Falling into pieces – Sheily Larash

Par Rowenabookine

Titre : Falling into pieces

Auteur : Sheily Larash

Édition : Nox (Albin Michel)

Genre : Romance M/M

Pages : 566

Parution :  26 février 2025

Huit ans à travailler dans une prison, deux ans comme père célibataire et une vie entière de galères ont plongé Solveig dans un profond mal-être. La Pieuvre, cette dépression qui le dévore de l’intérieur le pousse à ne plus supporter le bonheur des autres. Puis, surgit Diesel, un étudiant au charisme solaire qui bouscule son univers. Contre toute attente, la joie de vivre de Diesel ne l’irrite pas, du moins pas tout à fait… À son contact, Solveig sent son cœur éteint se réveiller peu à peu. Cependant, la Pieuvre ne l’entend pas ainsi. Elle resserre son emprise, menaçant d’emporter pour de bon Solveig dans ses abysses, quitte à entraîner Diesel au passage.

J’ai eu longtemps ce livre dans ma wishlist et puis un jour, dans une librairie, j’ai voulu le feuilleté et je suis tombé sur un petit mot glissé dedans. Un petit mot que l’autrice avait laissé en passant par là, j’ai pris ça pour un signe et je l’ai acheté, je ne regrette pas une seconde, ce livre est incroyable.

Déjà, parlons de l’objet livre, la couverture, le jaspage, wahou une vraie beauté et l’intérieur, c’est pareil, les illustrations à chaque chapitre et les pages de changement de partie, je les ai beaucoup admirés…

Mais l’histoire à l’intérieur est tout aussi magnifique, je savais qu’il allait être dure, mais tout est tellement bien traité et abordé…

Ce livre, c’est l’histoire de Solveig, 30 ans père de deux jumelles de 14 ans qui les élève seul après la mort de leur maman, l’amour de sa vie. Solveig est gardien de prison et il ne vit pas ça très bien, surtout qu’il est dans l’aile des condamnés à mort. Ce sont toutes ces choses qui l’ont amené à sa situation actuelle, une terrible dépression, celle qu’il appelle la pieuvre. Elle détruit tout sur son passage, le fait tomber dans des addictions, l’éloigne de ses proches, de ses filles, et surtout l’emmène au bord du gouffre, au bord du suicide.

Mais il va croiser la route de Diesel, en pleine manifestation devant la prison dans laquelle il travaille. Et le destin va ensuite s’amuser à les réunir plus d’une fois.

Deux âmes abimées par la mort qui vont se retrouver et s’aider mutuellement, mais le chemin sera semé d’embûches…

Pernicieuse, la Pieuvre profite des fissures de mon âme pour y infiltrer son encre noire, toutes mes pensées s’y diluent. Je sens l’envie d’en finir monter, monter…

J’ai trouvé ce livre encore plus beau que ce que j’avais imaginé, dès les premières pages, j’ai été complètement embarqué.

J’ai été très touché par les personnages, j’ai vraiment ressenti leurs émotions, leurs peines, leurs doutes, leurs joies. Tout est vraiment bien retranscrit pour être un maximum auprès des héros.

Solveig est enfoncé dans sa dépression, il voit tout en noir, n’est plus lui-même, il se noie, les tentacules de la pieuvre l’enserrent de plus en plus. Il vit très mal son travail, devoir surveiller des prisonniers condamnés à mort, aller même jusqu’à lui-même devoir déclencher la mort. Il entasse tout ça au plus profond de lui-même, mais ce n’est pas sans conséquence, tout ça le brise un peu plus. Déjà qu’il n’a jamais fait le deuil de la mère de ses filles, c’est de plus en plus difficile pour lui, il va même jusqu’à blesser ses proches pour qu’il le laisse seul. On a réellement envie de l’aider, il a un très bon fond, il fait ce qu’il peut avec ses jumelles en pleine adolescence. On voit vite qu’avec Diesel, il peut se montrer très à l’écoute également. C’est un héros très gentil et bienveillant, mais son cœur s’est noirci à cause de sa dépression. J’ai parfois eu envie de le secouer, mais l’autrice explique tellement bien la dépression qu’on comprend aussi pourquoi il agit comme ça.

Diesel, c’est un peu l’opposé de Solveig, c’est le soleil de cette histoire. Diesel, c’est les chemises à motif pizza, des bagues colorées à chaque doigt, le franc-parler, l’humour et la simplicité. Rien ne le dérange, ne plus voir le parquet de son appartement tellement c’est en désordre, arrivé en retard et débraillé en plein amphi… Bref, Diesel c’est la spontanéité, mais pourtant, il cache beaucoup de blessures. La mort ne l’a pas non plus épargné, son oncle, son ex… Diesel a connu son lot de choses difficiles et pourtant, il est solaire, il profite de la vie, même si parfois, il a des moments plus compliqués que d’autres. Je l’ai beaucoup admiré ce héros au grand cœur, à la patiente extrême qui va faire des câlins à sa vache quand il ne se sent pas bien.

J’ai beaucoup aimé la romance dans ce livre, elle arrive tout doucement, il faut dire que Solveig ne laisse pas rentrer les gens si facilement dans sa vie. Mais Diesel à force d’obstination et d’humour a réussi à abattre les barrières de Solveig. Il se rapproche d’abord en tant qu’ami, ils se confient beaucoup l’un à l’autre, souvent par téléphone, mais ils sont toujours là l’un pour l’autre. J’ai beaucoup aimé cette relation, elle est belle et douce. Même si certaines choses vont venir perturber l’équilibre précaire de leur relation, il y a toujours ce lien que ni l’un ni l’autre n’arrive à rompre. L’amour entre ces deux personnages compense la difficulté de l’histoire.

Voilà, Solveig est beau comme une fleur fanée, et n’en déplaise à Ronsard, ce sont les roses fatiguées les plus resplendissantes.

Le sujet central de cette histoire est évidemment la santé mentale, principalement la dépression. C’est très bien exploité, les idées noires, les pensées suicidaires, la déréalisation, les fausses croyances. J’ai aimé que l’autrice parle de pieuvre, qu’elle la matérialise, finalement, cette pieuvre est un personnage à part entière de l’histoire. Elle influence Solveig dans ses relations, ses choix, ses idées.

L’autrice parle aussi de TCA, de choc post-traumatique ou encore d’addictions. Tous ces sujets sont traités avec beaucoup de justesse, sans jugement, sans en faire trop. Un livre qui parle autant de santé mentale, je trouve ça vraiment génial.

L’autrice aborde également le sujet de la peine de mort, toujours d’actualité aux États-Unis. J’ai trouvé ce sujet très intéressant, surtout qu’il emmène à se questionner sur tout ça. Je n’avais jamais lu sur ce sujet, encore moins du point de vue des familles des victimes qui sont contre la peine de mort, pour qui ont tués leurs proches.

J’ai aussi beaucoup aimé la présence des jumelles, sans elles, je trouve que l’histoire n’aurait pas eu la même saveur. Elles apportent beaucoup au récit, que ce soit parfois de la légèreté, parfois de l’amour, parfois de la douleur ou encore d’autres sujets de la santé mentale.

Que dire de la plume de l’autrice ? juste wahou, quelle beauté, quelle poésie, j’ai vraiment adoré ses mots. J’ai d’ailleurs relevé un nombre incalculable de citations, chaque page est marquée par la poésie de la plume de l’autrice.

Quand je l’embrasse, il me rend mon souffle. L’espace d’un instant, mon ciel s’éclaircit et au milieu de cette nuit sans fin, je vois la lune accompagnée de toutes ces étoiles.

Gros coup de cœur pour cette histoire que je ne suis pas près d’oublier. Une histoire avec la dépression pour thème principal. Un thème abordé avec beaucoup de justesse et de bienveillance, sans en faire trop, sans jugement. Tout est beau, tout est prenant, tout n’est qu’émotions. J’ai beaucoup aimé les personnages, ils sont tous les deux très attachants, deux âmes cabossées, que la vie n’a pas épargné qui vont se croiser et se trouver. Solveig englué dans la nuit, dans la noirceur, coincé avec cette pieuvre qui ne veut pas le lâcher et qui resserre ses tentacules. Diesel, le soleil de l’histoire, simple, naturel, bavard, débordant d’humour avec ces chemises loufoques. Une magnifique romance, réelle et touchante qui m’a fait sourire.C’est bouleversant, percutant, ça prend aux tripes. Mais l’autrice a su y mettre de l’amitié, de l’amour et de l’humour pour adoucir tout ça. C’est un livre que je vais garder en tête un moment, qui a su m’emporter dans un tourbillon d’émotions et que j’ai dévoré bien trop rapidement.

L’objet livre est également magnifique, de la couverture au jaspage en passant par l’intérieur avec les débuts de chapitres et les parties du livre. Plus je découvre Nox, plus je me dis qu’ils savent dénicher les pépites et surtout, le travail éditorial est incroyable.