La fractale des raviolis - Pierre Raufast ***

Par Philisine Cave
Motivée par Miss Léo, j'ai emprunté illico La Fractale des raviolis à la biblio ! J'ai bien fait, même si tout n'est pas parfait (que de rimes, que de rimes !) « Je suis désolé, ma chérie, je l'ai sautée par inadvertance. »
Avec cet incipit d'enfer, il est clair que ce roman à multiples facettes avait tout pour me plaire. Il débute par un couple en fâcheuse position, à savoir : l'épouse désire commettre le crime parfait sur son mari infidèle et empocher la prime d'assurance qui va avec. Malheureusement pour elle, le petit voisin s'invite au dîner empoisonné et notre future criminelle a tout de suite mauvaise conscience. Alors on quitte le trio sur ce suspense insoutenable (va-t-elle tuer son mari et l'enfant aussi ?) pour un souvenir olé olé de la donzelle avec son père etc.

image d'une fractale captée sur le site On peut le faire

Les histoires s'imbriquent les unes aux autres à l'aide d'un détail ou d'un personnage : telles des poupées russes, on les découvre en laissant en chemin un bout des anciennes inachevées. Puis on recolle les morceaux en remontant l'histoire en sens inverse. Ce roman est une sorte de jeu d'enfant : on déconstruit pour rebâtir derrière.
Le titre résume assez bien le procédé même si, ici, le mot fractale n'est pas employé de façon mathématiquement correcte (puisque cet objet mathématique est la conséquence physique d'un phénomène qui se répète à l'infini, quelle que soit l'échelle considérée). Là, malheureusement, l'histoire s'arrête et je dirais même que le procédé s'estompe bien avant le dénouement (à mon grand regret) !

image d'une fractale captée sur le site Futura Sciences


Bien sûr, Pierre Raufast tient en haleine son lectorat, même s'il l'éloigne provisoirement du couple originel. Il décrit différents protagonistes (en particulier, des criminels de la pire espèce, dont un clone de Jean-Baptiste Grenouille, tueur en série du très grand Le parfum de Patrick Süskind) et montre un certain goût pour le gore. Les portraits relancent à chaque fois l'intrigue, qu'on ne voit pas passer (et c'est bien un avantage indéniable : le bouquin se lit à la vitesse grand V et est adapté à tout type de lecteurs : les assidus, les occasionnels, les pas motivés, les avides).

image de fractale captée sur le site QuestMachine

Après, ce qu'on en retiendra ?  Un moment agréable de lecture, une dispersion de l'intrigue et surtout un beau foutage de gueule (parce que l'auteur avec une pirouette monumentale n'a pas délivré tous les secrets : comme cela, il ne risque pas la sentence de la logique et surtout de devoir formuler tous les mystères proposés dans l'intrigue !). Pierre Raufast semble profiter de La fractale des raviolis pour tenter différents registres littéraires (la SF, le thriller, la littérature du XVIIIème, ...) sans chercher à convaincre dans aucun d'eux. Il s'amuse, nous distrait, fait sourire et ce n'est déjà pas si mal ! Mais à trop vouloir en faire, il pose une fin grandiloquente plus que bâclée (plus exactement, du rubis aux raviolis) et assez frustrante ! Du coup, une étoile envolée (oui, je reste intraitable, même en cas de première œuvre). 
En bref : bien mais peut largement faire mieux ! 
Éditions Alma
Rentrée littéraire septembre 2014
emprunté à la biblio (mais cela, vous le saviez déjà !)
Mon A. le lit et semble du même avis que moi !
avis : Miss Léo, Geronimo, Keisha, Yohan, Noukette, Leiloona, Hélène,
et un de plus pour le challenge de Piplo et de Daniel.