Les Escales – avril 2025 – 249 pages
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« Nous nous entendons tellement bien que je me sens en danger. J’ai envie de lui, d’être avec lui, de le toucher, de passer ma main sur sa nuque. C’est horrible. »
Harriet et Max ont vingt-deux ans lorsqu’ils se rencontrent à un mariage. Deux inadaptés sociaux. Qui n’ont absolument rien en commun à part leur solitude et leur différence. Qui promettent de se revoir dans dix ans si jamais ils sont toujours célibataires.
Dix ans plus tard, Harriet, toujours aussi misanthrope et solitaire, qui ne sort qu’avec des hommes qui s’appellent Clément, travaille dans la finance, rend régulièrement visite à son paternel en maison de retraite médicalisée. Les codes des relations humaines lui sont étrangers, elle se raccroche à la norme pour survivre. Quant à Max il a créé un restaurant qui s’appelle Périmé où on ne cuisine que des plats à base de produits périmés. Il méprise l’argent, ne voit ses parents que pour mieux les tenir à distance. Tout les sépare, ils n’ont rien en commun à part leur solitude. Ces « âmes soeurs de contradiction » se rencontrent à nouveau, cette fois dans la salle d’attente d’une psy.
La Tendresse des catastrophes est un roman drôle et cynique, aux situations absurdes à souhait, qui donne la part belle à la différence, qui décapite la norme à la hache. J’ai aimé cette histoire d’amour hors norme, entre une misanthrope et un asocial. Les phrases claquent comme des bombes chargées de vérité – celle qui appuie là où ça fait mal. « Le couple est une si belle invention : il nous arrache toutes celles et tous ceux avec qui on se forçait à être amis. » Il retourne la réalité à l’envers pour mieux révéler ses incohérences. Martin Page nous livre un roman d’amour qui casse et distord les codes du genre pour notre plus grand bonheur.
« Pourquoi les gens ne comprennent-ils pas qu’on les quitte ? Pourquoi ne se posent-ils pas plutôt la question de pourquoi on a été avec eux ? C’est ça le grand mystère pourtant, la chose surprenante : qu’on ait été ensemble. »