Titre : L’épouse allemande
Auteur : Kelly Rimmer
Édition : Charleston poche
Genre : Historique
Pages : 485
Parution : 16 mai 2025
Huntsville, Alabama, 1950.
Dans le bus qui la conduit vers sa future maison en Alabama, malgré la moiteur de l’air ambiant, Sofie von Meyer Rhodes a l’impression de respirer pour la première fois depuis des années.
Ses enfants blottis contre elle, elle entrevoit enfin la perspective d’une nouvelle vie, loin des conflits qui ont endeuillé son Allemagne bien-aimée.
Le gouvernement américain, qui a recruté son mari Jürgen pour travailler sur un nouveau programme spatial, leur promet un avenir meilleur, mais Sofie se heurte rapidement à l’hostilité de ses voisins. Car une question leur brûle tous les lèvres… Quelle relation la famille Rhodes a-t-elle entretenue avec le Reich ? Quand des rumeurs sur leurs liens avec le régime hitlérien se répandent, la tension monte… jusqu’au jour où un drame se produit, ébranlant toute la communauté. Inspiré d’une histoire vraie, l’incroyable récit d’une femme tiraillée entre ses convictions et son instinct maternel, de l’Allemagne nazie à l’Alabama de la guerre froide.
Ce livre est le troisième livre que je lis du Prix Charleston Poche 2025 (section étrangère).
Quand j’ai commencé ce livre, il m’a fait penser à un autre coup de cœur, La double vie de Dina Miller qui traite un peu du même sujet. Un des sujets principaux de cette histoire, c’est l’opération Paperclip, ces SS allemands exfiltrés discrètement aux États-Unis pour avancer sur la conquête spatiale.
Cette histoire est une histoire à double temporalité, nous commençons avec l’arrivée de Sofie et ses enfants en Alabama en 1950, mais nous retraçons également sa vie à partir des années. 30
C’est également une histoire à deux points de vue puisque nous suivons également l’histoire de Lizzie, une Américaine qui vit au même endroit que Sofie, leurs maris travaille ensemble.
Un destin croisé, deux femmes qui n’ont pas eu une vie facile et qui ont dû faire des choix.
J’avoue avoir eu une grosse préférence pour l’histoire de Sofie, j’ai eu un peu de mal avec Lizzie, je me suis même parfois demandé si son histoire avait vraiment un intérêt. À part le début de l’histoire où on se rend compte des difficultés des petits agriculteurs américains face à plusieurs années de sécheresse, je n’ai pas vraiment accroché au reste. J’aurais presque préféré que l’histoire soit centrée sur Sofie et son mari.
Chaque homme, chaque femme et chaque enfant touché par cette guerre est perdant.
Je lis beaucoup de livres sur la Seconde Guerre mondiale, mais je n’avais encore jamais lu un comme celui-ci. Ici, nous suivons des Allemands embarqués malgré eux dans cette histoire de nazisme. Des Allemands qui étaient contre la montée au pouvoir de Hitler, contre l’antisémitisme, contre la guerre mais qui n’ont pas eu d’autres choix que de suivre le mouvement.
L’autrice nous rappelle que la vie était nuancée, que certains Allemands n’avaient pas le choix, c’est ce qui m’a réellement bouleversé dans ce livre. Sofie et Jürgen sont vraiment contre tout ça, ils savent que Hitler est néfaste, mais que faire… Leurs enfants sont endoctrinés dès qu’ils mettent un pied à l’école. Jürgen ayant accepté un post pour le gouvernement, enfin, plutôt contraint d’accepter, ce poste, est surveillé, sur écoute. La Gestapo ne laisse rien passé, ils ne peuvent même pas communiquer et échanger comme ils le souhaitent. Sofie et son mari sont clairement pris en otage par le gouvernement alors qu’ils sont contre tout ce qu’ils font, mais ils sont pieds et poings liés face à ses atrocités commises par leur peuple. Sofie va devoir s’éloigner de celle qu’elle considère comme sa sœur, simplement parce qu’elle est juive, même ses propres enfants commencent à rejeter son amie à force d’entendre des horreurs à l’école.
Pour protéger leur famille, Sofie et Jürgen vont mener une double vie, prétendre soutenir le régime nazi tout en faisant leur possible pour aider le peuple juif. Pour ça, Sofie peut compter sur Adèle, la tante de Jürgen, elle aussi très investie contre tout ça.
On peut avoir plusieurs points de vue sur cette histoire, c’est d’ailleurs plus ou moins ce que l’autrice à chercher à faire, nous questionner, qu’aurions-nous fait à leur place ?
C’est ce que j’ai trouvé intéressant dans cette histoire et j’avoue être incapable de répondre à cette question. J’ai trouvé Sofie vraiment courageuse avec tout ce qu’elle a vécu, seule la plupart du temps pour élever ses trois enfants. Des enfants qui jouent à tuer des Juifs, des comportements qui la révulsent, mais elle ne peut rien dire sous peine de finir à la Gestapo.
La partie en Alabama est aussi intéressante, pour Sofie, c’est enfin une nouvelle vie qui commence, loin de Berlin. Mais là encore, les difficultés vont arriver bien vite. Elle va encore une fois avoir du mal à trouver sa place, entre les épouses américaines qui ne veulent pas se rapprocher des Allemandes et les Allemandes qui ne veulent pas se lier à la femme d’un ancien nazi. Finalement, leurs choix les poursuivent, quoi qu’ils fassent.
J’envoyais mon fils de neuf ans se livrer à des jeux de combat destinés à faire de lui un acolyte stupide de Hitler.
Je me suis vraiment attaché à Sofie, Jürgen, Adèle et Mayim, ils m’ont beaucoup touché, j’ai eu mal au cœur pour eux. Ils ont été embarqués contre leur volonté dans une guerre pleine de haine, de l’antisémitisme et de la violence. Ils ont tous subi ça de plein fouet, tentant de nager à contre-courant pour finir par devoir faire semblant pour se protéger.
C’est le premier livre de l’autrice que je lis, mais sans doute pas le dernier. J’ai beaucoup aimé la plume, les pistes de réflexion qu’elle propose et les faits historiques qui sont si bien romancés. Des personnages inspirés de gens qui ont réellement existé.
Ce ne sont pas toujours les arbres les plus forts qui résistent en cas de tempête. Et tu te retrouves au cœur d’un ouragan, mon trésor.
Un coup de cœur pour cette histoire qui ne m’a clairement pas laissé indifférente. Une histoire basée sur des faits historiques réels, inspirés par des personnes ayant vraiment existé. C’est une histoire qui nous amène à réfléchir, une histoire qui nous fait nous demander ce que nous aurions fait à la place des héros. Sofie et son mari ont été embarqués contre leur volonté dans le régime de Hitler. Pour se protéger eux et leurs enfants, ils ont fait semblant de croire aux idéaux du führer alors qu’ils n’ont jamais adhéré à ses idées, bien au contraire… Des personnages attachants qui ont fait des choix que certains comprendront, d’autres pas. Une histoire touchante et bouleversante dans laquelle j’ai été complètement happé. J’ai encore appris des choses sur les horreurs de cette guerre, ainsi que sur le projet paperclip que j’avais déjà retrouvé dans une de mes lectures. Un roman vrai, profond et humain.