Toutes nos promesses – Tonie Behar

Par Rowenabookine

Titre : Toutes nos promesses

Auteur : Tonie Behar

Édition : Charleston

Genre : Historique

Pages :  360

Parution :  17 avril 2025

Bettina fulmine ! Capucine, sa fille de treize ans, s’abreuve de vidéos TikTok qui prônent le grand retour de la femme au foyer façon ménagère des années cinquante. Un modèle aux antipodes des valeurs de Bettina, entrepreneuse moderne, à la tête de sa propre marque de bijoux et fraîchement séparée du père de ses enfants. Pour tenter de la raisonner, Bettina lui confie le livre d’Antoinette Dauzat, journaliste avant-gardiste et frondeuse de la Belle Époque, qui vécut dans le même immeuble qu’elles, au 19 bis, boulevard Montmartre, à Paris. Mais Capucine ne veut rien entendre. Prête à tout pour renouer le dialogue avec sa fille, Bettina va employer les grands moyens… quitte à mettre son image et sa boîte en péril !

De la Belle Époque à nos jours, des grands boulevards parisiens aux néons de Séoul, en passant par les marches du Festival de Cannes, ce roman drôle et savoureux nous entraîne dans une aventure trépidante où toutes les promesses seront tenues… ou pas.

Merci Tonie Behar et Charleston

Quelle joie de retrouver la plume de Tonie Behar et surtout de retourner du 19 bis Boulevard Montmartre.

Dans cette histoire, nous retournons donc cet immeuble bien connu des histoires de l’autrice. Cette fois, nous suivons Bettina, fraîchement séparée de son premier et seul amour, elle s’occupe de ses deux enfants, Martin et Capucine. Elle gère également d’une main de maître son entreprise de joaillerie avec sa meilleure amie Amanda. C’est avec sa fille Capucine que les ennuis commencent, cette dernière est en pleine adolescence, passe son temps à scroller sur TikTok et commence à suivre des influenceuses TradWife (des femmes prônant le retour de la femme au foyer, dévoué à leur mari et à leurs enfants). Tout le contraire de Bettina, qui elle, s’est séparée de son mari pour cette raison. Un conflit va naître entre la mère et la fille. En plus de tout ça, leur escapade à Cannes pour promouvoir leurs bijoux grâce à Sacha Volcan ( On n’empêche pas une étoile de briller ) ne va pas du tout se passer comme prévu…

En parallèle, nous suivons aussi l’histoire d’Antoinette Dauzat, une femme qui vivait dans à la fin des années 1800. Capucine et Bettina vont découvrir son histoire inspirante à travers un livre, celle qui habitait le même immeuble qu’elle et qui était un exemple.

Je soupirai, accablée, prisonnière des lois de la société qui œuvraient pour que nous, les femmes, restions assujetties au pouvoir des hommes.

Sans surprise, c’est encore un coup de cœur pour cette histoire. J’ai dévoré ce livre, j’ai adoré les sujets dont il traite et cette double temporalité.

D’ailleurs, je crois même avoir un peu préféré les parties sur l’histoire, l’histoire d’Antoinette Dauzat qui a vécu à une époque où les femmes n’avaient quasiment aucun droit. Pourtant, elle se fichait des codes, elle faisait ce dont elle avait envie, jeune fille, femme, mère, elle a toujours suivi ses envies autant que possible. Elle a fait partie du premier journal exclusivement féminin « La Fronde ». J’ai été complètement absorbé par son histoire, j’ai été très touchée par cette héroïne, ses combats, ses idées. La fin du livre d’Antoinette, m’a brisé le cœur, les larmes aux yeux et le cœur serré. Antoinette était une femme droite et loyale, même avec son mari qui pourtant avait des relations extra-conjugales bien particulières, elle ne l’a jamais laissé tomber quand il avait besoin d’elle.

Un peu comme Julien et Bettina finalement avec leur pacte Drogo si symbolique (la couverture prend tout son sens). Ils ont toujours été là l’un pour l’autre, dès qu’ils se sont vus pour la première fois, enfants, voisins, ils ont toujours tourné sur le même axe. Même séparé, Julien vient à la rescousse de Bettina alors que leur lien est devenu bien compliqué. On sent leur complicité, leur amour, leur lien si particulier. Malheureusement, la routine et la charge mentale ont tué leur couple. Un mauvais exemple que Julien a suivi en laissant tout à la charge de Bettina menaçant même son travail.

Bettina a la même force de caractère qu’Antoinette, toutes les deux veulent leur liberté, leur indépendance. Elles veulent l’égalité homme / femme, à des niveaux différents bien sûr selon l’époque dans laquelle elles vivent. Bettina a réussi dans sa vie pro, avec Amanda, elles ont monté une entreprise de joaillerie qui cartonne dans le monde entier. Elle s’est battue pour en arriver là, même quand elle devait en plus gérer les enfants et les tâches ménagères. C’est une femme dont on a envie de suivre l’exemple, une maman attentionnée et une femme d’affaires redoutable.

Bettina se demanda si Capucine et ses copines réalisaient combien ces conseils étaient dangereux car ce modèle « traditionnel » entraînait une dépendance économique qui donnait tout pouvoir aux hommes sur les femmes… un fléau contre lequel les féministes luttaient depuis des siècles.

Les femmes ont une grande place dans l’histoire, c’est même un des sujets principaux, c’est en tout cas celui que je retiens. Que ce soit à notre époque où dans les années 1800, c’est la place des femmes que l’autrice a choisie d’évoquer. Elle le fait avec brio, comme toujours, nous citant des femmes qui ont marqué l’histoire, comme Marguerite Durand, Claudette Colvin, Séverine et bien d’autres.

L’histoire est très présente dans le livre avec des faits marquants comme le procès d’Alfred Dreyfus et des personnes que l’on connaît tous comme Émile Zola, Georges Clemenceau… On voit tout le travail d’histoire fourni par Tonie Behar encore une fois et ça me passionne vraiment. J’adore apprendre des choses en lisant mes romans alors là, j’ai été comblée.

Un peu plus dans notre époque, l’autrice aborde également les réseaux sociaux. Tout ce qu’ils entraînent de positif, comme le compte de leur entreprise qui les fait connaître un peu partout. Mais surtout le négatif, les bad buzz qui remettent tout en jeu ou encore les influenceuses qui mettent des choses néfastes dans la tête des plus jeunes. Encore une fois, tout est très bien abordé et surtout très réaliste (ça fait un peu peur d’ailleurs).

Je me mis à écrire beaucoup et à réfléchir tout autant sur l’étrange condition de la femme, à la fois adorée pour sa beauté, sacralisée dans sa fonction de mère mais surtout exploitée et opprimée à tous les niveaux de la société, n’ayant pas plus de droits qu’une jument poulinière.

J’ai retrouvé avec grand plaisir le 19 bis, boulevard Montmartre, cet immeuble que j’aime retrouver, un peu comme quand on rentre chez soi. Cette fois, Tonie Behar nous parle des femmes, de droit, de liberté et de féminisme. Grâce à ses deux héroïnes, Bettina dans nos années et Antoinette dans les années 1800, l’autrice nous offre le portrait de deux femmes fortes et indépendantes, dans lesquelles nous pouvons nous retrouver, mais surtout que nous ne pouvons qu’admirer. Deux époques différentes, des problématiques différentes, mais deux héroïnes que j’ai adoré suivre. J’avoue avoir une petite préférence pour le côté historique avec l’histoire d’Antoinette qui m’a beaucoup touché. Par ce livre, l’autrice nous parle de faits historiques comme le procès d’Albert Dreyfus, nous voyons également apparaître des personnes bien connues, comme Émile Zola et Georges Clemenceau. Elle nous parle de beaucoup de choses dans ce livre, des femmes bien sûr, mais aussi d’antisémitisme, des dérives des réseaux sociaux et bien d’autres choses encore. Un livre plutôt féministe et très engagé, le genre de livre dont on a besoin encore à notre époque. Un livre que j’ai dévoré (beaucoup trop vite), des héros attachants, de vrais sujets, une double temporalité, bref cette histoire 19 bis, boulevard Montmartre à encore une fois conquis mon cœur. (Il faut maintenant que je sorte La chanson du rayon de lune de ma pal pour prolonger un peu cette histoire).