« Que diable allait-il faire dans cette galère ? » disait Molière qui n’avait pourtant pas lu ce bouquin et ne me connaissait pas.
Je ne vais pas chercher à résumer ces nouvelles, ce serait au-dessus de mes forces, tout au plus puis-je en indiquer quelques éléments, de peu d’importance en réalité, car ce serait comme dire que j’ai aperçu des planches éparses, des gilets de sauvetage ou le reste d’un canot chahuté par les flots impétueux de la tempête, sans jamais nommer le bateau qui a coulé.
Alors il y a dans ces textes, des Etats qui vendent leur langue à des sociétés privées, une époque où l’on pourra se faire dématérialiser pour intégrer le réseau informatique et vivre mieux, un sculpteur qui devient sa propre sculpture, une cité de phares où la lumière devient un langage, un scribe qui écrit le Livre ultime « qui ne pouvait dévoiler que la Vérité » etc. A part deux ou trois nouvelles à peu près compréhensibles dans leurs grandes lignes, je n’ai rien compris à ce que j’ai lu.
J’ai néanmoins une excuse, il me semble, ce n’est pas écrit en français ! Damasio utilise une langue qui lui est propre, une véritable expérience linguistique, un travail titanesque j’en conviens et accepte de l’inscrire à son crédit, pour explorer des questions philosophiques et sociales, tout en jouant avec le langage. Et pour jouer, il joue ! La langue est malaxée, explosée, un tsunami verbal qui renverse tout sur son passage, les néologismes abondent, la grammaire ne retrouve plus ses petits, les phrases sont déconstruites, bref je n’ai rien pigé à cette lecture. Pour illustrer mon propos, cet exemple, « Mon récit a déjà trop durera. » Ou celui-ci « Ca l’a veuglé d’un coup et il a tombé. ». J’arrête là, mon correcteur d’orthographe sous Word a déjà rendu l’âme.
Un bouquin très spécial où l’écrivain fait montre d’un travail énorme, tant sur la forme on l’a vu que sur le fond avec des idées philosophiques et une critique sociale féroce, abordant des thèmes comme la manipulation et la privatisation du langage, l’impact de la technologie sur la liberté individuelle et collective, la mémoire et l’identité etc. et il n’est pas interdit d’applaudir. Mais je ne poserai qu’une seule question, où est le plaisir de la lecture pour un type quelconque comme moi ?