Si Rome meurt

Par Henri-Charles Dahlem @hcdahlem


Trois amis aux origines métissées naviguent dans une Rome crépusculaire le soir de l’élection de Giorgia Meloni. Entre racisme ordinaire et quête d’identité, ce voyage est aussi l’occasion pour Pietro de se rapprocher de son rêve de cinéma en réalisant un documentaire tout en espérant retrouver son père.

Ma note
★★★ (bien aimé)

Ma chronique

Le film d’une génération déracinée

Avec son second roman, Renaud Rodier nous propose de suivre les déambulations de trois jeunes métisses dans une Rome décadente, au soir de l’élection de Giorgia Meloni. Pour Pietro la quête identitaire est d’abord celle d’un père, qu’il croit avoir aperçu parmi les marginaux qui ont élu domicile près de la gare centrale.

Pietro est un passionné de cinéma. Pour fêter ses 18 ans, il a donné rendez-vous à ses amis dans un cinéma qui projette Cinema Paradiso. Une séance riche en émotions pour le jeune homme qui a perdu son père depuis une dizaine d’années. Devant les dernières images du film de Tornatore Pietro pleure et Monica, la « japonaise » dont il est secrètement amoureux, fascinée par cette vulnérabilité inédite, l’immortalise avec sa caméra Super 8. « Elle parvient à capturer l’instant, et devine ce qui échappe encore à son acolyte : ce n’est plus Totò que Pietro regarde, mais son propre avenir ». Tout comme Tama, le « samoan » ils sont tous « italien et demi », c’est-à-dire que chacun à un parent étranger. Un détail qui prend un relief particulier en ce soir d’élection qui voit Giorgia Meloni accéder au pouvoir et les racistes se décomplexer, comme le trio va le constater durant sa déambulation dans la capitale. « Rome a la beauté fatiguée d’une veuve perdue dans ses souvenirs fuyants. Le maquillage de ses façades s’effrite, l’odeur âcre de l’urine écrase celle des lauriers-roses et des glycines, des tas d’ordures non ramassées rappellent de lointains gueuletons, des amis oubliés, des engueulades. »
Dans ce décor désolé, le cinéma devient refuge et révélateur. Dans une société qui ne cesse de leur rappeler leurs origines mixtes, ils peinent à trouver leur place. Quand ils croisent des supporters de la Lazio venus célébrer la victoire de Meloni, ils ont droit à des lazzi. De la violence verbale, « Eh, le nègre ! Fais tes valises, dans un mois on te renvoie chez toi ! », à la violence physique, il n’y a qu’un pas, surtout au sein d’une nation désormais décomplexée. Comme le souligne l’auteur avec une ironie grinçante, « Ici, l’extrême droite est qualifiée de centre droit, merci Berlusconi. Avec Giorgia Meloni, Mussolini s’est réincarné en chihuahua, merci le XXIe siècle ».
Le roman suit cette déambulation nocturne à travers une capitale métamorphosée en décor de fin du monde. Il nous fait découvrir la ville avec de nouveaux yeux, passant de la gare et sa tour piézométrique où les marginaux ont trouvé refuge, la tombe du poète John Keats, l’un des hôpitaux de banlieue ou encore l’observatoire astronomique qui servira de cadre, en fin de volume, à l’une des scènes les plus fortes du livre. « En chemin, la Rome splendide des quartiers historiques cède peu à peu la place à la Rome périphérique, la moche, la vraie, celle de Pasolini. Mais dans cette ville rien n’est simple ni binaire. Un aqueduc antique longe la voie ferrée et les HLM de Via Casilina, rappelant aux habitants des faubourgs qu’ils ont hérité eux aussi d’un passé glorieux, et donc du droit d’entrevoir la beauté, sans toutefois jamais la posséder pleinement. »


Mais si les lieux ont toute leur importance, l’art du portrait est encore plus impressionnant. Les personnages de Renaud Rodier ont une présence saisissante. Tama, ce colosse samoan « avec son mètre quatre-vingt-seize, ses cent vingt kilos et ses muscles saillants sous un T-shirt bariolé », Pietro à « la silhouette longiligne et la beauté délicate d’un John Keats pris dans la lutte entre le génie et la tuberculose » et Monica qui, malgré son look de Carmilla inspiré de Sheridan Le Fanu, « évoque davantage la fille fantôme du film d’horreur The Ring qu’une strige des Carpates » traversent Rome comme des fantômes de leur propre époque. 
Le récit est structuré comme un film, alternant plans larges sur la ville et gros plans sur les émotions de ses personnages. La présence constante de la caméra Super 8 de Pietro transforme ses amis en acteurs d’un long métrage dont ils ignorent encore le dénouement. Cette mise en abyme entre cinéma et réalité, entre Cinema Paradiso et la réalité de ces trois amis, donne au roman une profondeur remarquable et interroge sur notre rapport à l’image dans une société du spectacle permanent.
Mais c’est d’abord la quête du père qui hante Pietro. S’il projette sur les figures paternelles du cinéma sa propre recherche identitaire, il cherche désespérément l’homme qui pourra l’ancrer au sein d’une nation qui rejette ses enfants métis.
Si Rome meurt confirme le talent de Renaud Rodier après Les Échappés, son premier roman paru en 2024. On sent combien son expérience et ses missions humanitaires – il collabore depuis près de vingt ans avec les Nations unies pour apporter une aide aux réfugiés – ont enrichi chaque page de ce roman nécessaire. Un livre qui nous rappelle que la littérature demeure notre meilleur rempart contre la barbarie ordinaire.

Si Rome meurt
Renaud Rodier
Éditions Anne Carrière
Roman
288 p., 21 €
EAN 9782380823622
Paru le 22/08/2025

Où ?
Le roman est situé en Italie, à Rome et en banlieue.

Quand ?
L’action se déroule de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Un jeune aspirant cinéaste part à la recherche de son père disparu dans la Rome des laissés-pour-compte.
Par une nuit de septembre, à Rome, trois amis sortent d’un cinéma. Pietro, Tama et Monica ont en commun d’avoir chacun un parent étranger. Ils plaisantent souvent sur le fait qu’à eux trois ils forment un Italien et demi. Sur la place Colonna, ils croisent une cohorte avinée qui célèbre une victoire : Giorgia Meloni vient de remporter les élections.
Pietro, qui a dix-huit ans ce soir, se soucie peu de politique. Sa seule obsession est le court métrage qu’il doit réaliser pour l’examen d’entrée dans une prestigieuse école de cinéma. Mais devant la fontaine de l’Acqua Paola, il rencontre un clochard qui a d’étranges théories sur l’Univers. Un doute gagne Pietro : ce SDF illuminé pourrait-il être son père, un astrophysicien disparu dix ans plus tôt ?
Après Les Échappés, premier roman très remarqué, Renaud Rodier nous offre, dans Si Rome meurt, le portrait d’une Europe qui bascule. Alors que Pietro, aidé de ses amis, plonge dans le monde des laissés pour-compte de la Ville éternelle, c’est le sens de nos existences qu’il nous amène à questionner. Aussi truculent que tragique, lumineux comme l’Italie qu’il dépeint, ce roman rend hommage à l’Art et aux âmes fragiles qui veillent sur Le rêve d’une humanité plus forte.

Les critiques
Babelio 


Renaud Rodier présente « Si Rome meurt » © Production French Press

Les premières pages du livre
« Ed è quasi come essere felice (1)

En ce dimanche soir de fin septembre, six spectateurs occupent les quelque deux cents places de la salle n° 1 du cinéma Farnese. Le film a débuté. Sous le balcon du fond, un couple adultère s’accroche à une étreinte pro forma; faute de pouvoir se payer une chambre d’hôtel, ils sont condamnés à des caresses avortées sans espoir de soulagement. Juste en dessous de l’écran, baigné dans une lumière argentée, un député démocrate s’agrippe au velours rouge de son fauteuil comme à un dernier vestige de pouvoir. En cette journée électorale, l’onorevole aurait dû rejoindre le QG de son parti depuis des heures mais il s’attarde.. Rien ne déjouera la défaite annoncée. Seuls les trois lycéens du quatrième rang semblent s’intéresser au film projeté, Nuovo Cinema Paradiso, un classique de Giuseppe Tornatore qui relate l’amitié entre Totò, un gamin sicilien, et Alfredo, un vieux projectionniste incarné par Philippe Noiret.
À droite, Tama s’agite dans un siège trop étroit pour sa carrure de colosse, s’empiffrant de pop-corn au caramel.
Au centre, Pietro lui balance un coup de coude pour qu’il se tienne tranquille. En se redressant, il effleure la main de Monica, assise à sa gauche. Elle tressaille, la retire, hésite, puis la repose sur l’accoudoir, son auriculaire pressé contre celui du jeune homme, dont le visage s’éclaire aussitôt. La jeune femme, elle, reste impassible. Amusé par leurs tergiversations, Tama mime un coït, Monica le foudroie du regard, et le géant se replonge dans son pop-corn.
Pietro a dû batailler pour convaincre ses amis de célébrer son dix-huitième anniversaire dans une salle obscure. Tama avait proposé une soirée au Coming Out, le bar où il se produit en drag-queen deux soirs par semaine sous le nom de Princesse Vaiana. Monica aurait préféré un pique-nique aux chandelles dans un cimetière, seule avec Pietro, mais elle s’est montrée trop évasive. Le flou autour de la date exacte de naissance de Pietro — sa mère jure qu’il est né le 25 septembre 2004, tandis que les registres officiels indiquent le 26 — à donné lieu à un compromis: un dimanche paisible au Farnese, suivi d’un lundi bouillonnant à la « Gay Street ».
La scène finale de Nuovo Cinema Paradiso approche. Totò est devenu un quinquagénaire grisonnant. Il a fait Carrière en tant que producteur, mais le poids des années se fait sentir. Seul dans une salle vide, il visionne une bobine léguée par Alfredo. Celle-ci renferme un dernier clin d’œil du défunt projectionniste : un montage des baisers autrefois censurés par Don Adelfio, le prêtre de leur village. Ces étreintes en noir et blanc défilent sur l’écran, grésillantes et clandestines, sauvées de l’oubli qu’engendre la peur de la joie. Le visage de Totò oscille entre bonheur et tristesse, jusqu’au triomphe de la gratitude sur une mélodie d’Ennio Morricone.
Pietro ne quitte pas Totò des yeux. Ses amis remarquent qu’il pleure, lui aussi. Une singularité. Il n’est pas du genre à exprimer ses émotions. Fascinée par cette mise en abyme — un adolescent fixe sur l’écran un homme mûr lui-même débordé par les souvenirs de son enfance —, Monica sort furtivement la petite caméra Super 8 que Pietro garde toujours dans son sac à dos pour immortaliser la scène. Il lui a appris à l’utiliser. Malgré la faible luminosité, elle parvient à capturer l’instant, et devine ce qui échappe encore à son acolyte: ce n’est plus Totd que Pietro regarde, mais son propre avenir. Un avenir encore lointain, déjà prévisible, aussi doux-amer que cet hommage au cinéma d’antan. Lorsque le générique s’abat, elle range la caméra. Pietro ne s’est rendu compte de rien.
Ils restent assis dans leur siège jusqu’à ce que le projectionniste, un homme moderne, pressé de rentrer chez lui, rallume la lumière pour rappeler aux retardataires que le monde extérieur existe encore. C’est à ce monde-là qu’ils appartiennent, même s’il est en train de pourrir.
Le trio quitte le Farnese à contrecœur et se retrouve sur le Campo de’ Fiori. La nuit est tombée et la place paraît bien nue sans le marché de fruits et légumes qui l’anime en semaine. Quelques touristes étonnamment sobres flânent encore sous les lampadaires dont la lumière tamise les façades jaunes et ocre. Les éclats de leurs rires américains rebondissent sur les pavés. Depuis son piédestal, la statue en bronze de Giordano Bruno, le visage incliné et dissimulé sous un lourd capuchon de moine, semble murmurer :
« Tout ça pour ça. » Bien sûr qu’il regrette d’être monté sur le bûcher pour avoir défendu l’hypothèse d’un univers infini et uniforme. Mourir pour une idée… Che idea de cazzo (2) !
Les Italiens ne le savent pas encore, mais ils viennent d’élire une néofasciste à leur tête. Il est presque 23 heures, les bureaux de vote vont fermer et les résultats électoraux vont tomber, circonscription par circonscription. Beaucoup vont chuter lourdement. Dans d’autres pays, différemment civilisés, les rues bruiraient d’une attente anxieuse. Les drapeaux seraient hissés haut, tout comme les poings. Mais pas dans la « Botte». Ici, l’extrême droite est qualifiée de centre droit, merci Berlusconi. Avec Giorgia Meloni, Mussolini s’est réincarné en chihuahua, merci le XXIe siècle.
À la télévision, les commentateurs politiques certifient que la « Constitution parfaite» de la République, qui a empêché les partis de gouvernement de gouverner — oui, gouverner — depuis 1948, interdira aux populistes de céder à leurs sombres instincts. Et puis l’Union européenne veille au grain. Les 200 milliards du plan de relance font un sacré levier ! On s’accommode déjà de la situation à venir. On la tolère. C’est bien, la tolérance. C’est démocratique, la tolérance. Mieux, c’est latin.
« Quel film, putain », soupire Pietro. Ses amis opinent du chef alors que Tama l’a trouvé un peu long et Monica trop mélo. Ils ne vont pas gâcher son plaisir. Au sein du trio, les passions se respectent. Pietro est obsédé par le cinéma. Depuis toujours, il veut devenir réalisateur. Rien d’autre ne semble l’intéresser, à part Monica. Tama, de tempérament plus éclectique, voue un amour sans bornes à la sculpture, à la grande chanson italienne — de Domenico Modugno à Raffaella Carrà — et aux rencontres fortuites avec des routiers hétéros dans les toilettes des stations-service de l’AI. Monica, quant à elle, se passionne pour tout ce qui touche à la culture gothique, du Château d’Otrante de Walpole aux Cure, en passant par l’automutilation. Si elle consacre ses journées et la plupart de ses nuits à la peinture, elle refuse de voir dans son art autre chose qu’un exutoire.
« On dirait que le film t’a secoué, hein! lance Tama.
— Alfredo m’a fait penser à mon vieux, c’est tout. »
Il est rarissime que Pietro évoque son père, décédé une dizaine d’années plus tôt, bien avant leur rencontre. Le tic nerveux qui le prend dès qu’il se sent dépassé se manifeste : ses narines frémissent, sa joue se crispe. Tama et Monica accueillent ce début de confession avec la solennité qu’elle mérite, attendant qu’il la développe, mais rien ne vient.
« Ragazzi, il Fontanone! ?» (3) suggère alors Tama. Cette fontaine grandiose, perchée sur le Janicule, a toujours été le décor de leurs célébrations.
« Allons récupérer nos scooters », approuve Pietro.
Les passants qu’ils croisent sur le Corso Vittorio Emanuele II sont tous frappés par leur apparence si décalée dans ce décor néoclassique. Samoan d’origine, Tama présente une ressemblance évidente avec son compatriote Dwayne Johnson, à l’époque où il arborait encore des cheveux bouclés d’un noir de jais. Avec son mètre quatre-vingt-seize, ses cent vingt kilos et ses muscles saillants sous un T-shirt bariolé et trop serré, Tama occupe la moitié du trottoir.
À son côté, Pietro paraît bien frêle. Il a la silhouette longiligne et la beauté délicate d’un John Keats pris dans la lutte entre le génie et la tuberculose, et promène son élégance dissonante — fruit d’une hybridation entre la noblesse romaine et la gentry anglaise — à la lisière d’une autre réalité. Souvent, son regard bleu acier semble émerger de derrière un rideau de brume. Un phare de naufrageurs.
Monica retient l’attention pour son look inspiré de Carmilla, la vampire du roman éponyme de Sheridan Le Fanu. Ce soir, elle porte une robe moulante noire en satin. Une couche de fond de teint accentue sa pâleur, ses yeux en amande sont soulignés par un eye-liner épais, des ombres à paupières et plusieurs couches de mascara. Son rouge à lèvres carmin palpite sur cette toile en noir et blanc. Pietro s’est toujours gardé de le lui dire mais, en raison de ses traits asiatiques et de ses longs cheveux lisses et brillants — Monica est à moitié japonaise —, elle évoque davantage la fille fantôme du film d’horreur The Ring qu’une strige des Carpates.
Les trois amis ont chacun un parent étranger et aiment dire qu’ensemble, ils forment « un Italien et demi ». On les ramène souvent à l’idée que c’est insuffisant. Alors qu’ils traversent la place Colonna — nommée ainsi d’après une colonne en marbre de Marc Aurèle, et non d’après l’illustre famille noble de Pietro — en face du Palazzo Chigi, la résidence du Premier ministre, ils croisent un groupe d’une dizaine de types venus célébrer la victoire tout juste annonce des Frères d’Italie, le parti de Meloni. Tama presse le pas. Ce n’est pas leur état d’ébriété qui l’inquiète, mais plutôt leurs maillots de la Lazio. Les supporters de ce club sont connus pour leurs sympathies fascistes et leur propension à la violence.
Captivé par cette image — non par sa portée historique, mais par son esthétique ambiguë —, Pietro commet l’erreur de sortir sa caméra pour les filmer, attirant leur attention. Celle-ci se porte, naturellement, sur Tama: « Eh, le nègre! Fais tes valises, dans un mois on te renvoie chez toi!» Le géant se met à singer les stéréotypes que ces énergumènes affectionnent: « Moi content, parce que beaucoup aimer saka saka », en se grattant sous les aisselles, les coudes bien écartés, en dansant d’un pied sur l’autre.
Deux carabinieri en faction devant le palais observent cette scène avec un scepticisme grandissant, la main sur le pistolet. Les tifosi, hilares, se félicitent de leur nouvelle domination culturelle. L’un d’eux, trop sûr de lui, donne une tape approbatrice dans le dos du Samoan. Coup de boule. Son nez explose, il tombe à la renverse sous les regards sidérés de ses camarades.
Le trio se tourne aussitôt vers les carabinieri. Le plus âgé des deux leur adresse un bref clin d’œil, et leur enjoint d’un geste de déguerpir. Sa clémence suggère qu’il est un supporter de la Roma, l’équipe rivale. Les trois amis ne se font pas prier pour décamper, avant que les Frères se rappellent qu’ils ont pris le pouvoir. Ils cavalent en riant à gorge déployée jusqu’à la rue Santa Maria, où leurs scooters sont garés.
Rome à la beauté fatiguée d’une veuve perdue dans ses souvenirs fuyants. Le maquillage de ses façades s’effrite, l’odeur âcre de l’urine écrase celle des lauriers-roses et des glycines, des tas d’ordures non ramassées rappellent de lointains gueuletons, des amis oubliés, des engueulades. »

1. «Et c’est presque comme être heureux », titre d’une chanson de Francesco Motta.
2. « Quelle idée de merde!»
3. « Les gars, la grande fontaine ? » 

Extraits
« Rome a la beauté fatiguée d’une veuve perdue dans ses souvenirs fuyants. Le maquillage de ses façades s’effrite, l’odeur âcre de l’urine écrase celle des lauriers-roses et des glycines, des tas d’ordures non ramassées rappellent de lointains gueuletons, des amis oubliés, des engueulades. » p. 15

« En chemin, la Rome splendide des quartiers historiques cède peu à peu la place à la Rome périphérique, la moche, la vraie, celle de Pasolini. Mais dans cette ville rien n’est simple ni binaire. Un aqueduc antique longe la voie ferrée et les HLM de Via Casilina, rappelant aux habitants des faubourgs qu’ils ont hérité eux aussi d’un passé glorieux, et donc du droit d’entrevoir la beauté, sans toutefois jamais la posséder pleinement. » p. 98

« Ton père répétait souvent que le temps ne s’écoule pas de la même façon partout, et qu’à l’échelle subatomique il peut même disparaître. Ces histoires de physique quantique, je n’y ai jamais rien compris. Trop tordu pour moi. Mais j’ai toujours pensé que ça ressemblait un peu à l’âme humaine.
Peut-être qu’au plus profond de nous, passé, présent et futur peuvent cohabiter en paix, sans s’entre-tuer comme ailleurs. » p. 226

À propos de l’auteur

Renaud Rodier © Photo Abigail Aupérin

Renaud Rodier est né à Paris en 1979. Diplômé de Sciences Po Paris et de l’université Columbia de New York, il travaille depuis une vingtaine d’années avec les Nations unies et diverses ONG. Il apporte une aide humanitaire aux victimes de guerre dans le monde entier. En 2020, il publie L’œil du cyclope aux éditions Baudelaire, une oeuvre hybride mêlant poésie, prose et théâtre. Son premier roman, Les Échappés (Anne Carrière, 2024) a été très remarqué : lauréat du Prix Hermitage 2024; lauréat du Prix Bookstagram 2024 ; 7 autres nominations, dont le Prix Maison de la Presse. (Source : lisez.com)

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