L'amour de A à Z de S.K. Ali

Par Bib Hlm @bibHLM

Résumé :D'un côté, il y a Zayneb, qui a été exclue de son lycée pour avoir dénoncé l'islamophobie de son professeur en plein cours. Elle décide alors de partir chez sa tante à Doha, au Qatar, pour commencer ses vacances de printemps en avance. Se sentant coupable d'avoir en plus causé des ennuis à ses amies activistes, Zayneb est déterminée à devenir une meilleure version d'elle-même : une personne qui tient sa langue.De l'autre côté, il y a Adam, qui a arrêté d'aller en cours depuis qu'il a appris qu'il est atteint d'une sclérose en plaques, la même maladie dont est décédée sa mère. Pour pouvoir passer plus de temps avec son père et sa sœur, il décide de rentrer à Doha. Mais il est aussi déterminé à cacher son diagnostic à son père, toujours en deuil.Devant les autres, Zayneb et Adam jouent un rôle, cachant ce qu'ils pensent réellement entre les pages de leurs journaux intimes.
Puis la plus merveilleuse des étrangetés se produit : Adam et Zayneb se rencontrent...
Mon avis :Quelle histoire !J’ai adoré. Avant même de commencer, je savais que j’allais aimer, mais je ne m’attendais pas du tout à cette direction dans l’intrigue !
Adam et Zayneb sont vraiment des personnages à part entière : leur arc narratif est dense, et chacun porte en bandoulière une pagaille de choses à régler.D’une certaine manière, il s’agit de résilience pour tous les deux : d’un côté, de l’ordre de l’intime, et de l’autre, de l’ordre politique (et bien sûr, l’intime est politique et inversement).Sous prétexte de leur histoire, l’autrice nous parle de la paix que l’on trouve dans l’islam, de la régénération qu’on peut y puiser dans l’épreuve.Et elle nous parle aussi d’islamophobie, de la pensée suprématiste dominante, de la violence ordinaire, de la bataille quotidienne pour le respect et la liberté d’être soi.Elle nous parle de colère. Elle nous parle de sororité. Elle nous parle de paix aussi, celle qu’on trouve dans la religion et qu’on partage avec celles et ceux qui savent écouter.
Romance oblige, la combinaison Adam–Zayneb est douce et délicate. Ensemble, ils se complètent dans une sorte de sérénité qui rend leur approche adorable à souhait.Ils n’ont pas le même rapport au monde, et pour Adam cela va au-delà du privilège d’être un homme. En plus, physiquement, il n’est pas immédiatement assigné au monde arabo-musulman, et son capital social lui confère aussi un privilège de classe.Zayneb porte le voile, et les femmes qui le portent dans la société actuelle sont des cibles de toutes parts ; les expériences vécues par Zayneb n’en sont qu’un échantillon.Quand ils confrontent leurs points de vue, l’étincelle est pertinente (et c’est rare qu’un troisième acte de séparation me semble aussi justifié !).
J’ai adoré, parce que c’est doux sans être niais.
Au plaisir.