Éditions Bourgois – mars 2025 – 196 pages
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Dans un Budapest sous la neige, on rencontre une femme au bout du rouleau ; Vera vient de quitter son mari, après avoir subi des violences physiques et verbales répétées. Avec ses deux filles en bas âge, elle se réfugie chez son père, en attendant de savoir ce qu’elle va bien pouvoir faire du reste de sa vie. À la recherche de nouveaux repères, d’un emploi aussi. À la recherche du mode d’emploi pour divorcer sans faire de dégâts. Elle peut compter sur le soutien de sa meilleure amie, Andi, qui l’appelle de longs moments. Et puis il y a Ivan, son ancien crush du lycée, qu’elle a retrouvé et avec qui elle a entamé une liaison il y a an.
Vera est une femme à bout de souffle, littéralement. Elle ne parvient plus à respirer correctement, comme si un poids s’était installé sur sa poitrine. Elle succombe aux crises d’angoisses répétées. Et nous, on ressent le manque d’air, l’étouffement qui la gagne tout au long du roman. C’est l’asphyxie de cette vie d’épouse dont elle ne parvient pas à se défaire, et cette vie de mère au sein de laquelle elle ne se sent pas à sa place. Un roman qui percute, sur la culpabilité, la violence, celle que la société patriarcale nous inflige, celle que l’on a intériorisé, celle qui se retourne contre nous.
« Parfois je m’imagine sauter à pieds joints sur son ventre et lui cogner la tête par terre sur le béton. Alors je me demande à qui j’en veux. Qui je tabasse à coups de pied jusqu’à lui faire perdre conscience. Je regarde mieux et je vois que c’est moi. Comment ai-je pu permettre cela ? Comment ai-je pu ne pas m’en rendre compte ? Le pire, c’est ce que j’éprouve en pensant à ce que je suis devenue avec lui. Une femme anxieude, au teint blafard. Qui n’a pas confiance en elle, qui ne sait pas ce qu’elle attend de la vie. »