Le narrateur, jamais nommé, a égaré le cahier dans lequel il avait consigné le plan détaillé de son futur roman. Un gros problème car il en a tout oublié ! Jusqu’à ce que de petits évènements sans importance dans sa vie ne ravivent des bribes de souvenirs : une jupe de sa femme Muriel, une ceinture très particulière à la taille d’Astrid, journaliste d’investigation amie du couple… souvenirs vagues, rêves et personnages de sa vie réelle se mêlent, obsédant le narrateur, ce qui agace au plus haut point son entourage, son épouse, leurs grands enfants Max et Rea, et leur couple d’amis Olivier et Astrid.
La quête éperdue du narrateur va prendre une tournure plus dangereuse quand la police va le suspecter lors d’une enquête pour meurtre d’un nommé Mazu, expert-juriste de renommée internationale, un personnage de son roman perdu, et prendre des dimensions insoupçonnées quand se révèleront des liens entre le mort et l’enquête d’Astrid sur le marché de l’eau potable où une multinationale voudrait privatiser le secteur de l’eau…
Ce grossier résumé n’est que la face émergée de l’iceberg romanesque de Tristan Ledoux, le meilleur est en-dessous, noyé, un peu comme le lecteur quand petit à petit celui-ci va comprendre qu’il est manipulé par l’écrivain. Le roman perdu et la vie du narrateur ne vont bien vite faire plus qu’un, créant une sorte de quatrième dimension, où l’on croit comprendre que les personnages fictifs du roman perdu (famille et amis, qui ont leur propre identité mais différente dans la vie réelle) vont se rebeller contre leur créateur, à moins que ce ne soient les êtres réels qui ne supportent plus de se voir caricaturer dans le roman… ? Et c’est Muriel qui en parle le mieux : « Or, dans cette histoire, il n’y a que ça : du faux construit avec du vrai, du vrai découlant du faux. »
On verra dans cette intrigue, une parabole sur les fameux litiges littéraires qui opposent les auteurs avec leurs entourages/familles quand ils se voient inclus plus ou moins masqués dans l’œuvre des écrivains.
Saluons Tristan Ledoux car il a le mérite de nous proposer un roman très original qui nous sort des sentiers (re)battus par ses collègues.