Une drôle de peine - Justine Lévy
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La bleue
Parution : 20/08/2025Pages : 198Isbn : 9782234094048Prix : 19 €
Présentation de l'éditeur
« Est-ce que tu me vois, maman ? J’ai deux crédits à la banque, deux enfants que j’étouffe, quatre chats dont deux débiles et une estropiée, des rides en pattes d’araignée autour des yeux et des oignons aux pieds, le même amoureux qui me supporte et tient bon depuis vingt ans, quelle dinguerie, je ne suis ni parfaitement féministe, ni tout à fait écologiste, ni vraiment révoltée, pas encore alcoolique, plus du tout droguée, j’ai un abonnement à la gym, une carte de métro et une autre du Carrefour Market, je ne me fais pas les ongles, je ne me coiffe ni ne me teins les cheveux, je mets du rouge à lèvres une fois par an et surtout sur les dents, je suis toujours aussi raisonnable, aussi peu fantaisiste : je mets beaucoup d’énergie à essayer de ne pas te ressembler, maman. Je n’ai pas pu être une enfant et je ne sais pas être une adulte. »
Une drôle de peine est à la fois une adresse et une enquête. C’est aussi une magnifique déclaration d’amour.
Mon avis
C'est la première fois que je lis Justine Lévy. Un récit très touchant qui raconte le deuil impossible même vingt années après la mort de sa maman.Justine nous raconte son enfance bancale, le manque d'amour maternel. Elle nous raconte sa mère, Isabelle Doutreluigne, femme magnifique, mannequin qui vivait sa vie libre, sans se soucier vraiment de sa fille. Une vie dissolue, sans pudeur, toutes portes ouvertes à la maison, partageant un moment de sa vie avec son amante Violaine sans imaginer les traces qu'elle laisserait à jamais chez sa fille. Drogue, champignons, seringues, médicaments ... , une mère absente à elle-même, insouciante, rien n'était grave.Justine essaie d'avoir une vie rangée, de ne pas ressembler à sa mère mais rien à faire c'est plus fort qu'elle, comme si elle était 'remplie du manque de sa mère' , ce grand vide à combler qu'elle recherche dans l'écriture.Ce qui m'a troublé c'est l'écriture, sa justesse, sa sincérité. J'ai vraiment été touchée par l'authenticité de ce récit autobiographique, une écriture spontanée, la nécessité d'écrire, de mettre des mots sur sa douleur.Un parcours troublant surtout lorsque Justine accompagne sa mère vers la fin lorsqu'elle deviendra à son tour maman. La mort qui laisse place à la vie et à ses tourments.
Ma note : 7.5/10
Les jolies phrases
Je n'ai pas pu être une enfant et je ne sais pas être adulte.
C'est plus facile d'être vieille que d'être enfant, on attend moins de vous, ou plus grand-chose.
Elle a enfin autre chose à faire que de se suicider, se faire du mal, se droguer. Le cancer pendant deux ans lui a sauvé la vie.
Ta mère ne m'a pas attendue pour se camer, elle était complètement accro à l'opium quand elle était enceinte de toi.
Je sais bien que papa me dirait qu'il s'en fout, qu'il ne croit pas aux maladies, que les maladies c'est pour ceux qui vont déjà mal et, soudain, leur mal a un nom et ils sont rassurés.