Personne ne sait mon nom est un recueil de 13 textes, des essais, écrits entre 1954 et 1961, qui vient d’être réédité.
Le thème principal de cet ouvrage est le problème noir. James Baldwin l’aborde de plusieurs manières, soit en évoquant les relations entre Blancs et Noirs, soit en analysant le rôle des Noirs en Amérique. Pour étayer ses réflexions, l’écrivain utilise ses souvenirs de jeunesse à Harlem (« A Harlem, on hait les urbanistes. On les hait presque autant que les policiers, ce qui n’est pas peu dire. Et on les hait pour la même raison : tous révèlent, d’une manière insoutenable, la véritable attitude du monde blanc… ») ou son voyage, plus tard, dans les Etats du Sud (« La ségrégation est officieuse dans le Nord, officielle dans le Sud, différence cruciale qui cependant n’améliore en rien le sort de la plupart des Noirs du Nord. »)
Cette réflexion s’élargit quand il s’interroge sur la signification « d’être un Américain ? » qui l’amène à constater que « nous ne comprendrons jamais les Chinois et les paysans cubains tant que nous ne nous serons pas demandé qui nous sommes, et ce que nous faisons dans ce lieu solitaire. »
Autre thème, l’homosexualité, car Baldwin outre qu’il était né pauvre et Noir, était aussi homosexuel. C’est par le biais d’André Gide qu’il développe son propos, avant encore de l’élargir, « Le grand problème, c’est comment être – au sens le meilleur de ce mot aux multiples acceptions – un homme. »
Enfin, il est bien entendu aussi question de littérature et des écrivains, Faulkner, Hemingway etc. mais Baldwin s’attarde plus longuement sur Richard Wright et Norman Mailer, ses amis. Attention néanmoins, James Baldwin n’a pas sa langue dans sa poche et il n’hésite pas à lâcher ses appréciations pas toujours aimables, toujours à la recherche de la vérité.
« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément » pour citer Boileau. L’écriture de Baldwin est très claire, facile à lire, pulsée par une énergie quasi vitale et une vision pointue.