Première page de "Un père". (c) Casterman.
L'auteur a raison. Les pages d'"Un père" amènent à se questionner sur sa propre vie. Il y a des similitudes, des discordances, des espoirs, des regrets. Des interrogations et des réflexions. Lui a vécu avec son père dans un monde différent. "Le monde a changé. La vision qu'on avait avant de l'avenir a été bouleversée. Mon père était persuadé que le communisme utopique, ce joyeux optimisme, allait gagner. Aujourd'hui, le point positif est le mouvement metoo. Dans un prochain album, je montrerai que je viens d'une autre époque et comment je me suis adapté. J'ai été préparé par mon enfance, avec des parents féministes pour leur temps. Mon grand-père maternel voulait que ses filles soient autonomes. Même s'il a obligé ma mère à être institutrice. Ma mère m’a appris à être autonome, à ne pas attendre d'une femme qu'elle fasse les tâches de la maison. Je n'ai jamais attendu quelqu'un me fasse un repas." Hommage autant que témoignage filial, l'album "est un livre de transmission. Mes valeurs viennent de mes parents qui étaient de gauche et humanistes. Mon père m'a initié au bricolage même s'il ressemblait alors parfois à Jacques Tati. Mon frère et moi n'avons pas vécu la même chose. Mais nous avons bénéficié d'une liberté extraordinaire. Les parents ne s'occupaient pas de nous. Ils avaient confiance en nous. Prenons la scène du bivouac dans la montagne avec mon cousin. Elle m'a été un moment fondateur de l'estime de soi: j'ai douze ans et je suis capable de faire ça! Cela a été comme un rite initiatique. Aujourd'hui, il n'y a plus de rite de passage dans nos sociétés." Plein d'anecdotes dont certaines sont très drôles, "Un père" fait le portrait d'une époque, à la fois dans le côté visuel qui fera tilt dans la mémoire de tous ceux qui ne sont plus tout jeunes, dans les rapports parents-enfants, dans la géopolitique de l'autre côté du rideau de fer. "Tous ces souvenirs montrent la richesse de l'expérience que nous avons vécue avec mon père. Nous avons été à Oradour-sur-Glane, à Dachau, à Check-Point Charlie. On est né treize ans après la guerre. On a aussi fait les châteaux de la Loire, on a visité des ruines romaines. On a écumé la France." Aussi créé sur un iPad, l'album fait écho au "Petit frère": "J'ai utilisé la même couleur sépia mais, cette fois-ci, le papier est blanc. Il y a un film jaune ou bleu pour donner une lumière passée et ensoleillée. Il y a davantage de couleur ici. La couleur est narrative, ce n'est pas du coloriage. Pour moi, à chaque endroit, la couleur dit quelque chose." Lisez ce "Père", témoignage d'engagements.
JeanLouis Tripp sera en dédicace au BD Comic Strip Festival de Bruxelles (Gare Maritime), au stand Casterman, ce vendredi 26 septembre de 13 à 15 heures et le samedi 27 septembre de 14 à 16 heures.
Pour feuilleter en ligne les premières pages de "Un père", c'est ici.
(c) Casterman.