La mauvaise joueuse - Victor Jestin
Flammarion
Parution : 20/08/25
Pages : 160
Isbn : 9782080469151
Prix : 18 €
Présentation de l'éditeur
« Jusqu’alors, je ne jouais plus. Ni aux échecs ni aux cartes ni au bowling, ni à rien. Disons que sinon je m’impliquais un peu trop fort. »
Un soir de semaine comme les autres, Maud, une jeune femme à la vie bien rangée, provoque un accident de voiture et prend inexplicablement la fuite. Paniquée, elle erre sur la route et trouve refuge dans un bowling. C’est le début de trois jours de cavale, et surtout de rechute dans une très vieille addiction, celle de jouer, à tout, frénétiquement. Des environs pluvieux de Saint-Nazaire au village lointain de son enfance, le périple de Maud prend l’allure d’une fugue existentielle.
Sur un rythme effréné, Victor Jestin raconte la lutte d’une femme contre une passion infernale, et interroge la place du jeu dans nos vies.
Victor Jestin
Jean-Philippe Baltel © Editions Flammarion
Mon avis
Maud, la trentaine, en couple avec Yann depuis sept ans, tout va bien dans sa vie, elle a même des projets de famille. Pourtant elle va sombrer.
Il a suffi d'un vieux téléphone prêté, le jeu Candy Crush apparaît, rien qu'une partie, se dit-elle, elle se glisse dans la faille et retombe dans ses tourments. Elle joue, prend le volant et continue sa partie, inévitablement c'est l'accident.
La peur, la fuite, la culpabilité, elle est partie en marchant, aperçoit un bowling, un vrai, rien qu'une partie et puis je rentre.... Maud est emportée dans ses travers, gamine elle a toujours aimé jouer, aimer les règles, les respecter, déteste les tricheurs. Elle retrouve les sensations, cette envie de gagner, d'être la meilleure à tout prix. Partagée par l'envie de rentrer, d'avouer ses fautes, de reprendre la vie normale mais il y a cette emprise, plus forte que sa volonté, la spirale des jeux quels qu'ils soient; fléchette, foot, fête foraine, Monopoly, épervier.
Retour sur son enfance, son père, le rapport au jeu.
L'écriture est toute en tension, on ressent l'addiction, ce besoin, cette nécessité de jouer. La plume est précise, nerveuse en cadence. Intéressant mené comme un thriller avec un twist final qui ne m'a pas vraiment convaincue.
Une belle lecture.
Ma note : 7.5/10
Les jolies phrases
J'aimais suivre les règles comme d'autres aiment suivre la loi, la morale ou les mouvements secrets de leur cœur. Tous ces chemins sans doute menaient au même endroit. Je suivais les règles pour être heureuse.
Ma mère et quelques gentilles personnes naïves disaient, pour me rassurer : Sers-toi du jeu, mobilise tes capacités, collectionne et aime les amis comme tu sais le faire avec tes figurines, cours après les bonnes notes comme après les ballons, retiens les formules mathématiques comme tu retiens les cartes au Memory. Elles omettaient l'ennui, l'incohérence, la tristesse de cet horizon, sa force annihilante. La vie n'était plus un jeu.
Un jour, je saurais me contenter d'une promenade, d'une étreinte ou d'une conversation.
Ma mère avait raison depuis le début. Elle m'avait dit une fois, en colère : Maud, dans mauvaise joueuse, il y a mauvaise, le jeu te rend mauvaise, le jeu révèle le mal en toi, regarde-toi, ma chérie, regarde dans quel état tu te mets, tu dois t'arrêter, un jour sinon ce sera trop tard, tu sais, on peut faire des choses terribles par envie de jouer, par envie de gagner, pense aux guerres, aux dictateurs, aux bombes atomiques, de quoi est-ce que ça part, tout Ça, à ton avis ?