Onze textes souvent autobiographiques comme ce début de recueil avec la guerre du Vietnam, l’entrainement des recrues dans le corps de Marines, la bataille sur le terrain et les incidents divers, la boxe et ces coups qui sonnent (« Les électroencéphalogrammes auxquelles on m’avait soumis à l’hôpital avaient révélé que le coup reçu à la tempe gauche, à la suite duquel j’étais resté inconscient pendant plus d’une heure, m’avait laissé affligé d’une lésion au lobe temporal. »), crises d’épilepsie et hôpital psychiatrique. Toutefois, plus tard, malgré les aspects négatifs de ce sport, le narrateur en tire un enseignement « la boxe m’avait inculqué le respect de soi-même, la discipline et la force mentale qui permettent d’atteindre ses buts en travaillant dur et en faisant preuve d’une persévérance sans faille. »
Dans d’autres nouvelles nous croisons un dragueur impénitent qui succombe au charme d’une femme mais on ne va pas contre sa nature… Ou un autre type, écœuré de voir son frère sous la coupe de sa femme et en acceptant tout. Il y a aussi un homme, friqué, mais temporairement amnésique à Bombay en Inde, qui veut absolument sauver de la mort un vieux cheval à l’agonie.
Mais la plus belle nouvelle est sans conteste, celle où une femme atteinte d’un cancer va lutter de toutes ses forces contre le crabe qui la bouffe lentement mais sûrement ; les médocs, la chimio etc. ou les médecins plus ou moins empathiques (« - Quel dommage, dit-il en parcourant des yeux le tableau accroché au pied de son lit. Vous êtes en parfaite santé… en dehors de ça. ») Terriblement émouvant.
Pour résumer, des textes au réalisme brutal, teintés parfois d’humour noir et d’introspection. Où la violence physique et psychologique est omniprésente, faite de maladie et de fragilité, de peur, de douleur et de folie. Thom Jones écrit avec énergie, son style est direct (le punch du boxeur ?) et ses textes intenses. Pas mal !
« D’après un livre que j’ai lu, Davy Crockett, l’héroïque pionnier américain, s’était planqué sous un lit quand Santa Anna et ses troupes avaient pris Fort Alamo d’assaut. Etait-ce la vérité ? Jack Dempsey avait tellement la trouille avant un match qu’il lui arrivait de pisser dans son froc. Mais il faut voir l’état dans lequel il a mis Willard et Luis Firpo, « le taureau furieux de la pampa » ! C’était à deux doigts du meurtre pur et simple. Qu’est-ce que c’est que le courage ? Qu’est-ce que c’est que la lâcheté ? Le magnifique Roberto Duran nous a concédé le « No mas », mais quel boxeur avait plus de cœur au ventre ? »
Traduit de l’américain par François Lasquin et Lise Dufaux