Titre : L’écriture est une île
Auteur : Lorraine Fouchet
Édition : Pocket
Genre : Contemporain
Pages : 432
Parution : 3 avril 2025
Il paraît que toutes les histoires ont déjà été racontées. Alix refuse d’y croire. Elle est romancière et, pour son métier, elle a renoncé au reste. Un jour, elle accepte de partager sa passion lors d’un atelier d’écriture sur l’île de Groix. Si chacun des six participants pensait savoir pourquoi il se lançait dans l’aventure, celle-ci se révèle pleine de surprises. Ensemble, ils vont découvrir que le soleil peut se coucher à l’est, qu’une voix muselée une vie entière sait encore chanter, que l’amour vaut la peine d’être gueulé ou acclamé sur scène, et qu’il n’y a pas d’âge pour pardonner et recommencer. Réunis autour des mots qui les bouleversent, qui les habitent, qui les hantent ou qui les émeuvent, ils vont apprendre qu’écrire, c’est aussi écouter.
J’ai lu ce livre dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs Pocket 2025
C’est le livre que j’attendais le plus dans la sélection de ce prix (avec un autre) et clairement, je n’ai pas été déçue. C’est exactement le type de lecture que j’avais envie de lire et que j’attendais d’ailleurs de ce livre.
Dans cette histoire, direction Groix, comme toujours avec Lorraine Fouchet d’ailleurs. Nous suivons plusieurs personnages dans ce livre, tous les participants à un atelier d’écriture sur l’île. Cet atelier est mené par Alix, une romancière qui a déjà sorti de nombreux livres et qui marche plutôt bien. D’abord réticente à mener cet atelier, elle va finir par céder, c’est pour elle, un nouveau challenge.
Avant l’atelier, j’étais à l’abri, planquée entre mes pages. Cette île m’a projetée de force dans le monde réel.
Dans cet atelier, il y a Daniel, le doyen du haut de ses 86 ans, il revient sur l’île après de nombreuses années sans y avoir mis les pieds, pourtant Groix et lui, c’est une histoire forte et marquante… C’est sincèrement ce personnage qui m’a le plus marqué, c’est celui dont l’histoire de vie m’a fasciné et bouleversé. Sans lui, l’histoire n’aurait pas été pareille.
Lucchino, l’italien un peu particulier, plutôt aisé qui d’ailleurs ne partage pas le même hôtel que les autres. Lui a loué une villa immense. Mais Lucchino a beau avoir de l’argent, il a aussi beaucoup d’angoisse, quand il n’aperçoit pas la mer, il panique… J’avoue que ce personnage est sans doute celui que j’ai le moins apprécié, je ne me suis pas du tout attaché. Pourtant, il y a de vrais secrets derrière ce personnage, mais ça n’a pas pris avec moi malheureusement.
Napoléon alias Léon, petit acteur corse qui a déjà tourné quelques publicités. Son collègue et ami lui a donné un défi, monté sur scène pour un one man show, il a un an pour préparer son spectacle. C’est d’ailleurs ça qui le mène à l’atelier où il va prendre confiance pour pouvoir relever ce défi. C’est un héros plutôt attachant, j’ai aimé ses sentiments envers une autre personne du groupe et les efforts qu’il déploie pour le lui montrer. Léon est un héros attachant et romantique qui m’a parfois mis des étoiles dans les yeux.
Joanna et sa mère Mary, qui elle, techniquement, ne participe pas à l’atelier. Elles sont toutes les deux anglaises, étaient brocanteuse avant le Brexit. Depuis, elles sont en retraite et s’ennuient, Joanna ne lâche pas sa mère des yeux, pensant qu’elle perd un peu la tête. Mais ce voyage va lui prouver qu’elle a tort. Mary est toujours accompagné de Windsor son corgi qui la suit partout. J’ai beaucoup plus apprécié Mary que Joanna, elle m’a fait beaucoup rire, elle est tellement nature, fourre son nez un peu partout (pour le bien des autres), elle ne perd pas du tout la tête bien au contraire, elle est très observatrice, un peu comme Daniel, d’ailleurs ces deux-là vont très vite se lier d’amitié.
Cassandra est dans une phase de sa vie bien compliquée. Elle vient de comprendre qu’elle perd l’audition petit à petit, comme sa mère et sa grand-mère. Mais elle le garde pour elle, du coup, elle a démissionné et un mal entendu avec la mère de son ex l’a mené à la rupture. Elle ne sait pas trop pourquoi elle est là, elle avait besoin de changement. J’ai beaucoup aimé cette héroïne, elle m’a touchée, même si ses passages sont frustrants dans le livre, on ne comprend pas tout ce que les autres personnages disent, il y a des trous, alors j’imagine d’autant plus la complexité de sa vie en perdant un de ses sens. Ce détour à Groix dans sa vie, va la changer plus qu’elle n’aurait imaginé.
Arzur, le plus jeune de la troupe, il a vingt ans, un total look noir et une colère qui émane de lui. Il sait parfaitement pourquoi il est là, mais ça je vous laisse le découvrir. J’ai eu un peu de mal avec lui, je l’ai trouvé très dure, peu apte au pardon, un peu buté.
Et puis évidemment, Alix, celle qui mène l’atelier, la romancière qui ne s’attendait sûrement pas à voir toute sa vie remise en question par ce stage. Elle m’a beaucoup touché Alix, elle a fait des erreurs dans sa vie, des erreurs de jeunesse, elle pensait aimer sa vie entre écriture et dédicace, mais elle se rend compte qu’il lui manque peut-être quelque chose. Pendant son séjour à Groix, elle va remonter progressivement à la surface, à la réalité de la vie.
Le crayon à papier remplace le mât de mon voilier. L’écrivain est un navigateur qui fait souffler le vent et choisit les courants marins qu’il emprunte. L’écriture est mon île.
J’ai tellement aimé la plume de l’autrice, ça fait un moment que je ne l’avais pas lu, j’avais sans doute oublié à quel point je suis fan. C’est très doux, très tendre et surtout très poétique. J’ai trouvé que tout était poésie dans cette histoire. Je me suis laissé glisser au fil des pages, bercer par une plume comme je me serais fait bercer par la houle des vagues.
Il y a beaucoup de sujets abordés dans cette histoire, c’est normal avec tant de héros différents qui ont chacun leurs vécus, leurs doutes et leurs peines. Certains diraient qu’ils sont survolés, probablement, mais ça ne m’a pas dérangé pour une fois. J’ai trouvé que ça allait vraiment avec l’histoire, après tout, même avec ce qu’ils vivent, les héros étaient là pour l’atelier d’écriture.
J’ai trouvé l’atelier d’écriture très bien abordé, j’ai beaucoup aimé les exercices qu’Alix proposait, ça m’a donné envie de m’y coller aussi, alors je vais laisser le livre pas très loin, au cas où je me décide à moi aussi réaliser ces exercices. J’ai aimé voir la différence d’appréciation de chacun sur ces exercices. On peut dire que tous les sujets ont déjà été traités en littérature, mais Lorraine Fouchet nous rappel que personne ne voit les choses de la même façon, chaque écrit, chaque histoire, chaque plume est différente.
Il y a un sujet qui m’a marqué plus que les autres, celui de la Seconde Guerre mondiale… C’est un sujet qui m’intéresse beaucoup et dans cette lecture, j’ai appris un bout de l’histoire de ma région avec cet avion qui s’est craché sur Groix en 1942.
Je suis également ravie de retrouver ma Bretagne dans cette histoire, tout y est, nos paysages, nos traditions, passées et actuelles. Les expressions groisillone, la nourriture, l’ambiance, bref tout y est. Bon par contre, il va vraiment falloir que j’aille découvrir cette île que décrit si bien Lorraine Fouchet à chaque fois, c’est un endroit de chez moi que je n’ai pas encore exploré.
Un livre qu’on lit est un tapis volant qui transporte, un gros pull qui réchauffe, une épopée dans laquelle sauter à pieds joints et à cœur battant, les yeux écarquillés. Mais lorsqu’on l’écrit, c’est un grand huit dont on ne revient pas indemne. Les mots creusent profonds, cherchent les émotions, fouaillent la douleur, arrachent les pansements et mettent les plaies à nu. Écrire n’est pas une thérapie, mais ça ébranle les fondements, ce n’est pas anodin.
J’ai adoré cette escale à Groix dans l’atelier d’Alix aux côtés de toute cette ribambelle de personnages très différents. Certains m’ont touché plus que d’autres, comme Daniel, Mary ou Alix, d’autres un peu moins, mais ils ont tous leur place dans cette histoire. Ils nous prouvent qu’on peut être différent et former une entité, qu’on pense différemment, que jamais deux histoires ne seront similaires. C’est ce que nous rappelle l’autrice, même si tous les sujets ont déjà été traités dans la littérature, personne n’écrira la même chose, chacun est unique, chaque écrit est unique. J’ai aimé apprendre les failles, les blessures et les fêlures des héros, ils en ont tous, ce qui fait aborder beaucoup de sujets. Peut-être que pour certains, ils ne seront pas abordés assez en profondeur, mais moi, j’ai aimé cette façon de survoler les choses, ça apporte une certaine légèreté. Je me suis laissé glisser au fil des pages, bercer par une plume comme je me serais fait bercer par la houle des vagues. J’ai appris des choses sur l’histoire de ma région, j’ai aimé me promener à Groix, l’ambiance bretonne est encore très bien représentée. À force de lire les romans de Lorraine Fouchet, j’ai vraiment très envie de découvrir Groix, en attendant, je vous laisse découvrir cette belle histoire qui vous donnera peut-être envie d’écrire votre propre roman…