Démêlés avec la mort et le temps qui vient de paraître est un court roman qui ouvre le recueil Violations de frontières publié en 1951. Et c’est une belle curiosité ! Saluons tout d’abord le travail de l’éditeur, l’objet, par une astucieuse prolongation d’un élément de sa jaquette donne l’impression d’un livre dans un coffret. Quant au texte, en en exagérant les termes j’en conviens, je dirais que c’est un roman balançant entre le polar, le fantastique et le récit métaphysique. J’en suis le premier étonné, ne connaissant pas cet angle littéraire de l’écrivain.
Payelle, un vieil ami du narrateur jamais nommé (« nous étions de vieux amis, sans être des amis intimes ») vient de décéder. Quelques semaines plus tard, plusieurs incidents inexplicables, le mettent en présence du défunt, il l’aperçoit prenant l’autobus ou dans le métro… Il se confie à Cairon, un ami dans un ministère et tous deux enquêtent discrètement auprès des proches du défunt, sans résultat et dresse des hypothèses, un sosie etc. ?
Bien plus tard, notre narrateur fait la connaissance de Viriatte, « je suis, si vous voulez, un homme à visions », qui l’embringue dans des expériences insolites, tous deux partageant des rêves communs ou des déplacements d’objets inexpliqués en l’état des connaissances de la science, le narrateur servant de témoin objectif à ces phénomènes. Viriate va s’intéresser au cas « Payelle » et approfondir les recherches antérieurement menées par le narrateur…
Une lecture particulièrement plaisante car bien écrite dans une langue très simple, un rythme vivace, des personnages sympathiques et très sensés malgré des situations qui pourront agacer les esprits cartésiens. Mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas un roman « fantastique » cherchant à faire son effet, au contraire, devant des faits étonnants, nos acteurs cherchent des explications plausibles et mènent leur enquête avec rigueur et méthodologie. La fin reste ouverte bien entendu.