartier nous plonge directement dans cette “Amérique Seventy” pleine de contradiction, aussi “aimable” qu’haïssable.
Les dialogues sont un mélange de “Frenchy” (discutions et pensées en voix-off d’Eric et Pat) et de “Yanky” souvent cru. Si vous êtes allergiques à la langue de Shakespeare, passez votre chemin.

Coté dessin, là aussi, il y a du bon. Son trait nerveux semi-réaliste, prolonge l’énergie. Le tout est magnifié par la mise-en-couleur sensible de Pierô Lalune.

Pour résumer, Eric Cartier nous livre un tranche de vie sans concession, qui m’a fait sourire, pleurer, ému. Sans être dans le trip “Kerouac”, ni beatnick, j’ai beaucoup aimé ce gros pavé (180 pages) simple et vrai.


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Cet article fait parti de « La BD de la semaine », hébergé sur « Un Amour de BD » cette semaine.

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