Une écorchure

Par Henri-Charles Dahlem @hcdahlem

En lice pour le prix Révélation d’automne 2025 de la Société des Gens de Lettres

En deux mots
Agrégation réussie, fête entre amis, vacances en Grèce en vue. À 25 ans, l’avenir s’ouvre enfin. Puis une tache de sang apparaît. Un cancer du sein. Agressif. Tout s’effondre. Le corps devient champ de bataille. La narratrice devient Genevièy, une jeune vieille. Entre chimio, ablation et reconstruction, elle doit réinventer sa grammaire du monde.

Ma note
★★★ (bien aimé)

Ma chronique

Quand la vie bascule

Marianne Gokalp signe un premier roman aussi dérangeant que lumineux. L’histoire d’une jeune femme foudroyée par la maladie au seuil de sa vie d’adulte, et qui traverse l’épreuve avec une lucidité rare. Un texte qui frappe par sa justesse, sa langue et son refus de tout pathos.

C’est l’histoire d’une jeune femme qui, après des études très intensives, vient de réussir son agrégation. Désormais elle peut exulter, faire la fête avec des amis, partir en vacances en Grèce et même envisager de rejoindre le couple qui lui a proposé une chaude soirée à trois. Seulement voilà, dans cette atmosphère joyeuse et le bel avenir qui s’esquisse, une petite tache va venir tout gâcher. Une petite tache de sang sur un sein, « comme la fin d’un point d’interrogation ». Le diagnostic qui tombe après les examens prescrits est sans appel : « tu avais un cancer du sein très agressif et qu’il faudrait amputer le sein malade, puis entamer une chimiothérapie. »
La sidération. Le monde qui s’arrête net.
« Dans une simultanéité parfaite et parfaitement cruelle, le hasard avait substitué une vie pour une autre, un commencement pour un autre. Tu n’allais pas être une jeune femme commençant sa vie active. Tu allais être une vieille dame aux os de verre. »
Voilà Genevièy. Contraction terrible de jeune vieille, identité hybride, figure de résistance et d’ambiguïté. Car comment être jeune quand le corps vous lâche ? Comment projeter quand la mort s’invite au quotidien ? La narratrice traverse ce basculement avec une conscience aiguë de l’absurde. Elle qui devait construire des souvenirs de jeunesse va « s’aliter et regarder cette jeunesse passer ».
Le combat commence. Ablation du sein. Chimiothérapie. Le corps devient territoire médical, quadrant après quadrant. « Un quadrant pour ton médecin, c’est le quart d’un sein. » Les mots changent. Galactorragie. Nécrose majeure. Quadrant inféro-externe. « Puisque ces mots définissent ta vie, il est bon de savoir de quoi l’on parle. » La patiente devient linguiste de sa propre maladie, déchiffre la langue clinique, s’approprie son vocabulaire de survie.
Autour d’elle, les autres. Elle disparaît de leur monde. Coupe les ponts. Rebaptise un contact : « Ne pas répondre ». Car comment dire l’indicible ? « Le seul plan à trois dont F et toi alliez faire l’expérience, c’était celui avec la mort. »
Et puis il y a les soignants, les mauvais et les bons qui « savent remplir le patient d’espoir dans l’avenir ». Il y a les patients aussi, ceux de l’hôpital de jour en oncologie, qui comprennent sans mots. Entre malades, une solidarité silencieuse se tisse. Eux seuls habitent ce monde-là.
Ce qui bouleverse dans ce texte, c’est d’abord le refus de la plainte. Jamais la narratrice ne se lamente. Elle accuse, oui, dans un réquisitoire halluciné qui fait défiler Tchernobyl, « la bidoche » paternelle, Churchill et son « no sport », la pilule avalée pendant huit ans, le vingtième siècle « qui se croit encore chez lui ». « Je m’accuse moi-même, puisque in fine mes cellules ont joué aux immortelles. » Mais elle assume. Avance. Résiste. Se reconstruit. « La destruction est finie, le règne des Re va commencer. Reconstruire. Reconquérir. Revenir. »
L’écriture de Marianne Gokalp sonne juste. Avec une liberté de ton rare, une pudeur qui n’empêche pas l’intensité et même une poésie sous-jacente elle nous fait partager son vécu. Les phrases sont ciselées, tranchantes. « C’est l’heure-pas l’heure de mourir. Cela n’a aucun sens et c’est exactement cela. » La maladie défie le langage, alors le langage se réinvente. Et le choix de la deuxième personne pour raconter ce drame crée une distance nécessaire, une manière de se regarder vivre de l’extérieur.
Ajoutons la bande-son du roman, ce « Space Oddity » et le Major Tom de David Bowie. Ce cosmonaute perdu dans l’espace, flottant hors de tout contrôle est la métaphore parfaite de ce corps qui dérive, de cette vie qui s’échappe.
Ce livre interroge notre rapport à la maladie, à la jeunesse, à l’identité. Il rend hommage à celles et ceux qui accompagnent, soutiennent, soignent. Il refuse la facilité du récit lisse, choisit l’exigence, la complexité, la vérité. C’est une lecture dérangeante et lumineuse, crue et poétique, tranchante et tendre.

Une écorchure
Marianne Gokalp
Éditions du Canoë
Premier roman
144 p., 16 €
EAN 9782487558106
Paru le 17/09/2025

Où ?
Le roman est situé principalement en France, à Paris. On y évoque aussi des voyages au Japon et au Québec.

Quand ?
L’action se déroule de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Une écorchure est l’histoire de la chute et de la métamorphose d’une femme de vingt-cinq ans qui apprend qu’elle a un cancer alors qu’elle vient de réussir le concours pour devenir professeure. En cinq brefs chapitres, la maladie se décline à travers des mots. C’est une nouvelle langue qu’elle doit déchiffrer désormais, car soudain, la grammaire familière n’a plus cours. Tout doit se réinventer. C’est aussi le récit des gens qui soignent, des absences qui brûlent et de la littérature comme une embarcation salvatrice. Nombreux sont les textes sur la maladie mais rares sont ceux qui l’abordent en pulvérisant les codes du récit. Observer la chute tout en ordonnant le chaos, tel est l’exploit de ce premier livre hors du commun.

Les critiques
Babelio 
Wukali (Émile Cougut) 
Actualitté (Martine Roffinella) 
Blog Mes écrits d’un jour 
Blog Des mots pour toujours 

Les premières pages du livre
« I. Ce mot dormait en plein soleil
1.
Dans ton agenda 2011-2012 de onze centimètres sur sept estampillé University of Cambridge en lettres d’or sur fond lie-de-vin, agenda dont l’utilisation à Paris prolongeait l’enthousiasme et l’orgueil que tu avais pour cette université où, l’année précédente, tu avais conclu ton Master, il y a marqué, à la date du 6 juillet 2012, soirée ENS Mayflower. À cette date les résultats des oraux de l’agrégation d’anglais n’étaient pas tombés ; vous les attendiez dans une atmosphère électrique, culminant quatre jours plus tard avec le rafraîchissement compulsif de la page Publinet.fr, jusqu’à la nausée, suivie de la liesse à la lecture de vos noms parmi les lauréats. Vous, c’était cette bande ayant préparé le concours ensemble, petite promo d’à peine quinze têtes, plus d’auditeurs libres que de normaliens, liés par une sympathie sans distinction.
Le 14 juillet, quatre jours après les résultats, une toute petite tache, rouge-noirâtre, se déposait sur ton soutien-gorge, comme la fin d’un point d’interrogation dont le début t’aurait échappé.
Entre le 6 et le 14, avant le point de sang, vous êtes ressortis ensemble, la petite promo et toi, dans l’intention de fêter votre réussite autant que la fin de cette année passée à étudier plutôt qu’à vivre.
Parmi les étudiants, il y avait une fille.
Elle et toi étiez assises sur les pierres blanches des quais de Seine ; vous aviez encore l’âge d’y échouer en fin de soirée. Au cours de la soirée, l’alcool et la joie ont créé une proposition, les regards rendus brillants par l’ivresse de ces jours en suspens. Si F. ton aimé, vous rejoignait, on verrait bien. D’accord, fit-elle.
Finalement vous n’avez rien vu. Les développements de la soirée firent qu’on en resta là, se quittant tous les trois vaguement déçus par l’occasion manquée, vaguement soulagés aussi, car la mécanique n’est jamais — et tant mieux — assez huilée pour ces propositions-là.
Ton point d’interrogation qui saignait, tu le montras à un gynécologue. Tu étais très inquiète ; il ne l’était pas. Tu voulais reporter tes vacances en Grèce ; il t’a dit
Partez tranquille.
Quelques semaines plus tard, on t’apprenait que tu avais un cancer du sein très agressif et qu’il faudrait amputer le sein malade, puis entamer une chimiothérapie. Dans les jours suivant l’assourdissante nouvelle, Elle t’écrivit des textos mi-légers mi-insistants, afin que vous vous revoyiez. Pendant une soirée, en plein déni, tu as pesé le pour et le contre d’une réponse affirmative à ce plan à trois : après tout, l’érotisme de ce sein était encore fonctionnel. L’opération n’était prévue que fin août. Durant ce laps de temps, n’avais-tu pas le droit de vivre œ qu’il te restait à vivre ? Des considérations pratiques se bousculaient : il faudrait que ces échanges de textos mènent rapidement à la rencontre, car à la fin août, tu n’aurais plus le même corps ; cependant il ne faudrait pas que cette rencontre ait lieu trop tôt, car la biopsie avait laissé un bleu bien visible ; ou alors il faudrait faire l’amour dans le noir, afin que le bleu ne se voie pas ; oh et il faudrait que pendant cet amour à trois, ni lui ni Elle ne pressent trop fort sur ce sein : des interrogations rouges pourraient en sortir, et que pourrais-tu bien inventer pour y répondre ?
Il faudrait —
Il faudrait jouir.
Jouir !
Ce sein te devait bien cela !
En prétendant poursuivre ta vie comme prévu, tambour battant, tu exigeais pour toi-même un sursis d’insouciance. Tu voyais bien ce que la maladie produisait déjà : une interruption de l’ordinaire, mais aussi un surpassement de l’extraordinaire. L’idée de triolisme était vaincue par plus exceptionnelle quelle. Qu’à cela ne tienne | Il faudrait ceci, il faudrait cela, et tant pis, tant mieux même, si ces injonctions étaient cocasses.

Ces injonctions s’évanouirent l’une après l’autre dans la nuit qui s’installa sur ta vie, tandis que tu comprenais, à reculons, que le seul plan à trois dont F et toi alliez faire l’expérience, c’était celui avec la mort. Cette expérience-là ne durerait pas qu’une nuit. Ce qui s’annonçait, en fait de triolisme, c’était un mauvais ménage à trois.

Elle t’envoya d’autres textos. Tu ne répondis à aucun. Dans tes contacts, tu la renommas « Ne pas répondre ». À contrecœur, car en plus de faire de toi une parangonne de l’esbroufe, tu savais que ce silence était tout simplement malpoli : vous aviez vécu des épreuves ensemble, elle et toi, vous aviez travaillé dur, vous vous appréciiez. Pourquoi coupais-tu les ponts d’un coup ? Tu t’en voulais de créer une situation qui n’en était pas une, un tort que tu ne serais plus en mesure de redresser.

Même sans aller au bout de cette proposition, vous vous seriez revues avec une joie intacte.
Vous auriez prolongé le lien qui vous unissait : l’amour des lettres anglaises
la jeunesse
la réussite
les douces inquiétudes
d’avenir.

Tu as laissé tout cela et, pour ceux restés sur les pierres blanches des quais de Seine, tu as disparu.

2.
Quadrant.
Un quadrant pour toi ne sera plus jamais un simple quart de cercle même si tu veux bien l’oublier et que souvent, tu y parviens.
Non plus qu’il ne sera, au mieux, un instrument de navigation, sophistiqué, doré comme l’astrolabe. Géométrie, navigation. Rien qui jusqu’ici t’appartenait en propre, même si maintenant tu navigues.

Un quadrant pour ton médecin, c’est le quart d’un sein.
Avant d’être tranchés, tes seins ont été, dans les comptes-rendus, prédécoupés en quatre. Quadrant.
Le mot pointille, vrai ? Il appelle le scalpel.

La patiente bonne linguiste a un avantage, celui de pouvoir suivre ce qui se dit, ce qui s’écrit dans la langue clinique. Elle écoute, retient, apprend. Pas tout, mais une partie. Disons le quart du discours.
Puisque ces mots définissent ta vie, il est bon de savoir de quoi l’on parle.

La masse tissulaire du quadrant inféro-externe prélevée par la biopsie révélait des éléments épithéliaux atypiques de nature carcinomateuse associés à une nécrose majeure ainsi qu’une infiltration carcinomateuse sous forme d’amas ou de travées de cellules.

(De travées !)

Masse.
Tes doigts, quelques mois plus tôt, l’avaient rencontrée. La pulpe de ton doigt s’était électrisée d’angoisse.

Cancer.
Le mot s’était imposé, violent, sûr de lui.
Tu l’avais repoussé doucement, comme un invité se trompant d’étage. Tu n’avais que vingt-cinq ans, que ne t’inventais-tu d’histoires pour te distraire de la seule pensée qui devait t’occuper : le concours.
Le jeune corps a obéi à la jeune raison. Tu as oublié cette masse et travaillé vaillamment jusqu’à l’obtention de l’agrégation. Quelques jours après, à l’heure du coucher, tu as trouvé cette fin de point d’interrogation, qui était le début de quelque chose. Tu as pensé au sang séché d’une écorchure. Mais quelle écorchure ?
Le lendemain, tu as constaté du sang frais qui perlait.
La galactorragie allait te sauver.

Galactorragie. Écoulement sanglant du mamelon.
Si tu avais eu le tort d’oublier la masse sentie quelques mois plus tôt, tu as eu la chance d’un été chaud. À la suite des fortes chaleurs, tes vaisseaux galactophores s’étaient dilatés et ce matin ils trahirent, par le sang neuf qui perlait, une étrange activité.

Une nécrose majeure, disent-ils.

Une nécrose majeure sous le quadrant inféro-externe.

Tu ne connaissais pas encore ces mots.

Galactorragie.
Quadrant.
Hôpital de jour en oncologie.

Tu en avais même une telle inconscience qu’en te rendant à ton premier rendez-vous tu constatas avec stupeur que tu étais passée devant cet hôpital mille fois sans le voir : toute cette année-là, tu avais étudié dans la même rue, à quelques mètres de là.

Ce matin où tu ne connaissais rien encore, devant le sang qui perlait, tu pensais, avec une simplicité de conte :
C’est comme lorsqu’avec une aiguille, on se pique au doigt.

3.
Untimely.
Ce mot te choisit à l’été 2012. Tu viens d’avoir vingt-cinq ans.
L’adjectif anglais untimely admet quatre traductions : prématuré, intempestif, déplacé, inopportun. Le dictionnaire propose aussi qui arrive au mauvais moment. La mort est précisée entre crochets, comme ceci
[death]
Car l’expression untimely death
Est courante et veut dire
Trop jeune pour crever

Untimely death, c’est un élan prématuré vers le funeste, une cavale absurde, dos au temps. Un-timely.
C’est l’heure-pas l’heure de mourir.
Cela n’a aucun sens et c’est exactement cela.

Extraits
« Dans une simultanéité parfaite et parfaitement cruelle, le hasard avait substitué une vie pour une autre, un commencement pour un autre. Tu n’allais pas être une jeune femme commençant sa vie active. Tu allais être une vieille dame aux os de verre.
Tu n’allais pas te créer des souvenirs de jeunesse sur lesquels bâtir plus tard des regrets.
Tu allais t’aliter et regarder cette jeunesse passer.

Genevièy, ici, a usurpé ta vie, comme un personnage de théâtre se faisant passer pour un autre. » p. 38

« je suis là
avec ma liste en X
et j’accuse
j’accuse la bidoche que mon père mettait dans mon assiette chaque midi
j’accuse Tchernobyl dont le nuage s’est arrêté à la frontière du bons sens
j’accuse les particules fines dans lesquelles je suis née
j’accuse le plastique sur lequel j’ai fait mes dents
j’accuse les pesticides de mes premières pommes
j’accuse les berlingots au lait concentré sucré distribués à la récré
j’accuse mes papilles crétines qui s’en souviennent encore
j’accuse le dédain familial pour la dépense physique
j’accuse le «no sport» de mon père citant Churchill
j’accuse Churchill, grand marcheur, autrefois sportif de haut niveau
j’accuse son trait d’esprit que les intellos s’approprient
j’accuse les penseurs qui se croient au-dessus de la sueur
j’accuse la sédentarité
j’accuse l’industrie du sucre
j’accuse le sexisme de la recherche scientifique
j’accuse les gynécologues qui ne savent plus poser de stérilet
j’accuse les labos devenus influenceurs
j’accuse la pilule qu’on m’a fait avaler pendant huit ans
j’accuse les politiques qui avalent pire
j’accuse leur pusillanimité
j’accuse leur vision court-termiste
j’accuse le vingtième siècle qui se croit encore chez lui
j’accuse ce nouveau siècle qui a une peur bleue de l’effort
j’accuse l’excès inverse, ce travail insensé exigé pour les concours
j’accuse le stress accumulé pour les réussir
j’accuse le stress accumulé de les avoir ratés
j’accuse la perte brutale de mon père
j’accuse ce coup de fil qui l’a annoncée et ces boyaux qui ont lâché
je m’accuse moi-même, puisque
in fine
mes cellules ont joué aux immortelles » p. 50-52

« La félicité au cœur de l’épreuve exige certaines identités, certaines conditions. Alors elle peut naître, fleur étrange, au cœur même de l’hôpital.
William apparaît dans l’encadrement de ta porte. C’est la première chirurgie réparatrice : la destruction est finie, le règne des Re va commencer. Reconstruire. Reconquérir. Revenir. » p. 104

À propos de l’autrice

Marianne Gokalp © Photo DR

Marianne Gokalp est née en 1987 à Paris dans une famille française d’ascendance gréco-turque. Professeure agrégée, elle enseigne la littérature anglaise en Loire-Atlantique. Une écorchure est son premier roman. (Source : Éditions du Canoë)

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